La liberté d’être soi

Jens Lindne

Dans La Presse+ ce matin, un article m’a fait sourire, tant par son contenu que par ce qu’il amène comme réflexion. Le sujet, affiché d’emblée dans le titre, Le choix des cheveux blancs, m’a tout de suite interpellée. En effet, j’ai, dans mon entourage, plusieurs femmes fières porteuses de leur grisaille capillaire bien assumée et j’entends aussi quelques autres se demander quand elles oseront emboîter le pas.

Pour ceux et celles qui ne me connaissent pas personnellement, je suis châtain clair de nature alors même si le gris tente lentement de prendre sa place dans ma chevelure, c’est loin d’être flagrant. Seul mon coiffeur est bien au fait de cette situation. Mais, dès mon jeune âge, j’ai toujours beaucoup aimé les cheveux blancs. Ma grand-mère maternelle arborait d’ailleurs une belle tignasse assumée.

Mais pendant longtemps, notre société nous a conditionné à vouloir avoir l’air jeune et en santé, et cette mascarade impliquait la tricherie au niveau des cheveux. L’industrie de la teinture s’enrichit de notre désir de ne pas vieillir et d’entretenir notre image intemporelle. Pourtant, le temps fait son œuvre et tout le monde finit par avoir des cheveux gris, à quelques exceptions près. L’assumer sur soi semble toutefois être une étape importante dans une vie.

Je me suis toujours dit, qu’un jour, je vais me couper les cheveux très courts et cesser d’ajouter des mèches blondes dans ma crinière. Mon petit côté radical et fonceuse me servira bien à quelque chose de positif! Mais je sais aussi que pour plusieurs, c’est un point de non-retour, un échelon psychologique troublant car le gris s’associe inévitablement à la vieillesse dans leur esprit.

Dans l’article, une femme raconte que son mari n’était pas près à la voir en gris, puisqu’il accolait à la couleur une notion d’âge avancé. Pourtant, le blanc et le gris peuvent mettre en valeur les traits d’une personne. Comme le raconte Sophie Fontanel, une des plus grandes ambassadrices du cheveu blanc assumé, cette couleur attire la lumière et prend tous les reflets. Il est d’ailleurs facile d’y ajouter quelques mèches colorées si on désire y mettre un peu de punch et sa touche personnelle.

Je suis très heureuse de cette tendance au naturel qui se dessine, tant au niveau capillaire que dans les rondeurs affichées dans les magazines, le maquillage qui s’adoucit et les tailles basses ingrates qui disparaissent. Après une phase dans le milieu de la mode qui prônait l’artifice et l’exagération, j’ai l’impression qu’on tend vers un style plus individuel, où chacun peut s’arranger comme il le veut, sans être jugé ou pointé du doigt. La liberté d’expression dans l’image est enfin à nos portes.

Être belle, ça ne se résume pas à un vêtement ou une couleur de cheveux. C’est dans la tête, dans l’âme, dans le cœur que ça se passe. Ce qu’on dégage est beaucoup plus révélateur que ce qu’on porte. Souvent, les gens qu’on a le plus envie de côtoyer sont ceux qui s’acceptent totalement. Et si je vous demandais ce que cette personne portait lors de votre dernière rencontre, il y a fort à parier que vous en n’avez aucun souvenir.

Bref, je vous invite à lire cet article, à y réfléchir et à vous demander où vous vous situez par rapport à cette image que l’on projette et que l’on soigne, parfois un peu trop. Se préoccuper à outrance de son apparence, ça rend souvent difficile le bien-être intérieur, sorte de dichotomie irréconciliable. Et personnellement, je préfère être bien dans ma tête que d’être considérée comme une carte de mode. Car la mode, elle passe très vite alors que le bonheur, il s’entretient, se nourrit, se partage et peut devenir, exponentiel. Mais tout cela, c’est un choix personnel ?

 

Photo : Unsplash | Jens Lindne

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