Posts in "Réflexion" Category — Page 146

Les marées de la vie…

Gláuber Sampaio

Ce matin, manque d’inspiration… Je ne sais pas quoi écrire… j’ai l’esprit complètement embrouillé par la grippe et les décongestionnants. Ça arrive des fois de ne pas savoir quoi dire, même à une personne comme moi qui a toujours son mot à dire. J’y pensais dans le métro en m’en venant au bureau et rien ne me venait. Le vide total dans mon esprit, pu de son pu d’image comme on dit…

Et je me dit que ça fait tout de même plusieurs mois que j’écris pratiquement tous les jours de la semaine (avec une pause le week-end par contre) sur ce que je vis, ce que je lis, ce qui me fait réagir, pleurer, rire ou fâcher… Sur un coup de tête, j’ai créé ce blogue et je me suis étonnée à garder la motivation de recommencer, à chaque nouvelle journée qui se présentait. Je suis aussi clairement étonnée de recevoir des commentaires, d’amis mais aussi de purs inconnus, qui prennent la peine de réagir à mes propos, de me dire ce que mon texte a fait résonner en eux.

Quand on y pense, c’est probablement le plus bel avantage du virtuel, cette prise de contact avec des gens que je n’aurais probablement jamais connu sans ce moyen de communication. Ça a du beau cette sphère parallèle et intangible tout compte fait. Même si le fait d’être assise devant un écran une bonne partie de la journée commence à me peser, je demeure heureuse et reconnaissance de cette rétroaction qui m’arrive de nulle part par moment.

J’ai toujours beaucoup écrit… À l’époque, à l’adolescence, c’était la mode du journal intime. J’écrivais comment je me sentais par rapport à une situation, à une personne, à un rejet, une frustration, un coup de foudre ou une déception… J’ai écrit à mes proches quand je n’arrivais pas à m’exprimer verbalement, j’ai écrit une pièce de théâtre avec mon amie Valérie, j’ai écrit des poèmes, gribouiller des chansons, déverser ma rage de bientôt-adulte-frustrée-qui-ne-comprend-pas-tous-les-changements-qui-surviennent…

J’ai utilisé ce véhicule pour me libérer et pour survivre par moment, pour canaliser mon angoisse, pour faire sortir le méchant. J’ai même retrouvé des pages que j’ai écrites il y a 10 dans une petite boîte il y a quelques jours. Et en me relisant, chose que je fais rarement, j’ai eu beaucoup de compassion pour la jeune femme que j’étais et qui souffrait silencieusement avec toute son anxiété et ses questionnements de vie.

Quand on regarde en arrière, qu’on voit le chemin parcouru, les soucis, les peines, les joies, les rencontres et les défis relevés, il y a quelque chose de fascinant dans tout cela. Sur le coup, quand on vit quelque chose, on se fait happer, on est coincé dans la situation et on peine à croire que des jours meilleurs viendront ou que cette bulle de bonheur ne durera pas toujours. Puis le temps passe, la vie avance et on revient en terrain neutre, dans un moment d’accalmie ou de routine. Jusqu’à la prochaine vague. Car la vie, c’est un peu comme le fleuve sur lequel les vagues se déchaînent, se calment, s’entrechoquent puis se détendent…

Un endroit dans le monde où je suis le plus calme, c’est justement sur le bord d’une rivière ou d’un lac, assise sur un quai ou une roche, à regarder toute la vie devant moi qui se cache sous cette haut, dans ces montagnes, dans cette nature forte et enveloppante.

 

Photo : Unasplash | Gláuber Sampaio

La magie de l’inconnu

Jared Erondu

Avez-vous envie de changer de vie des fois? De tout plaquer et de partir à l’aventure, ou de simplement tout arrêter et prendre du temps pour vous? Moi oui… Et assez souvent même! À mes collègues qui liront ce billet, ne craignez rien, je ne vous abandonnerai pas en plein milieu du projet. Mais ça ne m’empêchera pas de rêver non plus.

Mon ami Jocelyn l’a fait et est parti avec sa femme à Bangkok pour plusieurs mois. J’ai beaucoup de respect pour ce courage et cette douce folie. Mais ça me fait aussi réaliser que tout est possible et que quand on se fixe un objectif, on doit simplement aligner nos faits et gestes pour l’atteindre et on y arrivera.

