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La magie de l’automne

Scott Webb

Je sais, plusieurs n’acceptent pas la fin de l’été, pestent contre le temps qui file trop vite, le manque de temps et l’impression de ne pas avoir assez profité de la saison chaude. Mais rassurez-vous elle revient à chaque année, fidèle au poste.

Moi, j’adore l’automne, c’est ma saison préférée et je ne m’en cache pas. Les nuits fraîches, les petits matins brumeux, les oiseaux migratoires, les couleurs magnifiques qui illuminent nos forêts, les feux pour se réchauffer, les gros foulards… Je pourrais poursuivre ainsi longtemps.

C’est aussi la saison du cocooning, de la lecture emmitouflée dans une couverture, du chocolat chaud au retour d’une randonnée… C’est la saison des rapprochements, des séries télé en rafale, du confort des gros pulls… Mais surtout, des plats mijotés, des confitures maison et légumes marinés, des bonnes odeurs et des vins rouges réconfortants. Après s’être empiffré de salades et de vins blancs, on revient au réel comfort food avec grand plaisir.

La course à pied quand il fait frais donne une impression de légèreté. On ressent l’air dans ses poumons plus purifiant et notre corps se laisse porter au lieu de combattre la chaleur, il se tempère facilement et se déshydrate moins rapidement. Marcher en forêt se fait de façon plus lente et contemplative, comme si on savait que bientôt les arbres seront dépouillés et qu’on voulait en savourer chaque couleur et chaque odeur.

L’automne, c’est l’éloge de la lenteur à son meilleur, c’est la saison pour prendre son temps, pour habiter ses quartiers et relaxer. On peut entamer ce roman volumineux qui ne nous inspirait pas cet été, écouter un documentaire un peu triste, cuisiner des plats qui cuiront pendant plusieurs heures et réchaufferont la maison… Tout ce qui demande du temps est tout à coup pertinent. Après la légèreté de l’été, on a envie de profondeur,  de savourer chaque moment, de ralentir, de faire la grasse matinée.

Et c’est ce que je nous souhaite à tous, avant le tourbillon des fêtes et la rudesse de l’hiver. Faire le plein d’énergie saine, vivre le moment présent, imprégner les couleurs que la nature nous offrira pour pallier à la grisaille de la saison froide qu’on trouvera encore interminable. Le cycle des saisons nous surprend toujours, comme si on vivait dans un certain déni collectif.

Profitez-en pour aller aux pommes, elles seront savoureuses et c’est un contact avec la nature qui fait du bien à l’âme. Les vignobles, les marchés publics et la gentillesse de nos producteurs d’ici sont parfaits pour amener un peu de chaleur et de bien-être dans nos cœurs nostalgiques.

Savourez, humez et goûtez!

 

Photo : Unsplash | Scott Webb

Je vais bien

Elke Karin Lugert

Hier, je suis allée dans un endroit magnifique que j’adore et qui me procure bien-être et sérénité. Un parc régional simple sans chichis qui offre des sentiers faciles mais surtout un lieu de paix et qui permet de prendre contact avec la nature dès les premiers pas. J’y rejoignais mon amie Janie, une belle maman qui est dans ma vie depuis quelques années et qui a accueilli sa première fille dans sa ligne de garçon.

Pouvoir profiter de beaux moments comme celui-ci amène un sentiment de paix intérieure et de gratitude effervescent. Je remercie la vie d’être en mesure de le faire et je sais pertinemment que ce luxe que je me donne n’est pas possible pour tout le monde. J’ai travaillé fort pour y arriver et je savoure chaque minute de repos.

La question qu’on me pose le plus souvent est : quand recommences-tu à travailler? Et chaque fois je souris car ma réponse laisse souvent pantois : je ne sais pas et je ne veux pas le savoir. Je n’ai pas envie qu’on m’attende, je n’ai pas envie de m’engager, je veux sentir cette liberté aussi longtemps que possible, je veux choisir avec soin le nouveau mandat que j’accepterai mais surtout, je veux sentir que je suis bien avant de recommencer à travailler.

