Posts published on "octobre 2017" — Page 2

Être bien, pour soi

Cynthia Magana

Ces temps-ci, je suis constamment étonnée de voir à quel point les gens peuvent rester longtemps dans des situations qui les rendent malheureux. Et je sais que c’est parfois difficile de bouger, qu’on manque souvent d’énergie quand les événements nous en grugent la majorité, qu’on a peur du changement, qu’on préfère notre confort… Mais on oublie aussi qu’on a juste une vie et que de rester dans l’embarras, ça nous fait gaspiller du temps précieux à ne pas être heureux.

Trouver ce qui nous convient, être réellement bien dans sa vie, ça demande de se connaître et de réviser continuellement ses positions. Ce qu’on pensait l’année dernière n’est peut-être plus valide, ce qui nous convenait il y a quelques temps ne correspond possiblement plus à ce qu’on est devenu. Et il n’y a aucun mal à revoir nos priorités et préférences. Comme on dit : il n’y a que les fous qui ne changent pas d’idée.

Ça demande par contre une certaine dose de volonté et on n’a pas toujours le goût de vivre des bouleversements. Sauf que si on ne décide pas de le faire, des fois, la vie s’en chargera pour nous. Si on ne prend pas en main notre destinée, des fois, ce sont les autres qui le font à notre place et là, on peut être encore plus malheureux.

Quand on trouve son point d’équilibre, quand on détermine ce qui nous tient vraiment à cœur, nos valeurs profondes et ce qui nous nourrit, les décisions deviennent moins difficiles à prendre, comme si une ligne directrice permettait de trancher plus facilement. Si, pour vous, le respect est au cœur de votre vie, toute situation ou personne qui déroge de ça se verra écartée rapidement, sans grand questionnement.

Mais comme la vie va très vite et qu’on prend de moins en moins le temps de s’arrêter pour définir ses moteurs idéologiques, on se repose les mêmes questions, constamment. Je compare souvent cela à la mission et au positionnement d’une entreprise. Quand ceux-ci sont clairement définis, l’entreprise peut définir ses objectifs, son plan quinquennal et tout enlignement en fonction de ces bases. Quand ce n’est pas clair, les gestionnaires n’ont pas de direction claire et souvent, le chaos se vit au quotidien.

C’est la même chose dans nos vies personnelles. Nous sommes un peu comme une mini entreprise, avec divers départements et stratégies. Notre vision doit être précise et assumée pour que l’on puisse diriger nos actions et nos pensées de manière sentie et sans ambiguïté. C’est un exercice qui peut être ardu au début mais une fois qu’on l’a fait et qu’on a trouvé cette vision, tout devient plus claire.

Nos choix sont guidés par ce que nous sommes, rien ne nous est imposé réellement. Que ce soit en lien avec votre carrière, votre vie amoureuse, votre santé ou votre famille, tout s’aligne selon ce que vous êtes. Je ne crois pas que votre entourage soit composé de gens qui vous tapent sur les nerfs, que votre carrière vous déplait et que votre conjoint est votre pire ennemi. Ou si c’est le cas, j’ose croire que vous avez un plan pour changer les choses.

Mais pourquoi tolère-t-on des situations qui ne nous conviennent pas ? Par peur de froisser des gens ? Par peur des répercussions ? Qu’a-t-on réellement à perdre concrètement ? C’est souvent LA question à se poser qui nous fait prendre conscience qu’au fond, c’est moindre que ce qu’on subit en ce moment. Il suffit simplement de prendre le temps de s’arrêter et de se questionner, honnêtement.

 

Photo : Unsplash | Cynthia Magana

Savoir encore s’amuser

Jared Sluyter

Vous rappelez-vous de votre sentiment, enfant, quand vous arriviez en juin et saviez que les vacances approchaient à grands pas? Cette éternité sans routine ni devoirs, tout ce temps pour jouer dehors et s’amuser. Moi, je m’en souviens comme si c’était hier car mon esprit rêveur pouvait se laisser aller. Que ce soit pour aller au chalet, jouer dans le bois, flatter les animaux de ferme des voisins ou, plus tard, me prélasser dans mon lit et dévorer des romans, tout me faisait plaisir.

Quand je repense à cette sensation de liberté, je réalise que, quand on devient adulte, on perd un peu cette faculté. Comme si le quotidien, le travail, les engagements nous empêchaient de se détacher, de prendre du recul, de décrocher. Bien sûr, à moins que vous soyez dans le domaine de l’éducation, il y a de fortes chances que vous n’ayez pas les mêmes congés que les élèves mais je trouve que, de façon générale, on sous-estime le pouvoir des vacances. Non seulement leur pouvoir mais aussi leur nécessité, pour notre santé mentale et physique.

