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La saison du gris

Das Sasha

L’automne qui s’installe confortablement, le changement d’heure et le givre sur la voiture sont des signes incontestés d’une longue saison qui s’annonce. Celle de la langueur hivernale ou comme dirait ma psy, celle où ma tête et mon corps rêvent d’être ailleurs. Je fais partie des gens qui souffrent de dépression saisonnière. En d’autres termes, je déprime et je manque de lumière. Et c’est un cercle vicieux qui fait que je n’ai pas envie de sortir et donc je ne prends pas assez de soleil et d’air pur et donc je déprime encore plus.

Je vous écris cela comme si c’était simple : 1+1=2. Mais un beau matin je me lève et c’est fini, je n’ai plus envie de faire d’efforts, je n’ai plus le goût de me geler le bout du nez, je suis en carence de chaleur et la sécheresse du chauffage m’irrite, pas juste la peau.

Hier, Mitsou a publié son coming out de AA sur son site : Angoissés Automnaux. Elle l’a fait car elle a longtemps pensé qu’elle était seule à vivre cela et qu’il y a beaucoup de jugement concernant cet état qui revient malheureusement aussi religieusement que les oiseaux qui migrent vers le sud. Quand, comme elle et moi, on n’aime pas l’hiver, qu’on ne fait pas de ski, on se retrouve souvent seule pendant que les autres, joyeux et guillerets, profites des « joies » de l’hiver.

Pour nous, c’est la grisaille en permanence, c’est la lourdeur et le décompte des jours restants à être prises dans un tourbillon qui se termine au printemps. Mais heureusement, des gentils ingénieurs ont développé la lampe de luminothérapie et il semble que ce soit réellement efficace. Du moins, toutes celles que je connais qui ont tenté l’expérience m’ont dit voir des résultats encourageants au bout de quelques jours seulement! Pas mal plus rapide qu’une pilule qui prend 2 mois avant de faire effet…

Je vais surement l’essayer car ces jours-ci, je sens que la morosité prend ses aises et tire la couverture de son bord. Et tout comme la belle Mitsou, je vais me trouver des activités d’ensoleillement intérieur pour me changer les idées et ne pas rester prise dans mon état second. La couture, le bricolage, la peinture… Peu importe, tant que mon esprit oublie pendant quelques temps que dehors, c’est froid et que le soleil se couche avant que j’aie terminé de souper.

Prendre soin de soi, ça veut aussi dire accepter ces petites failles et conditions particulières qui exigent des ajustements par moment. J’ai passé des années à vivre dans le déni et à trouver toutes les défaites possibles à cette dépression passagère pour finalement donner raison à ma psy et dire tout haut : je pense que je souffre de dépression saisonnière. Juste de le dire, ça m’a enlevé un poids. On dit souvent que la première étape dans un cheminement est de prendre conscience de l’existence du problème.

De l’écrire noir sur blanc ce matin ne peut pas être plus clair! Et à lire plusieurs personnes de mon entourage « ne t’en fais pas si je ne donne pas beaucoup de nouvelles ces temps-ci, je suis un peu dans ma bulle », je crois que je peux affirmer que je ne suis pas la seule à vivre cela.

Alors, on s’accepte et on se gâte pendant les prochains mois pour faire en sorte que ça soit moins pénible, ok? Et arrêtons d’en être gênés, c’est comme ça et c’est tout. Tentons plutôt de trouver des solutions et je suis convaincue qu’on arrivera au printemps plus vite qu’on le croyait 😉

 

Photo : Unsplash | Das Sasha

L’équilibre pour soi

Jon Flobrant

De nos jours, on parle beaucoup du zéro-déchet, ce mode de consommation qui consiste à limiter le plus possible ce qui résulte de notre consommation : emballages, pots, résidus et autres. On lit et s’insurge sur la quantité de pesticides que l’on ingèrent si on ne consomme pas bio, on tente de réparer au lieu de remplacer ce qui se brise, on stresse sur notre choix de transport entre le taxi, Téo, Uber, le métro… Entre les régimes pour maigrir et ceux pour être un citoyen responsable, le compostage, la réutilisation, l’achat local et toutes les modes qui s’inventent et s’éteignent, on ne sait plus où donner de la tête.

