Posts in "Réflexion" Category — Page 140

Un peu comme un détour sur la route…

Juskteez Vu

Vous avez surement tous déjà entendu l’expression d’ici : dans la vie comme au hockey, il n’y en aura pas de facile. Que ce soit pour Pierre-Karl Péladeau ou le commun des mortels, cette maxime peut s’appliquer au quotidien. Et honnêtement, heureusement que ce n’est pas facile car tant qu’à moi, ça serait royalement ennuyant. C’est quand il nous arrive des surprises, des imprévus ou des changements qu’on est obligé de revoir le chemin prévu.

Les longs fleuves tranquilles ou les routes simples et droites, ça peut être reposant en vacances mais dans la vie de tous les jours, on perdrait de notre entrain si c’était toujours ainsi. Un petit soubresaut par ici, un changement de cap par là et nous voilà ragaillardit! Je ne parle pas de grosses épreuves, de lourdeur ou de traumatismes mais de mini chocs pour nous brasser juste assez et nous faire sortir de la monotonie de la routine. Un peu comme un détour sur la route… On peut sacrer un peu, pester contre les quelques minutes perdues et finalement, on tombe sur cette rue magnifique où l’on découvre la maison de nos rêves, à vendre… J’exagère à peine…

Mais sérieusement, c’est souvent dans les petits changements qu’on rencontre de nouvelles personnes, qu’on entrevoit de nouveaux lieux, de nouveaux horizons… Je ne parlerai jamais assez du bouquin Le Why Café qui relatait une histoire dans ce genre mais j’y crois dur comme fer, que voulez-vous… Modifier ses habitudes fait souvent un bien immense et change la perspective de choses connues.

Quand un événement, un courriel, un appel ou une rencontre impromptu survient, on peut se braquer ou s’ouvrir. Ou les 2, consécutivement, ce qui arrive très souvent. Certains fuiront à grandes enjambées et iront s’enfermer dans leur petit confort et c’est leur choix. Moi je préfère me relever la tête et foncer, découvrir ce que la vie a à m’apprendre dans cette expérience nouvelle. S’améliorer de jour en jour est un peu mon leitmotiv et plus je vieillis, plus je me rends compte que j’ai longtemps fermé mon esprit à la nouveauté alors que mon cœur ne demandait qu’à s’ouvrir au monde.

Aujourd’hui, je suis plus sereine face aux changements et à l’évolution de ma vie et de mes conditions. Je me dis que rien n’arrive pour rien et que j’ai toujours un apprentissage à faire dans chaque situation que la vie met sur ma route. Des fois, ça me prend du temps avant de comprendre, je peux m’empêtrer dans les questions et les choix qui se présentent mais au final, des jours, des semaines ou des mois plus tard, à un certain moment, une lumière s’allume dans ma tête et je me dis : Ah mais c’était donc ça! Et je souris, à la vie, à moi-même, à l’univers…

Je ne suis pas très ésotérique et j’ai rencontré quelques illuminés dans ma vie qui croyait à des gestes envoyés du firmament pour leur faire passer des messages. Pour ma part, je crois simplement que quelque chose ou quelqu’un, quelque part, veille sur moi et me guide. Ça peut sembler complètement farfelu, illogique, irréel ou peu importe… Mais avec tout ce qui m’est arrivé jusqu’à maintenant, il m’est difficile de croire autrement. Et puis, honnêtement, qu’on me trouve un peu spéciale dans mes croyances, qu’est-ce que ça change, ein? Comme on dit, ça m’appartient!

 

Photo : Unsplash | Juskteez Vu

Célébrer, en 2016…

Yoori Koo

Ces jours-ci, nous sommes littéralement bombardés de messages sur la fête des mères : les 10 meilleurs cadeaux pour la fête des mères, les meilleurs brunchs, les endroits à visiter absolument avec votre mères, les 8 choses que vous devez dire à votre mère… Et chaque événement de l’année ou la frénésie numérique placarde nos fils Facebook, il y a toujours une petite voix à l’intérieur de moi qui se dit : ça suffit. On nous prend pour qui?

Avant l’avènement de la technologie qui devait révolutionner notre vie, on était capable de réfléchir tout seul, non? Pourquoi est-ce qu’on sent le besoin de nous infliger mille et un guides pour nous faire sentir coupable? Pourquoi diable tant de sites et de blogues se croient-ils en mesure de nous dire ce qu’on devrait faire lors d’une occasion spéciale? Déjà que les vitrines des magasins, réels eux, nous affichent en plein visage la couleur de la dite fête… Il me semble qu’on pourrait se garder une petite gêne, non?