Savoir se reposer, savoir s’amuser comme on le faisait plus jeune, on l’oublie, on le tasse, on le dépriorise. On doit payer notre hypothèque, faire mille et une choses qui nous semblent tellement plus importantes. Et pourtant, si on s’épuise, si on n’arrive plus à avoir du plaisir, à rire, à se divertir, on ne peut tout simplement plus continuer notre vie comme avant. Ça devient pénible et ennuyeux.

Savoir s’amuser, savoir prendre du temps pour soi, c’est très important. On ne doit pas être trop sérieux dans la vie car celle-ci se charge bien souvent de nous confronter à la tristesse et aux coups durs. Quand ça va bien, on doit en profiter pour savourer chaque instant, pour se féliciter, pour s’aimer et se donner ce qu’on mérite. Je ne parle pas ici d’acheter des trucs, je parle de se donner de l’amour, des soins et surtout de s’accorder du temps pour faire ce qui nous rend heureux. Que ce soit peindre, courir, cuisiner, jardiner, lire ou tricoter, peu importe l’activité, on devrait mettre cela au centre de notre temps libre.

Cette notion de temps libre est aussi à évaluer. Je connais des gens qui me disent qu’ils n’en n’ont jamais, qui ne comprennent pas que je puisse prendre autant de temps dans mon horaire pour écrire sur ce blogue, pour aller courir, pour cuisiner… Mais j’ai choisi de mettre ces activités dans mon horaire de vie, j’ai consciemment fait le choix que je devais déplacer ou annuler des choses pour m’accorder ces moments à moi. J’ai engagé une femme de ménage pour pouvoir consacrer mes fins de semaine à me faire plaisir, j’ai décidé que je voulais travailler plus souvent de la maison pour pouvoir perdre moins de temps dans le trafic et ainsi avoir le temps de courir et faire mon yoga.

Je sais, certains me diront que c’est un luxe d’avoir une femme de ménage mais je suis convaincue que dans l’horaire de chacun, il y a des moments inutiles qui peuvent être mieux utilisés. Investir son temps sur ce qui compte vraiment, c’est un apprentissage qui doit se faire pour éviter de s’encrouter. Ça peut sembler cru mais venant de la part de quelqu’un qui a passé des années à écouter des séries à la télévision qui n’apportaient rien de bon, je sais de quoi je parle.

Quand on ne passe plus assez de temps à faire des activités qu’on aime, on finit par ne plus savoir ce qui nous plait et qui on est vraiment. Il m’a fallu réessayer plein de choses pour redécouvrir ce qui me convenait car on change, on évolue, on vieillit. Alors de se garder du temps et de l’énergie pour soi, ça permet de rester connecter avec notre enfant intérieur qui doit s’exprimer et s’amuser pour garder notre esprit libre et léger. C’est dans cette disposition d’esprit qu’on est à notre plein potentiel!

 

Photo : Unsplash | Jared Sluyter

Quand le pouvoir rend fou

MARK ADRIANE

Ce matin, difficile de ne pas en parler, de ne pas y penser, de l’éviter : le sujet est partout. Les agressions sont dénoncées, les victimes lèvent le voile sur leur secret trop longtemps gardé, la masse est troublante et dérangeante. Mais tout ce brouhaha est nécessaire, utile, salvateur, formateur. Car pour comprendre pourquoi ça perdure, il faut savoir, il faut nommer, il faut oser dénoncer.

J’ai lu des commentaires de toute sorte sur les réseaux sociaux et certains se plaignent du traitement violent que subissent messieurs Salvail et Rozon, sachant que beaucoup d’agresseurs moins connus sévissent en coulisse. Oui, c’est vrai qu’il n’y a pas qu’eux mais quand on se place dans une position de pouvoir aussi intense, quand on se pavane sur la place publique sans gêne en se croyant invincible, quand on se vante d’être au sommet, on dégringole sous les yeux de tous.

Tout agresseur se vaut en ce sens qu’il devrait être dénoncé et puni mais c’est parfois grâce aux histoires plus médiatisées que les victimes de l’ombre vont oser parler. C’est un mal nécessaire cette souffrance collective, ce choc brutal, cette prise de conscience monumentale. Non, ce n’est pas anodin, non ce n’est pas rare, non ce n’est pas exceptionnel. C’est courant, c’est vicieux et c’est présent dans tous les milieux.

Certains hommes déjà assoiffés de contrôle et de reconnaissance se retrouvent en position de pouvoir et perdent le contact avec la réalité, avec la loi, avec les limites de l’acceptable. Le pouvoir et l’argent, ça monte à la tête… Tous les dirigeants ou hommes en position de leadership ne sont pas des agresseurs, attention. Mais si, à la base, il y a un trouble, il risque d’être amplifié avec la position occupée.

