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Se réinventer

laura adai

Pendant des mois, on a entendu les gestionnaires clamer qu’avec la pandémie, il fallait se réinventer, s’adapter. Les artistes ont crié haut et fort qu’ils en avaient marre qu’on leur demande de s’ajuster avec cette impression de devoir couper, altérer leur art. Les gens de plusieurs industries ont souffert gravement, par le manque de ressources financières et maintenant par le manque de main d’œuvre.

Mais, humainement, individuellement, la réinvention a été plus sournoise. Pour certaines personnes, la pandémie a été vécue comme un long passage à vide, sans grand bouleversement. Dans l’attente constante de la reprise des activités, ceux-ci ont seulement pris une pause et espère le retour à la normale. Pour d’autres en revanche ce fût un grand chamboulement dans leurs certitudes, une occasion de remettre en question la routine et les repères.

Ni l’une ni l’autre des attitudes n’est absolue et chacun trouvera son compte et son équilibre dans cette période étrange et instable. Il n’y a pas un seul modèle de réaction et encore moins une voie unique à suivre. Il faut toutefois avouer qu’il arrive rarement dans une vie qu’on vive collectivement un tel séisme, il serait dommage de se mettre la tête dans le sable si on sent poindre un désir de changement.

Ce matin, en lisant La Presse+, l’histoire de Pascale Picard m’a interpelé. Après moultes tentatives pour occuper son esprit créatif, elle a finalement repris le chemin des études pour parfaire son expertise et ses connaissances dans le domaine de la radio. Ayant déjà eu une courte expérience en la matière, elle a profité de cette pause imposée pour retourner sur les bancs d’école.

Pas toujours facile quand on doit composer avec la vie familiale et une différence d’âge importante avec le reste des étudiants mais ce fût très bénéfique pour elle. Ça m’a alors fait réfléchir à combien de personnes ont fait un tel saut, ont saisi le taureau par les cornes pour réaliser un vieux rêve enfoui ou encore pour s’interroger et sonder son intérieur à la recherche ses désirs profonds jusque-là ignorés.

Je suis convaincue que, comme dans toute épreuve, beaucoup de bon ressortira de cette situation. Des gens auront trouvé une nouvelle vocation, d’autres auront fait le pas restant vers une transition de carrière déjà en cours, et plusieurs auront revu leurs valeurs, leurs principes de vie jusque-là tenus pour acquis.

On n’a qu’à penser au télétravail qui ne disparaîtra pas de sitôt ainsi qu’aux habitudes de vie (alimentation, sport…) qui ont forcément dû changer avec la fermeture des restaurants et des salles de sport. Beaucoup ont eu besoin d’un exutoire et se sont mis à la course ou au vélo, ayant plus de temps que jamais pour eux. J’ai vu beaucoup de famille s’organiser des sorties pour briser la routine du travail/étude devant l’écran.

Et je n’ai jamais vu autant de potager dans les cours, de gens qui se sont mis à cuisiner pour passer le temps, de réalisations personnelles allant du tricot au dessin, à la peinture ou aux cabanes d’oiseaux. Comme si on prenait tout à coup conscience de ce rythme effréné qui nous brimait de ces moments créatifs et apaisants.

Je souhaite sincèrement qu’on continue de se réinventer à petits pas, à prendre le pouls du bonheur qui émerge quand on prend soin de soi, qu’on s’écoute et qu’on ralentit. Nul besoin de changer de carrière ou de pays; on a seulement besoin de lever le nez de nos écrans et de respirer un grand coup. Parce qu’on va se le dire : on est heureux d’être en vie.

Photo : Unsplash \ laura adai

Vivre avec l’incertitude

Mulyadi

Depuis plus d’un an maintenant, nous vivons dans l’incertitude. Celle de la fin de cette pandémie, celle des impacts sociaux de ce grand bouleversement, celle du futur qui se dessine différent, celle des séquelles qui nous perdureront au-delà du déconfinement. On a dû travailler notre tolérance, notre patience et notre capacité d’adaptation.

Dernièrement, j’ai eu droit à un nouveau soubresaut dans ma vie personnelle. Je me suis blessée au genou, assez sévèrement, ce qui a eu comme impact de freiner complètement ma pratique du sport. Et comme pour moi la course est directement reliée à mon équilibre, autant mental que physique, j’ai vécu durement cette nouvelle perte de contrôle.

On tient pour acquis notre santé, on s’en est vite rendu compte avec cette foutue pandémie. Mais comme je suis double vaccinée et que j’ai réussi à me sauver de cette maladie, je me sentais plus libre et confiante. Malheureusement la vie nous ramène parfois la réalité en pleine face, de façon assez brutale. Après des mois de privation, je revenais à la case départ…

Après la crainte de devoir me faire opérer et d’avoir plusieurs semaines, voire mois, de convalescence et réhabilitation, j’étais assez déprimée et frustrée de cette embûche s’ajoutant au lot. Heureusement, ou peut-être miraculeusement, je pourrai éviter l’opération. Quelques semaines de guérison et d’activité minimale me permettront de me remettre sur pied et de reprendre tranquillement mes activités.