Les mamans de mon entourage ont toute mon admiration et je ne remets pas en question la nature même de la fête (quoi que, tout comme pour la Saint-Valentin, je me croise toujours les doigts pour que ceux qui m’entourent ne fasse pas l’effort seulement une fois dans l’année pour démontrer leur amour mais bref). Tant qu’à moi, le plus important c’est d’être présent et de dire ce qu’on a à dire, toute l’année, sans retenue, sans attendre, sans se le faire rappeler par Facebook.

Ça me fait penser à la chronique de Stéphane Laporte, samedi, dans La Presse+, qui parlait du phénomène des messages virtuels lors de l’anniversaire de quelqu’un. Aujourd’hui, on reçoit plus de vœux de bonne fête qu’avant mais pour la grande majorité, ils ne seront que des mots sur un écran. En finale, il disait : si vous voulez vraiment surprendre un ami à son anniversaire, appelez-le!

Et derrière ces mots tout simples se cache une réalité profonde : on ne se parle plus. De vive voix je veux dire… On se texte, on s’écrit des courriels, on s’envoie des messages sur Facebook, sur LinkedIn, sur Twitter, on like, on commente, on réagit, on s’offusque… Mais tout cela est virtuel, intangible et surtout, sans nuance.

Combien d’histoires a-t-on entendu sur des messages envoyés à la volée qui avait créé une grosse chicane, car hors contexte, sans émotion, sans sentir la personne qui s’exprime. Moi-même je l’ai vécu à quelques reprises et je me suis juré de toujours attendre d’être en face d’une personne pour avoir des échanges autres que « peux-tu arrêter au dépanneur en passant stp ». Ne pas avoir le non-verbal, le regard, le senti, le timbre de voix, c’est se couper d’une partie de la communication, de l’art verbal et ça peut devenir un piège sournois.

Quand je vois ces gens au restaurant assis face à face qui ont leur téléphone en main… Ça m’attriste, sincèrement. Depuis le jour où j’ai vu ce couple passer toute l’heure du lunch sans se parler, appareil en main, comme s’ils étaient seuls… Ils étaient seuls à deux, un mur virtuel entre eux… Depuis ce jour, je range mon téléphone dès que mon camarade de lunch, mon ami, mon collègue ou quiconque se présente devant moi. Je m’excuse si je dois absolument vérifier mes messages ou l’heure de mon prochain rendez-vous.

Je tente de me contrôler, de rester dans le présent, dans le vrai, dans la réalité qui se déroule autour de moi au lieu de celle qui se joue en ligne, à grands coups de like. Car la vraie vie, c’est celle qui se voit avec les yeux, qui se sent, qui se savoure et qui s’entend. C’est elle qui nous touche en plein de cœur par sa beauté, son innocence et sa sincérité.

 

Photo : Unsplash | Yoori Koo

Un premier pas vers la connaissance de soi

Rayi Christian Wicaksono

Quand j’étais plus jeune, je me souviens qu’autour de moi, on valorisait beaucoup des études, la maîtrise de la langue française, le développement intellectuel… bref, j’étais entourée de gens brillants qui voulaient que je suive les traces de mes prédécesseurs. On m’a très peu questionnée sur ce que je voulais faire dans la vie et je me souviens de l’orienteur, au secondaire qui, après m’avoir fait passer les fameux tests, m’avait donné comme premier choix l’armée… Et j’avais ri comme jamais. Moi, dans l’armée, êtes-vous fou?