Je ne suis pas en burnout, ni en dépression, je ne fais ni mononucléose, ni une quelconque maladie. Je le dis car je sens parfois le jugement envers ma décision d’arrêter. Et je réalise à quel point ce n’est pas naturel de prendre un temps d’arrêt dans notre société surchargée et hyperactive.

J’aime ce rythme lent, à contre-courant, qui m’apaise et me fait réaliser à quel point je ne prenais pas soin de moi. Non pas que j’étais dans des abus excessifs ou dans une situation extrême mais l’effet de la lenteur et de l’horaire libre fait prendre conscience de toute la charge qu’on se met sur les épaules pour performer et tenir dans le moule sociétal imposé. Imposé par nous à la base, soit dit en passant. Car personne ne nous force en général, on s’y contraint car c’est ce qu’on nous a enseigné.

Dès un très jeune âge, on nous demande ce qu’on fera comme métier dans la vie, on montre aux jeunes filles à être belles, aux jeunes garçons à être forts, on nous met mille et un stéréotypes dans la tête, on nous dit que ça sera difficile quand on sera grand, d’en profiter pendant qu’on est jeune et libre.

Mais pourquoi est-ce qu’on s’inflige autant de stress et d’obligations? Pourquoi doit-on autant savoir ce qu’on veut faire de notre vie, s’investir corps et âme dans une carrière alors que ce n’est pas ce que nous sommes, ce n’est pas ce qui nous définit et qu’à l’adolescence on n’a absolument pas la maturité pour déterminer ce que sera le reste de notre vie? Il y a une certaine aberration dans cette façon de voir le monde à mes yeux…

Alors, rassurez-vous, je ne sais pas où je vais, je ne sais pas ce que je ferai mais je suis totalement à l’aise avec ce fait et je l’assume pleinement. J’ai décidé d’emprunter une route différente, celle qui mène à l’intérieur de soi. Je me choisis, consciemment, et c’est à mes yeux le plus bel investissement que je peux faire de ma vie.

 

Photo : Unsplash | Elke Karin Lugert

Être, consciemment

Swaraj Tiwari

Vous rappelez-vous comment on vivait il y a 20 ans? Avant l’Internet au bout des doigts, avant les réseaux sociaux, le cellulaire constamment allumé, la télévision sur demande, les pertes de temps sur Youtube et Facebook… Parfois, on dirait que c’est impossible à imaginer, que ça a toujours existé, depuis le début de l’humanité. Et pourtant…

Pourtant, l’humanité a déjà beaucoup plus communiqué, beaucoup plus échangé en vrai, concrètement. Aujourd’hui, beaucoup de gens ne se parle que via un écran, que ce soit par SMS, Messenger, Facetime quand ils ne sont pas trop timides et assez techno. On ne compte plus le nombre d’accidents causés par l’utilisation du cellulaire au volant, le nombre de distractions sur les trottoirs et dans des lieux publics. Vous regardez la foule dans le métro et tout le monde a le cou penché et le visage éclairé d’une teinte bleutée.

C’est triste mais en même temps, ça fait partie de l’époque. On peut pester et être en colère mais on peut aussi y réfléchir et se discipliner, être un peu à contre-courant. Lire un vrai livre au papier usé, admirer les paysages au volant, regarder les édifices quand on marche sur la rue. Et surtout, écouter, pleinement et consciemment, notre interlocuteur au lieu de se laisser distraire par les alertes sur notre téléphone. Je crois que c’est le volet qui m’agace le plus. Parler à quelqu’un qui se laisse interrompre dans sa concentration par ce foutu appareil. Et dire qu’il ne se considère pas comme esclave mais c’est que ce message est vraiment important…

Vraiment?

Qu’aurait fait cette personne il y a 20 ans? Rien. Elle n’aurait rien fait d’autre que d’écouter en savourant son café n’étant absolument pas au courant que quelque chose se déroulait pendant qu’elle était là, dans le moment présent. Ce fameux moment présent dont on vante les mérites comme s’il s’agissait d’un ultime but à atteindre alors qu’on ne fait que s’en éloigner avec tous nos gadgets perturbateurs.