Malgré cette bonne nouvelle, je sens que ma capacité de patience s’amenuise. Car après une année particulièrement mouvementée, je me sens plus à cran, moins tolérante au changement. J’ai réalisé que c’était humain et normal d’avoir besoin de retrouver liberté et spontanéité et qu’un quelconque frein à mon élan me cause des soucis.

La vie nous met souvent à l’épreuve pour nous apprendre des choses, comme des leçons et exercices. On pratique nos réactions, notre capacité à gérer le tout, comme un test pour voir si on a progressé dans notre cheminement. J’essaie de le voir comme ça, pour donner un sens à ces moments peu agréables.

Sinon, on peut facilement tomber dans la spirale négative et voir du noir partout. Je me dis que je dois apprendre à ralentir, à ne pas vouloir tout contrôler, à accepter que tout ne se déroule pas toujours comme je le voudrais. Et qu’après tout, dans ma vie, je suis chanceuse dans mes malchances. Comme on dit, ça aurait pu être pire…

J’ose croire que les prochains mois, et surtout l’année 2022, seront plus sereins et nous permettront de retomber sur nos pattes, de retrouver nos repères et de mettre à profit ces apprentissages forcés. Ce moment imposé de ralentissement dans ma vie me fait réaliser à quel point le sport a pris une place prépondérante et cruciale dans ma routine. Faut bien que ça serve à quelque chose au fond!

Le plus ironique, c’est que c’est en essayant un nouveau sport que je me suis blessée… En voulant faire sortir le méchant, j’ai croisé le fer avec la douleur. L’importance de la course à pied m’est apparue comme majeure pour mon équilibre de vie. Ça m’assure une stabilité, par les efforts physiques, le tonus, la sécrétion d’hormones et l’effet de dépassement de soi que ça procure.

On dit souvent que c’est quand on est privé de quelque chose qu’on en mesure la pertinence. Je le vis intensément en ce moment et je sais que lorsque je serai apte à recommencer à pratiquer mon sport, je savourerai ce moment encore plus intensément. Et si cela signifie de me restreindre et ne pas essayer d’autres activités, je vivrai bien avec cela.

Et vous, avez-vous découvert ce qui primait dans votre vie et dont vous avez été privé? Est-ce que la pandémie ou d’autres situations ont testé votre capacité d’adaptation?

Photo : Unsplash \ Mulyadi

Un vent de liberté

Frank Vessia

Avec le déconfinement qui nous permet de sortir un peu plus et de voir notre monde, je m’autorise ces temps-ci plus de rencontres, plus de découvertes et surtout plus de liberté. Pas que je me défonce ou que j’enfreins les règles allègrement, mais je ressens un besoin de sortir de ma coquille, après tout ce temps enfermée chez-moi et privée de contacts humains.

Autant j’ai envie de voir du monde, autant j’apprécie et je savoure mes moments calmes à la maison, à pouvoir lire un livre sur ma terrasse, en savourant un rosé bio ou en écoutant de la musique, sans but précis. Quand je croise des amis ou de la famille, je profite de chaque minute au contact des miens, comme si je refaisais le plein.

Avec cette période trouble que nous avons vécue et qui n’est malheureusement pas encore terminée (demeurons prudents svp), on retrouve des plaisirs enfouis, on redécouvre nos joies simples et nos petits bonheurs. C’est l’avantage des grands bouleversements; ils nous font prendre conscience de la valeur de ce qu’on tenait pour acquis.

La spontanéité est sans aucun doute une des caractéristiques qui nous a fait le plus défaut dans les derniers mois. Pouvoir, sur un coup de tête ou une envie soudaine, aller prendre un verre avec un ami, casser la croûte sur le pouce ou partir en voiture pour découvrir un vignoble, était chose impossible. Mais revenir à cette réalité n’est pas une mince affaire. Nos réflexes ne sont plus aussi aiguisés mais surtout, cette peur, cette crainte d’un ennemi invisible qu’on a eu bien présente dans le cerveau s’accroche.

On doit se purifier, s’exorciser de cette tension qui a trop duré dans nos vies. Sortir le méchant, retrouver notre légèreté, rire à gorge déployée (car avouez que les gouttelettes nous ont fait peur pendant longtemps)! On en a sans doute pour des semaines à devoir réapprendre à vivre sans craindre le moindre objet contaminé tant on s’est fait tremper dans le Purell pendant longtemps.

Mais la question que plusieurs se posent : veut-on vraiment revenir à la vie d’avant? Le métro-boulot-dodo, le trafic, les embouteillages, la course folle… Ça vous manque vraiment? Pas moi… Mais vraiment pas! Juste aller à un rendez-vous à Montréal en voiture me tire du jus en ce moment alors je ne m’imagine pas retourner au centre-ville régulièrement. Et je sais que je ne suis pas la seule.

Je comprends que les parents de jeunes enfants ont hâte de retrouver une routine saine et d’envoyer la marmaille à l’école. Mais n’y a-t-il pas des modèles à revoir, des priorités à repenser, des façons de gérer tout ce chaos de façon plus saine? Le fameux présentiel a clairement été écarté et personne n’en est mort. Pourtant, pendant des années, les gens se sont épuisés à s’obliger une présence physique dans les bureaux. On sait maintenant que la distance ne crée pas tant de remous et que bon nombre de travailleurs sont même plus efficaces de la maison.

J’espère sincèrement que nos modèles seront revus, tant pour notre santé mentale que pour le bien de la planète. On a fait grand bruit des animaux qui reprenaient leur droit dans certains coins urbains soudainement abandonnés par les humains. On en a bien ri mais c’est révélateur de certains aspects incohérents de nos vies. Et parfois, je me demande qui agit le plus comme un animal car on ressemble parfois à du bétail, tous entassés dans nos cubicules gris…

L’ère de l’aire ouverte semble en péril, c’est ce que j’entendais ce matin à la radio. Personnellement, retourner dans un monde cloisonné ne me tente pas du tout. Je préfère hautement le confort de mon foyer, le début de journée beaucoup plus zen de chez-moi, le chant des oiseaux me procurant une mélodie réconfortante.

Chacun aura son rythme, chacun trouvera ses repères. L’important, je crois, est de se respecter et de ne pas mettre de pression. Avec la pénurie de personnel qui fait rage dans plusieurs milieux de travail, les contraintes trop sévères auront de toute façon un impact majeur sur le taux de roulement. Soyons flexibles, soyons agiles et ouvrons notre esprit à de nouvelles façons de faire. C’est une opportunité qui s’offre à nous, saisissons-la au passage!

Mais d’ici là… Bon été!

Photo : Unsplash \ Frank Vessia

Priorité : bonheur

La vie nous fait vivre des hauts et des bas, des épreuves et des moments de pur bonheur… Tout le monde a ses difficultés et on ne doit surtout pas se comparer dans nos situations. L’herbe a souvent l’air plus verte chez le voisin et comme on dit, on ne peut pas se mettre dans les souliers de l’autre puisqu’on n’a pas la même réalité, le même bagage, les mêmes réflexes basés sur une histoire de vie très personnelle.

Chose certaine, c’est souvent quand on est confronté à ses propres limites qu’on découvre notre force et notre résilience. Quand tout coule et va bien, on se ressource. Et lorsque la vague arrive, on n’a d’autre choix que de faire face et d’assumer, de se centrer et s’enraciner pour demeurer solide et serein. Et c’est souvent dans les moments difficiles qu’on découvre nos amis chers, nos piliers, nos Jedis du support!

Avec l’arrivée du beau temps et le déconfinement, on peut maintenant recommencer à voir nos proches, sortir le bout de son nez pour refaire le tour de notre jardin. C’est presque étrange de sortir de sa coquille après tant de mois à craindre la maladie. Et pour certains, l’anxiété et le stress engendrés par cette pandémie ont créé une fragilité mentale sévère. Il sera d’autant plus important de prendre soin les uns des autres, d’être à l’écoute et de prendre le temps de se parler.

Pour ma part, les derniers mois ont été houleux et propices à beaucoup de réflexions. Le beau temps me ramène à mes priorités : ma santé, mentale et physique, et la redécouverte de mes passions et intérêts. Que ce soit la cuisine ou la lecture, le jardinage ou la course, tout reprend sa place, comme ça devrait l’être. Me reconnecter, refaire mes racines plus profondes et plus solides sont mes priorités.

Quand je vois les gens se masser dans les parcs et s’énerver en groupe, je me sens bien divisée. Oui, l’envie de voir des gens est présente mais je ne me sens pas encore pleinement prête à retrouver cette frénésie. La lenteur et le calme des derniers mois m’ont fait réaliser à quel point j’ai besoin de cette plénitude et ce retrait de la vie mouvementée. J’ai toujours aimé voir du monde mais on dirait que depuis quelques temps, je préconise les « one on one », les rencontres plus intimes et plus centrées. Prendre le thé avec une amie et se raconter, s’écouter, se confier, me semble plus salutaire que de faire le party avec des dizaines de personnes.

