L’humain, avant tout

Faustin Tuyambaze

On entend beaucoup parler, dans l’actualité, de fusion de centres de services, d’optimisation, de centralisation, particulièrement dans le domaine de la santé, avec les « super » cliniques et les centres spécialisés. Ce matin, j’écoutais Gravel le matin, et on nous présentait le cas du CAP, le centre d’apprentissage personnalisé situé à Longueuil, qui est menacé de fermer, par la commission scolaire, pour une réorganisation de ses services et impliquant donc le transfert des élèves vers ses trois autres centres d’apprentissage pour adultes. Et je n’ai pu m’empêcher, malgré que ce ne soit pas du tout ma région, de vouloir signer la pétition pour empêcher cette fermeture…

Voyez-vous, je suis de ceux qui croient encore en l’humain, en l’individualité, au fait qu’on a tous notre style, notre façon d’apprendre, notre mode de pensée… Pour moi, chaque personne est unique et mérite qu’on lui donne toutes les chances de réussir. On le répète souvent : investir dans la réussite scolaire est beaucoup plus rentable à long terme car ces gens pour qui on met de l’énergie, ils deviennent des citoyens qui vont à leur tour s’impliquer, consommer, choisir et vivre dans une communauté.

Je déteste cette manie de vouloir mettre les gens dans un moule et quand j’entends centralisation, je m’imagine toujours une chaine de production, où tous les éléments sortent identiques, parfaitement alignés sur une table, avec le même défaut, avec les mêmes particularités. Mais l’humain n’est pas comme ça, il ne peut pas se fondre dans un cadre qui n’est pas le sien sans que cela ait un impact.

Les jeunes qui témoignaient ce matin avaient, dans leur parcours scolaire régulier, de grandes difficultés à s’adapter au cadre imposé et vivaient des échecs perpétuels. Ce cercle vicieux les a tous poussé à abandonner, à décrocher du chemin tracé pour eux. Ils ne se sentaient pas à leur place. Et tous ont, de façon unanime, eu une expérience incroyable à ce centre d’apprentissage puisque l’approche, comme son nom l’indique, est personnalisée. Cela signifie que l’on s’adapte à eux pour qu’ils apprennent les mêmes notions que les autres, à leur façon, à leur rythme, selon des méthodes qui leur ressemblent. Et surtout, ça devient comme une petite famille, on s’intéresse à eux, ils ne sont pas un dossier parmi tant d’autres…

Ce type de service est nécessaire et même primordial dans notre société afin que tous aient la même chance de réussir. Il n’y a pas qu’une seule façon d’apprendre et certains auront besoin de plus de temps, plus d’efforts et surtout que quelqu’un les accompagne de manière plus approfondie que la moyenne. Et tout cela est parfait ainsi, il ne faut pas juger ni tenter de contraindre. Le message était clair dans la bouche de ces jeunes ce matin : ça ne fonctionne pas d’essayer de les forcer à suivre un rythme qui n’est pas le leur.

Pourquoi ne peut-on pas respecter le fait qu’il y a des besoins différents, des formules distinctes, des personnalités variées? Pourquoi tenter de toujours standardiser, normaliser au point de rendre tout si lisse? Je crois que ce type de centre permet un accès incroyable à des services qu’il est impossible d’avoir dans une grande structure et se priver, collectivement, de cela revient à approuver un échec prévisible.

Je crois sincèrement que les petites ressources dans la communauté méritent autant que les grands centres de recevoir des fonds pour pouvoir continuer d’aider ceux qui le requièrent. Vouloir sauver 200 000$ ici coûtera des milliers de dollars ailleurs et ce n’est pas investir en l’humain. C’est encore une fois tenter de tout gérer qu’avec les chiffres, à court terme, avec des œillères et se mettre la tête dans le sable sur l’impact réel d’une telle décision.

Je le répète : chaque humain a le droit à sa chance, a le droit d’avoir des services et mérite qu’on investisse en lui. C’est cela vivre en société et chacun de nous, un jour ou l’autre, on a besoin de ces services sociaux. Si on en veut pour nous, on doit accepter que les autres en aient. Cessons de couper partout et investissons dans notre société, humainement.

Pour signer la pétition, c’est par ici.

 

Photo : Unsplash | Faustin Tuyambaze

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