Le roi des mots

Austin Prock

Je le connaissais par sa musique, j’abusais de son talent à outrance, je me laissais toucher par sa musique d’une grande qualité… Mais hier soir j’ai découvert le roi des mots. J’ai eu le plaisir d’assister au spectacle de Louis-Jean Cormier, accompagnée de mon amie dont c’était l’anniversaire. Un flash au printemps quand les billets sont sortis : la date concordait avec cette journée spéciale pour elle. Pourquoi ne pas se faire plaisir et assister à cette performance?

Je ne me souviens pas d’avoir été autant séduite par un artiste. Et je ne parle pas ici de groupie finie qui salive devant une Rockstar.

Je parle de transcendance.

Je parle de révélation.

Je parle d’illumination.

Et il nous avait avertis en plus, dans tout son humour et sa dérive verbale.

J’appréciais, donc, l’écoute de ses albums mais j’ai découvert une personnalité d’une générosité sans nom et le genre de personne qui, sincère, authentique et centré, laisse place à la folie, nous amène dans son monde ludique, chaleureux et vrai. Franchement, je m’attendais à une expérience agréable mais jamais à ce point. Et à voir l’enthousiasme de la salle, je peux confirmer que mon état reflétait celui de mes compatriotes.

L’intensité du moment m’a fait oublier le nom du concepteur visuel mais je lui lève mon chapeau. La qualité de ses projections n’avait d’égal que le talent des musiciens. Dépouillé de fantaisies, le décor mettait en valeur les gens et les instruments, une petite bulle pour cette bande de joyeux lurons qui transmettent leur plaisir à la salle et de qui on constate une complicité profonde.

Des artistes de cette trempe nous font réaliser que le travail de bureau est une réalité toute autre. Je nage dans le virtuel, dans l’intangible. Être en contact direct avec un talent pur et si touchant rappelle que la vie, ce n’est pas le travail. La vie c’est se laisser bercer, apprécier la culture d’ici, se laisser transporter par le roi des mots et garder à l’intérieur ce souvenir magique qui ne demande qu’à être renouvelé.

Profiter de la vie et de ces petits trésors de bonheur, il ne faut jamais l’oublier.

En cette période de festivités qui nous grugera beaucoup d’énergie, n’oubliez surtout pas de vous faire plaisir, d’écouter votre petite voix intérieure qui vous demande une bataille d’oreiller, un troisième dessert, une soirée collé en amoureux, l’appel d’un concert, d’un souper, d’une lecture tranquille… Bref, faites-vous plaisir, à vous aussi. Pas seulement aux autres. Car le bonheur c’est contagieux, par la scène ou par un simple sourire, un simple regard. Le contact humain a un pouvoir prodigieux.

 

Photo : Unspash | Austin Prock