Et c’est le cas des femmes aussi, ne l’oublions pas. L’horreur n’est pas réservée aux hommes, au contraire. Des abus de pouvoir, des dépassements de bornes, des comportements inadéquats, il y en a à tous les niveaux, chez tous les humains. Parce que, le dérapage peut survenir chez chaque être humain, qu’on se le dise. Si vous croyez être protégé de cela, être au-dessus de la mêlée, je vous invite à faire un petit examen de conscience. On a tous des choses à se reprocher…

Ne pas venir en aide à quelqu’un qui se fait agresser sous nos yeux, dans le métro, au travail ou ailleurs, c’est aussi participer à cette culture du viol. Cette expression que beaucoup détestent parce qu’elle fait mal et rend honteux est bel et bien pertinente dans notre société. Ce n’est pas que la personne qui se fait mettre la main aux fesses qui la vit, c’est tout le monde autour qui se tait et endure.

Collectivement, on doit se poser des questions, ensemble, on doit décider de changer et de faire cesser ce silence malaisant. Car c’est ensemble que nous sommes plus forts, c’est à plusieurs qu’on peut se défendre, s’affirmer haut et fort et avoir le poids nécessaire pour que l’ignorance cesse.

Certaines femmes connues dénoncent ce matin les comportements inadéquats qu’elles ont subis, témoignent du profond inconfort qui se vit. Mais chaque femme n’a pas le micro ou la plume pour le faire. Et l’éclat, le grand tourment ne doit pas tomber dans l’oubli. On doit poursuivre le combat et ne pas baisser les bras. On doit réfléchir à nos normes sociales, à ce qu’on se souhaite comme climat de vie. Non, c’est non. Mais au-delà de ça, il y a quoi?

 

Photo : Unsplash | MARK ADRIANE

La croisée des chemins

Kyle Glenn

Ce matin, je me suis réveillée en me disant que je pouvais décider du ton de ma journée. Le soleil n’était pas encore levé, le son de mon réveille-matin a retenti et j’ai un peu grogné, me disant qu’il était beaucoup trop tôt pour mettre fin à ce confort horizontal. Puis, au fur et à mesure que mon cerveau a repris contact avec la réalité, je me suis rappelée que j’avais cette chance inouïe de pouvoir travailler de la maison, que je n’avais pas à subir le trafic aujourd’hui, que je pouvais prendre mon café tranquillement, en lisant le journal et en écoutant la radio, sans pression ni précipitation.

En laissant mon esprit divaguer, j’ai constaté qu’on se trouvait toujours à des intersections dans la vie, qu’on avait toujours des choix à faire, des gros comme des minimes, avec un fort impact ou à peine une petite influence sur notre vie. Des fois, c’est simplement la fameuse question « qu’est-ce qu’on mange » qui survient mais à d’autres moments, c’est plus crucial, plus fondamental. Continue-t-on notre couple, est-ce que je garde mon emploi, ai-je envie de retourner aux études, d’avoir des enfants, de partir en voyage?

On passe notre vie à se questionner, à choisir, à décider. Tous ces Y de la vie nous force à nous définir, à assumer nos décisions, à parfois reculer, s’excuser, recommencer, reprendre sous un nouvel angle. Mais dans tout cela, on apprend et surtout, on est maître de notre destin. Décider de mettre fin à une relation malsaine, choisir de dénoncer un acte répréhensible, prendre acte d’un témoignage d’une personne abusée, c’est choisir de faire évoluer notre société. Et je souhaite sincèrement que, collectivement, on fera ce choix pour toutes les femmes et tous les hommes qui oseront révéler leur secret.

Mais, au-delà des situations difficiles, on a aussi des choix très joyeux dans nos vies. Hier, j’ai croisé pendant quelques secondes une femme surexcitée qui se confiait à son amie sur le fait que son copain lui a fait la grande demande, officiellement, le genou par terre, ce samedi. Elle a choisi de plonger dans cette aventure qu’est le mariage et je lui souhaite tout le bonheur du monde, sincèrement.

Je me suis dit qu’à travers leur parcours en duo, ils vont traverser quelques tempêtes et qu’il n’en tient qu’à eux de décider de la suite, de voir s’ils sont assez soudés pour se relever ensemble. Je les ai imaginés dans 10 ans, un ou deux bambins jouant par terre autour d’eux, dans une jolie maison paisible et empreinte d’amour. Et je me suis dit que sa décision, elle l’assume pleinement et déborde d’enthousiasme devant ce nouveau pan de vie qui débute.

Chaque jour, chaque semaine, chaque année, des choix sont pris et influencent notre route, notre personnalité, notre vie. On n’est pas toujours conscients des impacts ni d’à quel point une décision peut nous redéfinir pour toujours. Parfois, on tourne en rond sans s’en rendre compte, choisissant constamment les options qui demeurent dans la même lignée mais désirant secrètement changer de vie.

