Vivre modestement

Jeffrey Wegrzyn

J’écoutais hier, en balado, l’émission Médium large qui présentait un échange sur certaines personnes qui ont réussi à prendre très jeunes leur retraite, voire à 40 ans. Sur leur page Facebook, j’y lisais en même temps les commentaires en réaction à cette diffusion et j’ai trouvé assez particulier de voir des gens les traiter de radins.

On a tous notre vision de la vie, notre niveau de confort minimal et notre interprétation du bonheur mais s’il y a une chose que l’on sait tous, à mon avis, c’est que l’argent ne fait pas le dit bonheur. On peut être riche comme Crésus mais foncièrement malheureux à l’intérieur de soi. Tout comme on connaît des gens qui vivent avec peu de moyens mais sont particulièrement lumineux et souriants.

C’est un objectif très noble de vouloir économiser pour pouvoir prendre sa retraite à un très jeune âge mais je me questionne tout de même sur un fait. Aujourd’hui, l’espérance de vie est de plus en plus longue et un retrait de la vie active à 40 ans peut représenter un peu moins de la moitié d’une vie. Est-ce vraiment souhaitable pour notre société, sachant que les études sont en bonne partie payées par nos impôts et que la vie active permet justement un retour du balancier?

Et il est à parier que la majorité des citoyens qui peinent à boucler leurs fins de mois soit un peu insultée par une telle proposition, ne sachant même pas si leur budget est réaliste pour survivre dans les prochains jours. Mais je trouve tout de même intéressante la réflexion générée par cette émission puisque notre rapport à l’argent m’apparaît quelque peu malsain par moment.

Ce que l’on qualifie de train de vie est bien souvent un gouffre qui gruge nos économies et ne nous procure qu’un plaisir éphémère. Mais si, de boire un bon café au restaurant chaque matin, de souper dans des lieux de haute gastronomie régulièrement, de rouler dans le véhicule de l’année et de porter des vêtements griffés représente votre conception de la vie dont vous rêvez, grand bien vous fasse. Il faut simplement être réaliste et ne pas s’attendre à prendre votre retraite sous peu selon moi…

Pendant des années, les vêtements symbolisaient pour moi une dépense justifiée étant donné mon travail de bureau, avec des clientèles diversifiées. Mais j’ai vite compris que l’habit ne fait pas le moine et surtout que VISA se régalait de mes envies impulsives de la mode de saison. Tout comme les sorties bien arrosées ou les activités mondaines ne m’ont pas apportées le bonheur attendu, les achats de guenille ne me procuraient aucun actif quantifiable.

Je crois qu’on doit évaluer notre relation à l’argent de manière objective et comprendre nos comportements pernicieux pour ensuite faire un plan de match réaliste en fonction de nos besoins. Je ne crois pas que de vivre dans la privation toute sa vie quand on aime se gâter un peu nous mènera à une retraite saine et paisible. Mais de prendre conscience de notre consommation et de ce qu’on tente de combler par le matériel est fort utile et bénéfique.

J’aime écouter de tels échanges qui provoquent une réflexion et des discussions. Avoir un coussin, ça procure une certaine paix d’esprit et je crois que c’est nécessaire pour pouvoir rêver et se sentir libre. Mais donner trop de place à l’argent et à l’épargne peut aussi devenir une obsession. Tout est une question d’équilibre, non?

« L’argent qu’on possède est l’instrument de la liberté; celui qu’on pourchasse est celui de la servitude. »

Jean-Jacques Rousseau

 

Photo : Unsplash | Jeffrey Wegrzyn

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