Encore là, c’est ma réalité. Je comprends que pour certains, surtout les plus jeunes, le plaisir d’être parmi une foule peut être bénéfique. Le comprendre ne signifie assurément pas l’adopter. Chacun son style et respectons-nous dans nos limites.

Pour cet été particulier où on retrouvera de vieux réflexes et d’anciennes habitudes, j’ai envie de me poser, de rester chez-moi et de simplement apprécier mon cocon. Pour certains, ça peut paraître paradoxal étant donné qu’on est confiné depuis si longtemps mais le faire par choix et non par obligation revêt une aura de bonheur à mes yeux. Préparer un repas pour des invités, prendre un verre avec une amie ou la famille, jardiner, bouquiner ou simplement respirer… Tant d’activités qui contribueront à mon bonheur et à ma paix intérieure.

Après tout ce stress et ce chaos, je nous souhaite sincèrement du plaisir, à la hauteur de nos attentes et nos ambitions. Pour une portion de la population, ce sera de partir à l’aventure alors que pour une autre part, ce sera de simplement profiter de la vie, des rayons chauds du soleil et de la beauté environnante.

C’est ce qui est beau de la vie, cette variété de styles et de personnalités. On est comme on est. Et on doit s’aimer ainsi. Profitons de cette épreuve collective pour se redéfinir et se concentrer sur l’essentiel : le bonheur.

Photo : Unsplash \ Elijah Hiett

Le droit de prendre ça cool

Willian Justen de Vasconcellos

Depuis plusieurs années, plus précisément depuis que le téléphone intelligent est devenu une extension de la main de l’homme, on se sent constamment sollicité et empressé de répondre au moindre message qui entre. Mais avec la pandémie qui nous fait travailler de la maison et réduit considérablement nos déplacements, il semble que cette pression d’être joignable a pris plus d’ampleur.

Les « innovations » technologiques et le nombre grandissant de modes de communication offerts font en sorte qu’on peut se sentir coupable de ne pas avoir vu un message, ou de ne pas y avoir répondu. Certaines personnes se sentent irritées par le fait de ne pas avoir de réponse rapide à un message alors qu’on a tous le droit de prendre le temps de réfléchir, de prendre du recul ou simplement de ne pas être constamment en train de vérifier si on a tenté de nous joindre.

Pour avoir déjà fait face à des remontrances de la part de quelqu’un qui n’avait pas eu un retour dans l’heure à un message, à mes yeux, anodin, je me suis souvent questionnée sur cette propension à vouloir une réaction immédiate. La spontanéité c’est bien mais on ne peut pas exiger des gens de notre entourage d’être constamment disponible.

Il n’y a pas si longtemps, on n’avait pas ces moyens rapides de communication et je ne crois pas qu’on en souffrait. Alors pourquoi aujourd’hui devait-on être si alerte? Ne perd-on pas le contact avec le moment présent et avec la réalité qui nous entoure en étant constamment connecté avec ce qui se passe ailleurs?

J’ai tendance à penser qu’on peut devenir vite esclave de ces appareils, captif de ces notifications perturbantes. On interprète notre non-réaction de façon négative alors que se concentrer sur ce qui se passe dans le réel me semble nettement plus prioritaire. Mais il n’y a pas de normes sociales, de standards et de compréhension commune de la signification d’un comportement.

Notre réactivité diffère de celle des autres et même parfois selon le contexte; il devient donc nécessaire de faire une mise au point à ce sujet afin de gérer les attentes et d’éviter des conflits. C’est dommage d’avoir à régir cela mais notre bien-être passe parfois par des clarifications. Comme dans tout, tenir pour acquis une personne et ses habitudes ne fait que créer de l’insatisfaction.

Et il faut se rappeler une chose : notre vie est remplie d’activités et de moments, prévisibles ou non. Certains événements nous amènent à changer nos habitudes, tout comme certains choix apportent des ajustements. Décider consciemment d’être moins « branché » à son appareil, c’est très sain mais ça doit possiblement être communiqué si on avait l’habitude d’être très réactif.

Finalement, on revient à l’importance de la fameuse communication. Se parler, nommer les choses, faire en sorte d’être écouté et compris dans nos besoins, ça évite bien des accrochages. Dans notre vie professionnelle tout comme dans notre vie personnelle, nous avons cette responsabilité d’évaluer nos interactions et de (re)définir nos limites lorsque nécessaire.

Mais rappelez-vous d’une chose : ce n’est pas parce que quelqu’un vous appelle ou vous écrit que vous avez l’obligation d’arrêter ce que vous faites pour lui répondre immédiatement. Le droit à cette liberté demeurera au-delà de tous les outils mis en place dans ce monde. Moi j’appelle ça le droit de prendre ça cool…

Photo : Unsplash – Willian Justen de Vasconcellos