Ce sentiment de déjà vu, cette impression de revenir sur nos pas, de connaître cette intersection, on le vit tous un jour ou l’autre. L’important, c’est de s’arrêter et se demander, non pas ce qui nous a mené là, mais plutôt où on veut aller réellement. Tout avance si vite qu’on prend pour acquis qu’on le sait sans réviser sa position. Essayer une nouvelle trajectoire, c’est s’offrir un monde de possibilités. Souvent, on n’a rien à perdre et plutôt tout à gagner à changer d’air, voir du nouveau pays, se déstabiliser.

L’équilibre reviendra toujours car on a cette capacité de se refaire des repères facilement. Il faut simplement se faire confiance et accepter l’inconnu comme bienfaiteur. À l’intérieur de nous se cache une multitude de ressources qui nous permettent de faire face aux changements et révéleront des facettes magnifiques de notre personnalité que même nous ne soupçonnons pas. Laissons-nous surprendre par la vie pour dévoiler notre plus beau jour et découvrir à quel point le bonheur peut se trouver à la prochaine croisée des chemins.

 

Photo : Unsplash | Kyle Glenn

Le pouvoir de changer les choses

roya ann miller

Dernièrement, beaucoup de dénonciations de comportements inadéquats envers les femmes ont été faites. Des mouvements de fond, d’autres plus spontanés, des mots-clics, des longs textes et témoignages touchants, toutes les formes ont été vues et se valent. Mais derrière tout ça, on sent une culture du silence très troublante qui me dérange particulièrement. Ça prend souvent un événement majeur pour faire boule de neige et brasser la poussière assez pour que les plus timides osent s’exprimer.

Je trouve cela très triste de voir à quel point les femmes ne sont pas prises au sérieux quand elles dénoncent, mais aussi de voir perdurer cette attitude de « mononcle » trop souvent endurée, autant dans les milieux de travail que les familles. De la blague bien grasse à la main aux fesses, le moindre petit geste déplacé devrait être décrié et clairement invalidé. Affronter, s’affirmer, se respecter, prévenir, parler… Toutes des actions qui peuvent être difficiles à faire quand on subit une pression, quand la relation implique l’autorité de l’agresseur.

Être une femme ici, au Québec, c’est beaucoup plus facile qu’ailleurs, on va se le dire, mais reste qu’il y a tout de même des comportements inadéquats qu’on ne doit pas balayer sous le tapis. Taire ce qui n’est pas acceptable, c’est aussi participer un peu au problème. Je ne veux pas victimiser des personnes déjà fragilisées et j’ai moi-même gardé sous silence des commentaires désagréables et sexistes qui m’ont été dits dans le passé. Mais aujourd’hui, j’ai compris que ce n’était pas la meilleure façon de faire et que j’ai peut-être permis à la personne en faute de continuer son manège.

Suis-je d’accord avec tous les mouvements et la façon de s’exprimer sur les réseaux sociaux des victimes ? Pas toujours et malheureusement, balancer sa haine et sa colère ne remplacera jamais une thérapie et un travail de fond. Le problème et la blessure demeurent malgré qu’ils soient rendus publics. J’imagine que ça peut débuter le processus de guérison mais ma crainte est que la victime continue de souffrir en silence une fois la parade passée.

Je n’ai aucune solution concrète à fournir ni de grands concepts révolutionnaires sur le sujet. Mais, en tant que femme et citoyenne, je sens un besoin de parler, de dire et de nommer les choses afin qu’au moins, celles qui n’osent pas parler se sentent soutenues. Personne n’est obligé de déclarer haut et fort ce qui lui est arrivé. Mais de parler à un proche, une amie, un membre de la famille en qui on a confiance, ça peut déjà procurer un soulagement. La priorité n’est pas toujours de répliquer mais plutôt de se respecter et de réfléchir sur ses propres limites personnelles.

Quand on laisse une personne aller trop loin envers nous, on doit se questionner sur les raisons qui ont faites qu’on a permis cela. La faute est sur l’agresseur certes mais je crois que si on veut éviter de devenir une victime récurrente, il faut s’armer des bons outils, de réflexes solides et de radars à problèmes bien aiguisés. On l’apprend parfois à la dure, trop tard, de manière très souffrante mais au moins, avec ces incidents, ça laisse des marques qui deviennent des barèmes pour comprendre ce qui ne nous convient pas. Ce n’est absolument pas nécessaire de vivre cela mais parfois, ça prend ça.

Alors la seule chose que je peux vous dire c’est d’apprendre à vous connaître, à vous aimer, à vous respecter, à vous écouter et de bien vous entourer. On n’est jamais à l’abri de situations fâcheuses mais de pouvoir les traverser avec des gens qui nous aiment et nous soutiennent aide à mieux rebondir et éviter que cela se reproduise, pour nous et pour d’autres victimes éventuelles.

 

Photo : Unsplash | roya ann miller