Il y a plusieurs années, blasée d’être constamment devant un écran, j’ai fait un cours en massothérapie. On peut dire que j’allais dans l’extrême, passer du virtuel au concret, au physique, au toucher. Je n’ai pas vraiment pratiqué dans ce domaine mais ça m’a amené une meilleure connaissance du corps humain, une meilleure façon de gérer mes soucis de santé et une prise de conscience importante sur l’effet du stress sur le corps.

Mais je travaille toujours dans le milieu numérique, sur des projets virtuels et intangibles qui sont éphémères et qui en réalité ne change rien au monde qui m’entoure. Mis à part satisfaire un client pour un produit web livré, la société ne s’en porte pas changé. Et je n’ai pas de réel contact avec les clients qui utilisent ces plateformes en ligne, ou très peu. C’est une partie de mon travail que je trouve frustrante et je dirais un peu déprimante.

Être en contact avec les gens, sentir leur énergie, pouvoir déceler les non-dits, voir le non verbal, les réactions faciales et corporelles, tout cela fait partie de la relation avec les autres. Le virtuel a beaucoup de bon mais nous coupe d’une part importante de la dynamique relationnelle. D’où le désir parfois de sortir de tout cela et de revenir vers quelque chose de plus humain.

Concrétiser un désir profond ne se fait pas aisément, abandonner un domaine d’expertise acquis depuis plus de 17 ans non plus. Mais le changement procure aussi ses bienfaits indiscutables et amène à tout revoir, à refaire ses repères, à sortir de la zone de confort qu’on a passé des années à se forger. Être trop dans le connu, dans le facile, dans ce qu’on maîtrise nous enferme parfois et nous empêche de voir les possibilités. Ça demande un effort et une ouverture d’esprit pour oser explorer de nouvelles avenues.

Rester à l’affût des possibilités et être capable de se transposer dans un nouveau contexte, se visualiser dans un autre monde, une autre vie… c’est un atout que je souhaite avoir car je sais qu’un jour, l’écran devant mes yeux ne me suffira plus. J’aurai envie de voir le monde, de changer de sphère, de voir et surtout de vivre autre chose.

Quand? Comment? Dans quoi? Je n’en ai aucune idée pour le moment et je crois que c’est ce qui est stimulant. Comme un cadeau qu’on a hâte d’ouvrir ou une surprise qu’on a hâte de découvrir… L’inconnu peut insuffler une réelle dose d’énergie et d’espoir.

Qui sait où la vie me mènera!

 

Photo : Unsplash | Jared Erondu

Être soi-même…

Michael Hull

Ce matin, un collègue de travail est venu me présenter le fruit de son labeur. Cette personne que je croise à tous les matins, qui me sourit et ma salue, je la connais peu au fond. Et aujourd’hui, je lui ai découvert un talent de minutie et de passion : il sculpte des pierres précieuses. J’ai été touchée qu’il s’ouvre ainsi en me présentant sa « collection ». Démontrer sa vulnérabilité et sortir du cadre du travail n’est pas donné à tout le monde.

Ça m’a fait réfléchir sur ce qu’on montre de nous, sur la partie qu’on ose exposer versus la part de nous qui demeure dans l’ombre, de peur d’être jugé. Quand on est petit, on n’a pas cette crainte, on avance, on s’amuse et on n’est aucunement conscient de toute cette réalité qui bourdonne autour de nous. Et un jour, lentement et insidieusement s’installe au fond de nous la petite bête de la comparaison. Suis-je assez ceci ou cela, vais-je être accepté dans tel groupe, va-t-on me rejeter ou m’accepter comme je suis… Tous ces questionnements arrivent un jour ou l’autre et polluent notre estime de nous-mêmes.

Apprendre à se connaître, se valoriser dans des activités qui nous ressemblent avec des gens qui nous respectent aident à se forger une personnalité forte, capable d’affronter les tempêtes. Avec du recul, on comprend cela mais malheureusement, la vie a parfois fait ses ravages et on doit reconstruire une partie de nous qui a été durement touchée dans notre enfance et notre adolescence.