Le moment présent, c’est non seulement être ici et maintenant mais c’est le vouloir. C’est être désireux de quitter ce monde virtuel, de ne pas se préoccuper de ce qui se déroule dans la blogosphère, dans ce monde imperceptible mais si imprégné dans nos vies. C’est être là, avec le vent, le bruit, la vie qui se déroule autour de nous. C’est sentir l’air entrer dans ses poumons quand on inspire et sortir, chaud, de nos narines, quand on expire.

C’est quand la dernière fois où vous avez porté attention à votre respiration? À votre corps, à ses tensions, à votre posture, à votre peau, vos cheveux, vos orteils… À votre corps tout entier dans ce monde, sur cette terre, à votre esprit que vous libéré de toute pensée…

Et si, au lieu de lire un énième post Facebook ce soir, vous preniez quelques minutes pour vous sentir dans ce monde, pour prendre conscience de votre corps, de votre souffle, de votre être… Mon petit doigt me dit que vous passerez une meilleure nuit. Je dis ça comme ça…

 

Photo : Unsplash | Swaraj Tiwari

La formule du bonheur

Kalen Emsley

Il y a maintenant près d’un mois que j’ai débuté mon programme d’entraînement qui est composé de course à pied et de musculation. Ma rencontre avec mon entraîneuse aura été, je le sais déjà, une des plus marquantes de ma vie jusqu’à maintenant. J’ai quelques perles comme celle-ci dans mon entourage outre mes amis : ma psy, mon ostéopathe, ma prof de yoga et maintenant mon entraîneuse.

Je crois que je l’ai déjà dit ici : je ne me suis jamais considérée comme une grande sportive. J’ai bien sûr fait du sport par ci par là, du vélo, du volleyball, je suis allée au gym à  maintes reprises pour toujours finir par abandonner au bout de quelques mois, blasée de voir cet environnement déprimant, de devoir prendre mon véhicule pour m’y rendre et de ne pas me sentir à ma place.

Depuis 4 ans, je pratique le yoga et j’ai senti un grand changement dans ma vie. Je me suis reconnectée avec mon corps, j’ai appris à comprendre ce qu’était le moment présent, je me sens mieux dans mon corps et mon esprit m’en remercie. Mais malgré cette avancée majeure dans mon existence, je sentais qu’il me manquait un élément et c’est celui de la santé physique. C’est bien beau être mieux connectée à son corps mais si celui-ci n’est pas tonifié et apte à faire face aux multiples facteurs de stress, j’allais continuer à gérer ma maladie de façon un peu aléatoire. L’alimentation est une grande portion de ma gestion mais je savais au fond de moi que ma forme physique ne participait pas positivement dans ce combat de tous les jours.

Et la vie à mis sur ma route cette femme merveilleuse et inspirante qui m’encourage et me motive dans ma progression. Car la progression est un facteur clé du succès d’une remise en forme. Longtemps j’ai tenté de courir par moi-même mais je m’y prenais mal et j’avais besoin d’être accompagné. J’ai ainsi débuté avec de petits intervalles, de courts moments de courses et de marche pour remettre mon corps sur les rails.

Et ce matin, après à peine quelques semaines, bousculées par un rhume, la maladie de mon chat et une prise de décision majeure d’arrêt volontaire de travailler, j’ai fait ce que j’aurais cru impossible il y a quelques temps.

5 min. de marche +
2x (8 min. de course + 2 min. de marche) +
5x (30 sec. de sprint + 1 min. de marche) +
5 min. de marche

En terminant cette course, je me sentais fière, je me sentais forte et surtout je me sentais vivante. Cette formule du bonheur a fait à mon corps plus que n’importe quel spa ou massage ne pourra jamais atteindre : elle m’a purifié. L’esprit, le corps, tout était clair, calme et bien.

Pour certains qui courent depuis longtemps, ça peut paraître anodin mais pour quelqu’un comme moi qui n’a pas couru depuis des lustres et qui n’a jamais été une grande sportive, ça représente un exploit. Et je crois qu’il n’y a rien au monde de plus gratifiant de sentir qu’on avance, qu’on est à la bonne place, qu’on a fait les bons choix et que ça paie.

