Être touche-à-tout

Andrew Neel

Hier, après mes intenses péripéties de toit qui coule et de chat adopté hautement allergène, je suis tombée sur cet article du Devoir qui explique un nouveau phénomène qui me fait hautement plaisir de découvrir : les slasheurs. On pourrait le traduire par « pluri-travailleurs » ou travailleurs-caméléons. Et, ce qui me rend particulièrement heureuse de cette découverte, c’est que j’ai enfin un nom pour mon syndrome du multitâche!

J’en ai parlé à quelques reprises ici et mes proches me connaissent assez pour savoir que je suis consultante pour une raison fondamentale : j’aime le changement. Ce n’est pas juste que je le tolère mais je l’embrasse allègrement ou comme dirait mon amie, je le french à grande bouche! Me plonger dans un nouveau contexte, découvrir un milieu d’affaires inexploré, c’est comme aller à la ronde pour certains : exaltant et euphorisant.

Mais j’avais toujours cette impression d’être jugée sur mon envie de bouger constamment, confrontant les autres dans leur besoin de stabilité et de repères absolus. Pourtant, avec les années, j’ai constaté que les entreprises bénéficient grandement de l’expérience des gens qui ont vu les autres façons de faire, méthodes de gestion différentes et facteurs de succès ayant faits leurs preuves.

J’ai occupé différentes positions dans les entreprises qui m’ont mandatée et j’ai pu côtoyer d’excellents gestionnaires qui ont su avoir l’ouverture d’esprit nécessaire pour profiter au maximum de mon expertise. Mais, dans d’autres cas, j’ai vu des gens faire preuve d’une résistance à toute épreuve. Chacun ses forces comme on dit!

Bref, aujourd’hui, j’ai un nom sur mon statut et je suis bien heureuse de découvrir une communauté qui, comme moi, butine d’un projet à l’autre sans gêne et sans complexe. Les allergiques à la permanence qui assument cet état de fait deviennent des mines d’or pour les entreprises qui aspirent à évoluer rapidement. Et ces compagnies qui démontrent une flexibilité peuvent aussi garder dans leurs rangs des ressources essentielles qui désirent poursuivre leurs projets personnels grâce à un horaire diminué, voire un temps partiel.

À quand une société qui défait les carcans et qui se concentre sur les forces des gens plutôt que sur des descriptions de poste contraignantes? Plutôt que de se focaliser sur une case à remplir à 100%, pourquoi ne pas plutôt ouvrir ses horizons pour accueillir des profils atypiques? Avec une pénurie de main-d’œuvre dans certains milieux, j’ai l’impression qu’on devra assurément tendre vers cette façon de faire. Mais au lieu d’attendre d’être acculé au pied du mur, il serait peut-être intéressant de ratisser plus large dès maintenant.

Apprendre à se connaître, ça permet de savoir ce qu’on vaut et ce qu’on veut. Et ainsi, on peut définir plus précisément ce qu’on a à offrir et la position qui nous convient le mieux. Un jour, je crois que tout le monde ne sera qu’un humain dans une banque de ressource, sans attache ni contrat de travail. Et peut-être que rendu là, on pourra enfin voir éclore des talents cachés, débarrassés de leurs chaînes et leurs contraintes.

Je vous invite à lire l’article en question et à vous questionner sur votre propre relation avec le travail, les conditions et les impacts que tout cela a sur votre qualité de vie. Parfois, quand on prend le temps de se positionner à partir de ses propres valeurs, on réalise qu’on n’est pas si heureux. Et c’est à partir de là que les plus belles transformations surviennent.

 

Photo : Unsplash | Andrew Neel

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