Je repense aux publicités que l’on voit actuellement sur l’intimidation qui nous racontent des situations et ce que les gens auraient aimé faire autrement. Je les trouve d’une simplicité désarmante et surtout efficace. On n’a pas besoin de voir les blessures, de voir un jeune se faire frapper dans la cour d’école, pour comprendre la douleur engendrée par ce phénomène destructeur. On peut fort bien se l’imaginer car tout un chacun, nous avons déjà vu ou subit cela. Personne ne peut se vanter de n’avoir jamais assisté à une scène malaisante où une personne a fait face à la méchanceté humaine.

Parfois, dix ans plus tard, la victime explose et toute l’accumulation refait surface, sans qu’on ne comprenne pourquoi. Et un long processus s’enclenche pour elle afin de se libérer de son passé pesant.

Alors je reviens à l’origine de ce texte : la passion et l’audace de la montrer. Oser être qui l’on est et faire fi des regards hautains, des jaloux et des gens qui rigolent dans un coin mais qui au fond nous envient d’avoir cette force en nous.

Je me suis bien souvent sentie différente des autres et je me souviens d’une personne qui m’a dit un jour : tu te sens seule parmi les gens. Aujourd’hui, je réalise que je ne voulais pas être comme tout le monde simplement pour ne pas détonner. J’en étais incapable. Tenter de rentrer dans un moule le faisait mal.

Et je constate que malgré les obstacles, ça a fait de moi une personne résistante et résiliente car avec mon parcours atypique, j’ai pu découvrir des choses que je n’aurais pas pu connaître sur la belle route tranquille. Et ça, ça me rend fière.

 

Photo : Unsplash | Michael Hull

Montréal, dans les yeux d’une enfant…

andrew welch

Quand j’étais petite, du fin fond de ma belle région, je rêvais de la ville. Sa vie, ses possibilités, son bouillon de culture et son excentricité m’attiraient au plus haut point. J’avais envie de faire partie de cet écosystème effervescent, de sortir du commun de ma campagne, de découvrir le monde d’une nouvelle façon. Les milliers de boutique, les cafés et restaurants, les gens de toutes origines et de tout style, tout cela m’excitait d’une façon presque malsaine.

Je me souviens d’avoir lu le livre « Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… » et d’avoir envie d’aller en Allemagne, de vivre aussi intensément et dangereusement que cette femme qui n’avait rien d’un ange ni d’un modèle. Cette audace et ce caractère frondeur m’impressionnaient  et je jalousais sa vie palpitante. Trop jeune pour comprendre que ça n’avait rien d’un conte de fée, je vivais par procuration à travers ma lecture.

J’avais la chance d’Avoir une tante, Marie, qui nous amenait, mes sœurs et moi, pendant quelques jours, à Montréal, pour découvrir de nouveaux horizons et probablement pour donner une pause à mes parents. 3 filles dans une maison, ce n’est pas de tout repos! Dès qu’on approchait de la ville, que je voyais les murs coupe-son de Laval, et surtout, que je sentais l’odeur si particulière qui chatouillait mes narine, je jubilais. Les yeux écarquillés, je savourais le moment présent, les hautes tours à logement, la densité, la vie qui grouillait de partout.

Je me souviens des appartements de Côte-des-Neiges où flottait un mélange de parfums indescriptible. Des épices à ce moment inconnues pour moi mélangées aux différents effluves des familles voisines me fascinaient. J’avais une soif de découverte et d’aventure, je voulais parcourir le monde et aller à la rencontre de toutes ces cultures.

Plus tard, c’est cette même tante généreuse qui m’a accompagné lors de la visite de mon premier logement Montréal, dans le chic quartier de Centre-sud. La jolie rue Bordeaux a été mon premier lieu de résidence dans la grande ville et je me rappelle ma première visite au Pier Import avec Marie qui m’acheta alors mon premier service de vaisselle. Je me sentais si grande, si adulte, alors que je n’étais qu’aux premiers balbutiements de ma vie.

J’ai passé environ dix ans de ma vie dans cette métropole, des années à déménager, à tenter de trouver ma place, à essayer de me faire un petit cocon où je serais bien. Et malgré ma curiosité et mon ouverture au monde, je n’y suis jamais parvenue. Il m’a fallu aller m’isoler au fin fond de Sainte-Sophie pour finalement me rapprocher de la ville, à Lorraine, pour me poser. J’ai compris après toutes ces années que le fameux principe du « tu peux sortir une fille de Mont-Laurier mais tu ne peux pas sortir Mont-Laurier de la fille » était bel et bien réel.