Alors, je crois que j’ai trouvé réellement ma formule du bonheur, celle qui est faite pour moi, celle qui me rend heureuse et qui met un sourire dans mon visage (rougi par la course).

Et comme si la vie voulait me faire une blague, la dernière chanson que Spotify a décidé de faire jouer dans mes oreilles est : Help me run away!

Alors j’ai ri… Non je n’ai pas besoin de fuir, je n’ai pas besoin qu’on me sorte de l’ombre. J’ai trouvé ma façon à moi de rester dans la lumière.

 

Photo : Unsplash | Kalen Emsley

Être à contre-courant

Clem Onojeghuo

Comme j’en ai parlé récemment, je suis en congé, en pause professionnelle, en arrêt volontaire. Et je me sens étrange, comme décalée du reste du monde. Cette fin de semaine, je me sentais normale, comme tous les autres week-ends : un peu de ménage, du lavage, l’épicerie, un souper samedi… Mais ce matin, j’entendais les voitures démarrer et je savais que j’avais un immense privilège de ne pas aller dans le trafic pour pester contre les infrastructures et le transport en commun presque inexistant en périphérie de la grande ville.

Quand on décide de s’arrêter et de prendre son temps, les gens ne savent pas comment réagir. Certains se demandent si je suis malade, si je cache quelque chose… Rassurez-vous, j’ai toute ma tête et je ne me suis jamais sentie aussi bien! C’est justement pour me sentir bien que j’arrête, pour ne pas me surmener et pour donner à mon esprit un peu de légèreté et de futilité, pour cesser de le bourrer d’informations d’entreprise et d’informatique. Remplacer les analyses par des recettes de légumes frais, troquer le clavier pour un livre…

Je suis pleinement consciente que c’est un luxe que peu de gens peuvent se permettre mais je sais aussi que j’ai travaillé fort pour cela et que je le mérite. Je n’ai pas de plan concret, pas de date en tête pour la fin de ces vacances, ni de perspective officielle pour l’après. Et, alors qu’avant ça m’aurait terriblement angoissé, ça ne me dérange pas ni ne me crée de l’anxiété. Je me sens à ma place, je me sens paisible et en confiance et c’est un sentiment très euphorisant. Je ne sais pas où je vais et je ne veux pas le savoir. Pour la première fois de ma vie, ça m’est égal. L’important, c’est ici et maintenant.

Et mon cœur léger n’est sans doute pas incohérent avec l’état de santé de mon beau matou qui, contre toute attente, s’est remis à marcher, à manger et à ronronner… La vie nous réserve parfois des surprises insoupçonnées! Je ne me fais pas d’illusion, la cortisone est la seule responsable de ce regain et sachant qu’il n’a qu’un seul rein fonctionnel, je me doute que ce traitement ne pourra pas durer éternellement mais je profite d’autant plus de chaque minute avec lui, de chaque caresse, de chaque regard… Pouvoir être avec lui, le surveiller, le gâter, le cajoler et m’assurer de son confort et de son état me prouve encore une fois que rien n’arrive pour rien. Ma décision de prendre du temps pour moi se transforme en temps pour nous.

Avec ce changement de rythme et de réalité quotidienne viendra immanquablement un changement de ton. Je n’aurai plus autant d’anecdotes de métro ou de montées de lait contre le transport collectif déficient et c’est tant mieux. J’espère vous inspirer à prendre votre temps, ne serait-ce que quelques minutes par jour pour vous et pour personne d’autre. On passe notre vie à travailler et à courir sans trop se souvenir pourquoi on le fait. Pour la paie, oui je sais, mais outre cela, on ne se demande même plus si c’est ce que l’on veut réellement. Et c’est franchement triste de savoir qu’une majorité de gens dans la société ne font ce qu’ils font que pour un chèque au bout de la ligne.

Je demeure persuadée qu’il est possible de trouver un meilleur équilibre en tant que société et que collectivement, on est en mesure de faire changer les choses, pour le mieux. Car ça sert aussi à ça prendre son temps… Pour voir le monde, autrement.

Photo : Unsplash | Clem Onojeghuo