Je suis une personne qui lit et s’informe beaucoup à la base et ayant eu un diagnostic de maladie de Crohn, j’ai dû ajuster mon alimentation, faire beaucoup d’essai-erreur, et parfois changer ma perception des choses. J’essaie d’être une citoyenne avisée, d’aller au-delà des idées préconçues et de réfléchir avant d’agir. Et je n’ai pas d’enfant. Alors je me demande parfois comment les jeunes familles font pour y arriver! J’ai que ça à faire et par moment, je suis étourdie par toute l’offre sur le marché.

Est-ce moi ou on n’a jamais autant parlé de notre consommation? C’est une excellente chose en soi mais comme on dit, trop c’est comme pas assez… Le végane, le paléo, le bio, le re-use, les moches, le zéro-déchet… Et ce n’est que la pointe de l’iceberg. Pour quelqu’un qui est un minimum angoissé, manger peut devenir une source de stress rien qu’à devoir choisir ce qui nous convient.

Après avoir consommé de l’information à outrance depuis quelques semaines, j’ai réalisé qu’au-delà de toutes ces tendances, il ne faut surtout pas oublier qui on est et y aller avec notre cœur. Sans vouloir tomber dans l’ésotérisme, je crois qu’on est toujours le mieux placer pour choisir ce qui nous plait et rien ne nous oblige à adopter religieusement un mode de vie à 100%. Je n’ai jamais aimé les recettes toutes faites qu’on applique sans réfléchir, que ce soit dans mon travail ou ma vie personnelle et on dirait que ce principe a été mis de côté depuis le début de mes recherches.

Et aujourd’hui, j’ai décidé de revenir à la source, à ce que j’aime, à ce que je ressens et ce qui me tente. Je ne suis ni végétarienne, ni végane, ni paléo ni rien en fait. Je suis moi, je mange ce qui me tente en fonction de mes envies. Bien entendu, je respecte et accepte mes limites mais l’idée de me priver de quelque chose qui ne cadre pas dans une tendance est exclus puisque que rien ni personne ne m’imposera quoi que ce soit.

Je pense sincèrement qu’on doit s’écouter dans la vie et honorer le simple fait d’être là, en santé et capable de faire des choix. On a tous nos difficultés, nos petits bobos, notre histoire et je ne vois pas comment un même modèle pourrait correspondre à un groupe de gens uniques. Chaque corps, chaque système est singulier et exceptionnel en soi alors de vouloir suivre le même régime que son voisin me semble une utopie. Les goûts, ça ne se discute pas, non?

Bref, là où je veux en venir, c’est soyons nous-mêmes et cessons de trop vouloir suivre les tendances et les modes du moment. Mangez des pâtes et des patates si ça vous chante et si ça fait partie de votre équilibre. Acceptez ce que vous êtes, trouvez l’harmonie et vous serez sans doute plus heureux qu’en vous conformant à un style aliénant.

Be yourself and be proud!

 

Photo : Unsplash | Jon Flobrant

La grande mascarade

Aranxa Esteve

Ce matin, j’ai adoré l’intervention de Vincent Gratton à l’émission Gravel le matin. Période de montées de lait assez massive, il s’est prononcé sur son aversion pour les galas qui imposent à une majorité de gens de défoncer leur maigre budget en éléments superficiels pour aller parader devant leurs pairs.

Je ne veux pas m’étirer sur le sujet de l’intimidation vécue par l’artiste Safia Nolin, je me suis déjà prononcée sur le sujet. Mais dans notre société fière et belle, n’est-on pas capable de passer outre l’habillement d’une personne et l’image qu’elle projette pour s’intéresser à ce qu’elle a à nous offrir, au fond de sa pensée?

Si tout le monde doit toujours être beau, bien mis et propret, personne ne sort du lot et on a l’air d’une bande de moutons. J’aime ça moi ceux qui détonnent et affichent leurs couleurs, qui disent tout haut ce que les autres se chuchotent dans leur salon de peur d’être jugés, ceux qui prennent à gauche quand tout le monde va à droite en rang bien serré…

Dernièrement, je regardais un épisode de la touchante émission Mitsou et Léa qui portait en partie sur une dame qui a, à mon souvenir, 15 enfants. Certains biologiques, d’autres, adoptés. Pour beaucoup, ce sont des enfants ayant des handicaps ou certains retards, des autistes ou des enfants qui, dans leur pays d’origine, n’auraient pas survécu. Et cette dame généreuse et dévouée disait : encore aujourd’hui, beaucoup de gens considèrent les handicapés comme n’étant pas des humains à part entière. Comme s’ils ne valaient pas autant que les gens qualifiés de « normaux » (et voyez ici les guillemets immenses).

Le parallèle peut sembler boiteux mais j’en ai marre de cette norme imposée, de ce moule dans lequel on devrait cadrer de peur d’être critiqué, jugé, catalogué et rejeté. Avec la présence malsaine des réseaux sociaux aujourd’hui, les gens se permettent de vomir sur les autres comme jamais. Ce qui avant se déroulait dans une cour d’école est amplifié par la facilité de se cacher derrière son écran et un faux nom pour déverser son mal-être sur celui ou celle qui ose être authentique et différent.

Je crois qu’on a beaucoup de leçons à tirer de toutes ces situations délicates misent en lumière dernièrement. En tant que peuple, en tant que citoyen, dans quel monde désirons-nous vivre? Comment voulons-nous que nos enfants et nos proches soient reçus dans ce monde qui nous entoure? Voulons-nous que chacun puisse s’exprimer, par des mots autant que par son image, en fonction de ce qu’il est réellement et au plus profond de lui-même ou plutôt qu’il se fonde dans un gabarit préparé d’avance pour éviter toute possibilité de conflit?

Est-ce qu’on désire des petits soldats obéissants dans cette grande mascarade qu’est la vie en société, qui marchent au pas et qui se conforment sans broncher ou si nous ne préférons pas plutôt une sincérité exprimée, une authenticité et une créativité débordantes qui colorent nos vies et ajoutent de la fantaisie? Moi je sais ce que je veux et je suis totalement prête à l’assumer… Et vous?

 

Photo : Unsplash | Aranxa Esteve

Quand le jugement fait mal

Igor Ovsyannykov

Depuis dimanche soir, je me suis retenue d’écrire sur le traitement réservé à la chanteuse Safia Nolin sur les réseaux sociaux. Je tournais ma langue comme on dit, de peur d’exploser inutilement et férocement. Mais si on n’en parle pas et qu’on ne fait pas contrepoids aux vacheries qui déferlent sur Facebook et Twitter, les mauvaises langues auront plus de pouvoir. Le pouvoir sale des mots crus qui s’écrivent sans trop réfléchir derrière un écran et un surnom virtuel…

Mettons une chose au clair en partant : je ne suis pas la plus grande fan finie de Safia Nolin, j’aime sa musique quoique je la trouve un peu déprimante. Mais la qualité de ses textes est indéniable et ce n’est pas parce que ce n’est pas exactement le style de musique que j’écoute dans ma voiture actuellement que je vais dénigrer son travail.

Mais quand je lis Lise Ravary, qui a quand même été rédactrice en chef d’un magazine dit féministe, Châtelaine pour ne pas le nommer, écrit sur Facebook « Si Safia Nolin est une icône féministe, je rends ma carte de membre », désolée mais là, je ne peux plus me retenir. Pas que je considère Mme Ravary comme un référence mais elle a une certaine influence et je trouve son jugement faible et déplacé.

Cette jeune femme au parcours atypique en a bavé pendant longtemps et de tout son cœur nous offre son talent d’auteure et de chanteuse pour nous livrer du vrai, du vécu et de la pureté. Et parce qu’elle a refusé de se déguiser pour aller au Gala qui met en valeur le TALENT, on la juge? On peut peut-être se dire qu’un petit effort aurait été apprécié mais de là à écrire sur Twitter « Faque la découverte de l’année 2016 à l’ADISQ est un gros truc de vidange? », il y a des maudites limites.

Le respect est passé où, bordel? Désolée mes chers amis, mais si on est rendu à juger un artiste sur son linge, on s’en va nulle part! Et c’est drôle car combien d’hommes ont porté des jeans pour aller chercher leur prix depuis des années sans qu’on en fasse un cas? On n’a pas vu les yeux de Jean Leloup alors que les bonnes manières auraient indiqué de retirer son couvre-chef mais ça, ce n’est pas pareil, ein?

Non je n’ai pas trouvé particulièrement chic l’habillement de Safia mais je m’en contre-fiche de ce qu’elle décide de porter, le matin, le midi ou dans un gala! Et à voir les robes parfois outrageuses portées par des artistes, j’aime mieux le t-shirt de Gerry Boulet, grande vedette de notre culture, pour représenter l’industrie musicale en déclin.

Cette jeune artiste débute dans ce métier difficile et je ne suis pas certaine qu’elle ait les moyens de se payer une robe qu’elle ne reportera jamais et qui ne la représente pas du tout. Alors pourquoi aurait-elle fait ce sacrifice? Pour plaire? Ce n’est tout simplement pas dans son style et je la respecte énormément d’avoir eu le courage de s’affirmer, d’être elle-même et de faire fi des conventions guindées et superficielles de cette industrie.

Demandons-nous plutôt comment on peut agir pour sauvegarder notre belle chanson québécoise qui se meurt dans l’océan de streaming pervers au lieu de juger les gens sur un bout de tissu… C’était ma montée de lait de novembre. Je ne suis pas toujours aussi acerbe mais là, y faut ce qu’il faut. Chapeau Safia!

 

Photo : Unsplash | Igor Ovsyannykov

Simple, non, mais belle, oui!

Roman Kraft

Ce matin, je lisais la belle Geneviève Pettersen qui s’exprimait sur le site de Châtelaine concernant la perversité du discours de Gwyneth Paltrow et de tout ce que le nouveau livre de la reine du bio a de faux. Titré Tout est simple, cette nouvelle bible de la vie saine et branchée renvoie une image totalement surfaite de la vie supposément facile.

Comme le soulève l’auteure de l’article, il y a quelque chose de purement vicieux derrière ce titre et cette philosophie. On tente de nous convaincre que c’est nous qui n’avons pas adopté le bon mode de vie et qu’en entrant dans le rang de l’actrice, nous gagnerons du temps et atteindrons le bonheur à tout prix.

Je ne sais pas pour vous mais moi, quand je vois une actrice à l’image travaillée qui doit avoir une équipe de 12 personnes derrière pour trouver le bon angle, ça ne me convainc pas sur la simplicité de la vie. Quand tu as les moyens de recommencer 850 fois ta recette pour trouver le meilleur dosage, quand tu as assez d’argent pour acheter une terre complète pour faire pousser tes légumes et te payer les plus grands spécialistes qui surveilleront ta culture bio, quand tu projettes une image de perfection absolue… Bref, quand tu t’appelles Gwyneth, à mes yeux tu n’as pas vraiment de crédibilité pour changer la vie des gens normaux.

Certains diront que je suis jalouse de sa réussite mais ce n’est pas du tout le cas. Je n’envie pas sa vie de rêve car je n’y serais tout simplement pas heureuse. Par contre, ce qui me dérange et que Geneviève Pettersen soulevait aussi, c’est le jugement pernicieux derrière l’image parfaite.

Déjà qu’on se met une pression folle pour réussir dans la vie, qu’on essaie de faire les bons choix, de bien se nourrir, de faire du sport et de ne pas trop tomber dans l’excès quand la vie dérape un peu, d’avoir cette belle blonde qui nous dit que tout est simple, c’est chiant.

Je suis la première à prôner les bonnes habitudes de vie et à dire qu’on est maître de son destin, qu’on peut tous décider de changer et qu’il faut se prendre en main dans la vie mais avec une vision à la hauteur de nos moyens et en fonction de notre réalité. Notre réalité de gens ordinaires qui ont leurs difficultés et un compte de banque qui n’est pas dans les 6 chiffres, mettons…

J’ai beaucoup de misère avec ce discours moraliste venant de gens riches, vous l’aurez compris. Car si Gwyneth avait gagné 30 000 $ par année et travaillait comme adjointe administrative avec un patron vulgaire, elle ne publierait pas des livres de ce genre. Elle n’aurait ni le temps et ni l’énergie de le faire. Et possiblement que certains soirs, elle ferait du Kraft Dinner à ses enfants parce qu’elle n’aurait pas eu le temps de passer à l’épicerie après une journée éreintante au boulot.

Et vous savez quoi? Ça serait ben correct tout ça. Parce ça, c’est la vraie vie, la vraie réalité de beaucoup de gens. Tant mieux, Gwyneth, si tu peux te nourrir de bio seulement et t’offrir le luxe de publier des livres beaux et léchés. Mais ce n’est pas la vraie vie tout ça et non la vraie vie, elle n’est pas simple. Elle est belle, elle est dure parfois, elle est heureuse par moment et surtout, elle est la nôtre et on l’aime comme elle est.

 

Photo : Unsplash | Roman Kraft