J’ai besoin d’espace, d’air et de nature autour de moi. Je suis née dans une campagne verdoyante, entourée de champs et la compacité de Montréal me pesait lourd, m’étouffait. J’y travaille encore aujourd’hui et chaque jour, je retrouve avec grand plaisir ma maison, mon espace, mon petit cocon à moi.

J’ai grandi, j’ai réalisé mon rêve d’enfant d’habiter la ville pour finalement réaliser que cette ville, je l’aime mais pas trop longtemps, pas trop proche, pas trop de l’intérieur.

 

Photo : Unsplash | andrew welch

S’arrêter, le temps de savourer la vie…

Hans M

Cette semaine, ma professeure de yoga a terminé le cours sur une phrase qui est demeurée gravée à mon esprit : prendre soin de son corps pour que notre âme ait envie d’y rester. Je ne sais pas d’où vient cette phrase mais elle résonne en moi de façon intense. Et quand on y pense, c’est tout à fait cohérent.

On a tendance à prendre pour acquis notre corps, croire qu’on est maître à bord et qu’on décide de tout. Mais avec le temps et l’expérience, on réalise bien souvent que la vie nous ramène à l’ordre quand on dérive de la route. Si on bourre notre corps de chimique, de nourriture malsaine, qu’on ne fait aucun exercice, bref, qu’on ne le respecte pas et qu’on n’en prend pas soin, sera-t-on vraiment à l’aise? Notre mental souffrira de ce manque d’équilibre.

Imaginez-vous une maison mal entretenue, où l’on se sent à l’étroit dans le barda, où on a l’impression que rien n’est à sa place et que tout est à refaire… Avez-vous envie d’y rester? Surement pas, ou du moins, pas sans un bon ménage et une reprise de contrôle. Votre corps devrait subir le même sort, mériter la même attention. Car à force de reporter à plus tard la prise en charge, vous accumulez les problèmes.

Notre corps s’exprime et on a parfois la fâcheuse habitude de le faire taire, ne pas lui porter attention. Mais pourtant, les messages sont là, sous nos yeux. Il ne faut pas se surprendre qu’à un moment donné, il décide qu’il en a assez et fasse la grève. Ça peut se traduire par un simple rhume, mais aussi par des intolérances alimentaires, des migraines, des problèmes cutanés ou tout autre symptôme. Et si on ne fait que masquer le souci par un médicament et qu’on ne va pas à la source, tout ceci s’accumule.

Prendre soin de son corps, c’est l’accepter tel qu’il est et le nourrir de ce qu’il a besoin. Au-delà de l’alimentation, il a besoin d’étirement, de pause, de prise de conscience… On entend souvent l’expression : vénérer son corps comme un temple. Je n’aime pas les trucs qui sonnent trop ésotérique mais ma métaphore de la maison délabrée vous fait tout de même comprendre qu’il est crucial de considérer notre corps comme notre premier logis. Avant notre maison ou notre condo, il constitue notre première enveloppe, celle avec qui on parcourra tout le chemin.

On met des milliers de dollars pour améliorer notre résidence mais pourquoi a-t-on autant de difficulté à prendre soin de soi? La volonté, la patience, l’engagement… Tout cela est beaucoup plus demandant que d’allonger une somme à un entrepreneur pour refaire la cuisine.

Mais s’arrêter, le temps d’une salutation au soleil, le temps de contempler la nature en savourant un pique-nique, le temps d’une course matinale, c’est s’engager envers soi-même, profiter du moment présent et s’offrir le cadeau de donner du temps et de l’amour à notre être. Si nous ne le faisons pas, personne ne le fera à notre place. Et c’est dès aujourd’hui qu’on doit le faire, pas demain, pas la semaine prochaine, pas dans un mois. Main-te-nant.

Prendre une marche, ça ne coûte rien. Ça nous fait sortir de notre cocon et ça permet à notre âme de sentir notre corps. Un geste si simple mais si important à la fois.

 

Photo : Unsplash | Hans M