Ceux qui me connaissent savent que j’ai une tête de cochon, un sacré caractère et une grande gueule alors m’imaginer dans l’armée, c’est un peu comme penser à Donald Trump au Mexique : ça ne marche juste pas. Alors à cette époque, habituée aux horaires de mon père dans l’enseignement qui avait ses étés de congé, aimant la langue française et cherchant une voie pas trop troublante, je m’étais convaincue d’aller en enseignement. Arrivée au cégep, j’ai abandonné ma première session car j’ai eu le choc de réaliser que je ne m’étais jamais vraiment demandé ce que je voulais faire de ma vie… Après quelques sessions en sciences humaines (que j’ai beaucoup aimé soit-dit en passant), je n’étais toujours pas décidée…

Alors je suis venue à Montréal, retrouver mon copain de l’époque, qui étudiait dans un domaine complètement nouveau et inconnu de l’époque : le multimédia. Ce fameux mot fourre-tout qui incluait le web, le 3D, les cd-rom (oui, oui, vous avez bien lu), le design et plein de trucs qui n’existent plus aujourd’hui. Et je me souviendrai toujours du jour où je suis allée le rejoindre à cette école privée, dans le laboratoire ou une série d’ordinateur chauffaient la pièce et où Mario, le professeur, m’a invité à rentrer « tant qu’à attendre assise par terre dans le corridor ».

Et j’ai eu la piqure, le déclic : c’est ça que je vais faire dans la vie! Alors, la journée même, je me suis inscrite à ce programme intensif, endetté de plusieurs milliers de dollars en prêts étudiants et j’ai foncé tête première dans ce monde complètement éclaté, encore à ses premiers balbutiements à Montréal. Et je n’ai jamais regretté mon choix.

J’ai eu parfois des moments de doute, d’écœurantite aigue d’être devant un écran pendant de longues heures, de fatigue de rester assise trop longtemps mais malgré tout, j’aime ce domaine qui évolue et qui se transforme à tous les jours. Et je sais pertinemment aujourd’hui que j’aurais été incapable de refaire la même chose de façon redondante dans ma vie. J’ai besoin de cette vitesse, de ce rythme, de cette évolution constante, de cet inconnu, de tout ce chamboulement technologique qui oblige une adaptation régulière. Ça me permet de sentir que je ne stagne pas.

On ne m’a pas présenté cette option à l’école car elle n’existait pas vraiment à l’époque. Mais surtout, on s’est très peu intéressé à qui j’étais, au potentiel que j’avais. Alors si vous avez des enfants, je vous invite à les observer et à déceler les forces et faiblesses, à les questionner sur leurs intérêts, à discuter avec eux sur ce qu’ils aiment, détestent, ce qui les stimule et les rebute.

Parfois, on ne sait pas ce qu’on veut faire, mais on sait ce qu’on ne veut pas. L’élimination est parfois un premier pas vers la connaissance de soi.

 

Photo : Unsplash | Rayi Christian Wicaksono

La vie ne se vit pas avec des si!

Dorian Kartalovski

On a tous des moments de doutes ou de réflexion sur notre passé où tout à coup dans notre esprit se pointe la phrase : et si…

Et si j’avais dit telle phrase au lieu de celle-ci, et si j’avais pris telle décision, et si j’avais accepté telle invitation, et si j’avais choisi cette carrière là… On peut élaborer mille scénarios, penser à toutes les possibilités, revisiter et scénariser autrement dans sa tête une situation. Mais la réalité c’est que ça ne changera jamais ce qui s’est passé et qu’on n’a, au fond, aucune idée de ce qu’aurait pu être notre vie si un chemin différent avait été pris. En d’autres mots : on ne vit pas dans un livre dont vous êtes le héros où l’on peut vérifier le dénouement lié à un choix.

J’ai tendance à croire qu’on prend majoritairement les bonnes décisions dans le contexte dans lequel on est à ce moment précis. Parfois, on a l’impression d’être à côté de la plaque mais on finit bien souvent par comprendre que ce détour de vie avait sa raison d’être. Et comme on dit, c’est toujours facile de juger après coup, une fois qu’on connait les conséquences d’un geste ou d’une parole. Mais au moment de s’exécuter, on se fie à notre instinct et au gros bon sens, et on se lance. Advienne que pourra.

Quand on accepte un nouvel emploi, quand on décide de déménager, quand on change de véhicule, notre cerveau roule à plein régime pour imaginer les impacts de notre choix. Pour certains, c’est source d’anxiété, pour d’autres, d’adrénaline. On est comme on est. Mais l’effet destructeur du « et si… » peut gâcher la meilleure décision du monde. Combien de fois des gens de mon entourage ont gâché l’effet positif d’un changement en se torturant à coup de si. Souvent dans sa formule virulente du « oui mais si… »

Très tôt dans la vie, instinctivement, j’ai décidé que je ne vivrais ni dans le passé ni dans les regrets. La vie est ce qu’elle est et je préfère vivre dans le moment présent que de ressasser ce qui est déjà terminé. Je me souviens d’un patron qui m’avait dit un jour : mieux vaut s’excuser que de demander la permission. Et j’ai toujours bien appliqué ce conseil sans anicroche ni représailles. Car au fond, peu importe ce que l’on fait, il y aura toujours des gens pour nous contredire, pour nous juger, pour tenter de nous faire sentir coupable ou pour nous mettre des bâtons dans les roues.

Alors aujourd’hui, j’avance, à ma façon, à mon rythme, avec mes couleurs et mes travers, sans trop regarder en arrière. Il faut dire que quand on s’est analysé sous toutes les coutures en thérapie, on a fait le tour du jardin. Mais j’ai surtout appris à écouter mes tripes, à sentir les choses, à tenter de trouver comment je me sens par rapport à telle possibilité. Car on aura beau inventer tous les gadgets de la terre pour essayer de nous rendre plus efficace, solide dans nos choix et prévoyant, je crois qu’il n’y aura jamais rien de mieux que notre feeling. Lui, il est connecté directement à l’essentiel, au vrai, à nous. Sans détour, sans artifice, notre petite voix intérieure, elle est toujours là, prête à nous guider et nous éviter des soucis.

Et si on décidait de l’écouter pour une fois?

 

Photo : Unsplash | Dorian Kartalovski

Le pouvoir du changement

Ben Moore

Faire ce que l’on aime, trouver sa passion, sa motivation, son but, ça peut être le projet d’une vie entière. Quand on est jeune, on a la vie devant nous, aucun empressement, aucun sentiment d’urgence. Et plus la vie avance, plus on sent que l’étau se resserre, qu’il faudrait bien s’y mettre, qu’on ne peut pas simplement suivre le flot de la vie sans en avoir le contrôle, sur sa destinée du moins.

Pour trouver sa voie, il faut se connaître profondément, découvrir ce qui nous allume, nous stimule et nous régénère. Si on ne fait qu’avancer machinalement de jour en jour sans se questionner, on n’arrive pas à savoir ce qui nous définit.

C’est à travers les expériences et les changements qu’on découvre nos forces et nos faiblesses. Face à une difficulté ou un chamboulement, on trouve nos racines, on cherche une source de réconfort et on voit souvent les choses d’un œil plus vif et éclairé. Le sentiment d’obligation provoque en nous une myriade de réactions insoupçonnées et c’est alors que s’ouvrent en nous des possibilités jusque-là inconnues.

Le changement est sain, j’en ai parlé plusieurs fois et j’en demeure toujours aussi convaincue. Il nous provoque, nous sort de notre quotidien, nous fouette et nous pousse vers autre chose. Parfois, on l’a appelé nous-mêmes, parfois il s’impose lourdement. Mais sa légitimité n’est pas à refaire et le passage d’un état à un autre, peu importe son ampleur et à quel niveau il s’effectue, permet une certaine régénérescence. Quand on regarde la nature, le changement est perpétuel et gage que la vie est en cours.

Dans nos vies personnelles, on s’est tellement habitué à tout vouloir contrôler qu’on le craint souvent. On le voit comme une menace, comme une source de problème. Et pourtant il nous apporte bien souvent plus de positif. En l’accueillant et en l’acceptant, on se permet d’être plus calme et serein lorsqu’il survient. Héraclite disait : rien n’est permanent, sauf le changement. Alors soyons honnête envers nous-mêmes et cessons de penser autrement.

D’ailleurs, on a tendance à se plaindre de tout et de rien mais le changement, s’il est choisi au lieu d’être subi, peut être particulièrement bénéfique, à soi et aux autres. Bien sûr, la maladie, les accidents ou les catastrophes naturelles font partie des changements plus pénibles à accepter mais derrière chaque bouleversement se cache un apprentissage. Des peuples ayant vécu des chocs terribles se sont relevés et sont devenus plus forts, plus solidaires et plus ouverts aux autres. Pourquoi n’en serait-il pas autant pour chaque individu?

Se débattre ou contester contre le changement nous fait souvent perdre beaucoup d’énergie pour rien. La résistance est normale et humaine mais l’obstination n’est jamais très saine. Ouvrons-nous à la nouveauté au lieu de jouer aux victimes, on en sortira grandi, je vous le garantie. Et je terminerai sur une belle parole de Ghandi :

Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde.