Posts published on "septembre 2015"

L’éducation n’est pas une dépense…

École

Quand j’étais plus jeune, et même à mon arrivée à Montréal, j’envisageais de devenir enseignante, comme mon père. Quand on me demandait vers quelle carrière je me dirigeais, je répondais systématiquement : prof de français… En lisant la chronique de Patrick Lagacé ce matin dans La Presse+, j’ai réalisé à quel point j’ai été chanceuse de dériver de mon chemin original pour finalement m’en aller en techno.

Si vous avez lu cette chronique, une suite de plusieurs sur l’enseignement, vous aurez peut-être comme moi senti un certain malaise face à la situation. Une enseignante y relate des faits troublants sur sa propre réalité de prof qui en arrache, qui doit faire des choix car il est impossible pour elle de donner à tous, de façon égale. Imaginez-vous un instant devoir choisir de laisser tomber un jeune élève car vous êtes à bout de ressources… Quel est l’impact psychologique sur votre état d’un tel choix?

Aujourd’hui, en 2015, j’ai une belle carrière mais elle est virtuelle. Je dis souvent que je ne réalise rien de concret, que tout ce que je fais est intangible. Mais quand je lis ce type de chronique, je réalise que mon insatisfaction face à l’immatériel n’est rien comparativement à être confronté à laisser tomber des petits humains tout simplement parce que l’état de permet pas de s’occuper de tous…

Quand on songe que ces enseignants sont souvent une source d’inspiration pour nos jeunes, une sorte de guide qui les aidera à garder le cap, qui les amènera à se connaître et à choisir leur voie pour l’avenir… je trouve cela extrêmement désolant de constater que plusieurs n’ont d’autres choix que d’abandonner et de changer de carrière après quelques années pour ne pas y laisser leur santé mentale et physique. Que ces personnes clés dans la vie des enfants déclarent forfait parce que le système ne les appuie pas.

Mon père se retourne surement dans sa tombe en ce moment de voir ce que l’on fait de nos écoles, lui qui a passé sa vie dans le milieu de l’enseignement. Est-ce que nos gouvernements et dirigeants réalisent qu’on ne parle pas ici seulement de budget et de colonne de chiffres? Alexandre Taillefer à la radio ce week-end a dit une phrase qui résume pleinement ma pensée : L’éducation n’est pas une dépense, c’est un investissement.

Si le gouvernement arrêtait de voir le tout comme une charge dans son budget et misait plutôt sur l’avenir, s’il était visionnaire et était en mesure de voir les effets positifs à moyen et long terme au lieu de seulement penser à ce que ça représente sur son budget annuel, on n’en serait pas là… Je suis dégoûtée et malheureusement je n’ai entendu personne dans l’appareil gouvernemental avoir une vision cohérente et pertinente de l’avenir de l’éducation. Quand j’entends dire qu’on a besoin d’une réforme, j’ai seulement envie de crier : on n’a pas besoin d’une réforme, on a besoin d’une vision claire!

Une vision de nos jeunes soutenus, accompagnés et priorisés, une vision d’un système épuré de sa lourdeur administrative qui s’embourbe dans tellement de bureaucratie qu’il est impossible d’y faire évoluer quoi que ce soit, une vision d’un environnement sain autant pour les enseignants que leurs élèves, un endroit où règne la soif de savoir et de découverte…

Aimer ou attendre trop de l’amour…

Scott Webb

Hier, j’ai partagé sur mon profil Facebook personnel, un texte d’une jeune blogueuse du site des Nerds. Celle-ci s’exprimait sur les relations amoureuses et sur la façon dont les gens gèrent leurs attentes face à une nouvelle flamme. Étant assez d’accord avec elle sur le fait qu’aujourd’hui les gens s’attendent souvent qu’après 3 rencontres on puisse déterminer si la personne sera notre compagnon de vie pour les 30 prochaines années, j’ai laissé ce texte murir sur mon mur sans y réfléchir. Puis une amie a réagi en mentionnant que l’auteure confond être bien avec quelqu’un et être en amour.

Et je me suis mise à réfléchir à cette affirmation. Je crois que chaque personne a sa propre vision de l’amour et des relations et qu’en fait c’est probablement ce qui cause autant de disparité entre les gens. On a tous notre bagage, notre historique, nos modèles et souvent on ne l’exprime pas si bien que ça. De ce fait, lorsque l’on rencontre une nouvelle personne, dans notre tête c’est si clair ce que devrait devenir une relation durable et solide mais on oublie parfois que l’autre n’a pas le même vécu que nous et donc ne voit pas les choses de la même manière. Sans compter le fameux : les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus… Qui, sans en faire une référence scientifique, a tout de même démontré une vision assez différente de la vie de couple entre hommes et femmes…

Qu’en est-il aujourd’hui de la vision d’un couple? Après des générations qui se faisaient un devoir de demeurer en couple malgré un amour absent, des gens qui ont entretenu leur relation sur la base de l’amitié pour les enfants et qui se réveillent parfois un bon matin ne sachant plus trop qui ils sont… Et de ces couples « parfaits » qui nous explosent en plein visage et nous font réaliser que nous aimons tellement voir les choses plus roses qu’elles ne le sont… Je me demande ce que l’auteur John Gray aurait à dire en ce 2015 bien avancé des relations amoureuses.

Honnêtement? Je ne suis pas certaine que ça ait changé tant que cela… À voir autant de femmes avoir toujours autant d’attentes et une vision du prince charmant quasi inatteignable, je crois que le seule gros changement dans l’histoire est qu’aujourd’hui les femmes sont plus autonomes et peuvent donc se permettre de ne plus dépendre financièrement d’un homme pour vivre leur vie. Mais être indépendante ne vient pas avec un package de gros bon sens nécessairement. Être capable de payer son hypothèque n’enlève en rien le désir de vivre à deux, de se blottir dans les bras de l’autre et d’apprécier la présence d’une personne aimante, de confiance et partageant nos valeurs. Mais si on a l’impression qu’on dit savoir si « c’est le bon » après 30 minutes de rencontre, on peut attendre longtemps avant de trouver « le bon ». Car le bon, pour le trouver, on doit lui donner la chance de nous toucher, de nous partager sa vision, on doit vivre des choses ensemble pour que toute la complexité de son être nous soit révélée. Et cela ne se fait pas entre 2 gorgées de vin lors de la 2e date… Notre ère de l’instantanéité et du virtuel est-elle en train de tuer l’amour?

Ça vaut au moins la peine de se questionner… Car c’est en se posant des questions que l’on prend conscience de bien des choses…

Pour lire le texte à l’origine de cette réflexion

 

Photo : Unsplash | Scott Webb

Une fin et un début…

Erda Estremera

Quand on commence un nouvel emploi ou un nouveau mandat, on se sent fébrile… Comment seront les nouveaux collègues, le nouveau bureau? Est-ce que je vais m’y plaire, y rencontrer des gens intéressants? Est-ce que j’ai fait le bon choix?

Il est parfaitement naturel de se questionner et l’anticipation fait partie du processus normal de tout changement. Et, après tout, ce n’est qu’une partie de notre vie qui change. Quand je pense aux amis et connaissances de mon entourage qui ont quitté leur pays pour venir vivre ici, je ressens un certain vertige. Ce bouleversement doit être beaucoup plus angoissant qu’un simple changement d’emploi ou de client.

Quitter sa patrie, laisser derrière soi ses amis, ses repères et ses souvenirs pour repartir à zéro sans aucune garantie que tout ira bien… Quelle décision courageuse! Je lève mon chapeau à ces gens qui ont osé…

Se déraciner exige une connaissance de soi pour se convaincre qu’on sera mieux ailleurs et que ce « ailleurs » nous comblera, tant au niveau des valeurs que des gens que l’on pourra y rencontrer. Choisir un nouveau lieu et se dire : je serai clairement plus heureux là-bas, c’est tout de même assez téméraire…

Parfois c’est une question de survie, parfois un goût de l’aventure… Mais dans tous les cas, on laisse beaucoup derrière soi. Tout comme lorsque l’on met fin à une relation en fait. Tourner la page sur une équipe de collègues, sur une relation intime ou sur un pays, c’est prendre un risque. Sortir de son petit confort pour se tourner vers le reste du monde.

Mais c’est souvent à travers ces risques qu’on apprend de nouvelles facettes de soi, qu’on avance, qu’on gagne en maturité. Confronté à une adaptation à notre nouvelle situation, on se découvre et on se questionne. Se présenter à d’autres exige de se questionner sur l’image que l’on a de soi, sur la perception des gens sur sa propre personne. Et dans ce genre de situation, on doit faire preuve d’humilité et d’ouverture. À l’ère où il est possible de tout savoir sur les gens en quelques clics, on doit aller au-delà des idées convenues et des résultats de recherche. On doit revenir à notre instinct et se laisser guider.

Aujourd’hui je débute une nouvelle aventure professionnelle que j’espère remplie de bons moments, d’apprentissages et de plaisir. J’ai laissé vendredi une équipe formidable où je me suis fait des amis et où j’ai beaucoup appris. Mon parcours professionnel a été bonifié mais ma personne est aussi teintée de ces belles rencontres.

Merci la vie de m’offrir toutes ces opportunités!

 

Photo : Unsplash | Erda Estremera

Une nouvelle route…

Andrew Ruiz

Il y a des gens que l’on rencontre et qu’on sait d’ores et déjà qu’ils ne seront que de passage. Des connexions temporaires et éphémères… Sur le coup, on sent un certain lien mais finalement on réalise qu’on a peu en commun… Et pour d’autres on sait que c’est une belle et longue relation qui commence.

Aujourd’hui je quitte un monde, je mets un terme à un mandat, un pan de ma vie… Peut-être pour toujours, peut-être pour quelques temps seulement… Je n’en sais rien en fait, c’est la joie d’être consultant. Cette part d’inconnu me plaît, je m’y suis habituée et j’y suis confortable. Certaines personnes de mon entourage font de l’urticaire juste à l’idée de s’imaginer dans ma position… Moi j’y suis comme un poisson dans l’eau. Quand je sens que j’ai fait le tour et que je n’ai plus de rien à apprendre, je quitte, toujours en bons termes et avec des relations ainsi que des connaissances de plus dans mon baluchon.

Rencontrer de nouvelles équipes et affronter de nouveaux défis ne m’effraie plus… Je m’y suis fait et même plus, j’y suis à l’aise. Cette période d’adaptation est devenue pour moi nécessaire. J’aime découvrir et explorer un nouveau monde. Les personnalités sont aussi un monde fascinant! Approfondir des relations, décortiquer la façon de voir les choses d’une nouvelle équipe est une étude sociologique en soit! Et pour moi c’est du bonbon…

Moi qui étais anxieuse à la limite agoraphobe… Je ne croyais jamais arriver là un jour. Mais j’y suis et je m’assume pleinement. Il y a ces papillons dans le ventre et cette adrénaline qui alimentent les sens à une puissance extrême… C’est presque une drogue! Ça stimule, ça donne un boost d’énergie. Ça vient compenser pour l’aspect plus triste de quitter une équipe pour en rejoindre une autre.

Car il y a cette part plus sombre de cette dynamique, soit celle de partir. De laisser des gens derrière soi, même si on sait qu’on ne part pas bien loin, est toujours crève-cœur. Avoir ses repères, connaître ses collègues et savoir les forces et faiblesses de chacun, c’est sécurisant. Savoir qu’en cas de situation difficile, on sait qui aller voir, on comprend comment les choses se passent, pourquoi c’est comme c’est. La zone de confort…

Quand on recommence, on doit réapprendre tout cela, on ne comprend pas toujours les tenants et aboutissants, les décisions passées, l’historique… Les vieux conflits, les discussions qui ont déjà eu lieu…

Aujourd’hui je tourne une page, je clos un chapitre. Ce fût une belle histoire et surtout de belles rencontres. Enrichissantes, motivantes et parfois déroutantes. Il y a des rires, des visages et des expressions qui me manqueront. J’y ai eu des échanges musclés, des discussions loufoques et des découvertes passionnantes. J’ai grandi et appris tellement de choses. Et je remercie la vie de m’avoir amenée sur cette route qui m’aura permis d’évoluer et d’apprendre à me connaître encore plus.

Ce n’est qu’un au revoir comme dit la chanson. Le monde est petit et la vie, pleines de surprises!

 

Photo : Unsplash | Andrew Ruiz

La vie si simple et si fragile

Aaron Burden

Hier soir, en rattrapant les nouvelles de la journée que j’avais omis de lire, je suis tombée sur l’article de Marie-Claude Lortie dans La Presse qui s’intitulait « Courir pour vrai ». Je me suis dit : encore un autre article sur la course à pied… un peu blasée… Mais finalement, comme j’adore cette journaliste, j’ai décidé de passer par-dessus ce jugement et de donner la chance au coureur (jeu de mots du jeudi matin trop tôt…).

Et fidèle à elle-même, Mme Lortie ne m’a pas déçu. En fait, elle m’a conforté dans mon sentiment de semi-écœurantite de la gratification à outrance de la course à pied et des exploits sportifs en général qui pullulent sur mon fil Facebook. Je n’enlève rien à mes amis et connaissances qui font l’effort de se tenir en forme et de se dépasser et depuis le temps, si vous lisez mes billets, vous savez à quel point je crois en le dépassement de soi et les défis que l’on s’impose à soi-même. Mais la surabondance de partage sur les réseaux sociaux en fait une épidémie gluante de faux succès.

C’est super de se remettre en forme, de faire un marathon, de dépasser ses limites et tout le tralala… Mais est-on obliger d’écœurer le peuple avec ça? Et dans notre entourage, ceux qui ont un problème de santé, sont dans une mauvaise passe et remettent en question leur vie, ceux qui n’ont pas le courage actuellement de se bouger les fesses pour toute sorte de raison… Sont-ils obligés de subir notre exposition prolongée d’exploits?

Et on le fait pour qui au bout du compte? Pour se vanter sur notre mur social ou pour réellement avoir le sentiment, à l’intérieur de nous, de fierté et de de légèreté? Et c’est non seulement une question d’exploits sportifs mais aussi, comme le relate cette chère Marie-Claude, une question de performance relative à toutes les sphères de nos vies. Et qui dit phénomène social, dit étude sur la société. Nous ne serons donc pas surpris de savoir que des chercheurs du département de psychologie de l’Université de Houston et d’autres de l’Université de Palo Alto se sont penchés sur le sujet.

Leurs études ne parlent pas uniquement de course ou de sport, mais de toutes les performances qu’on affiche sur Facebook. Regardez mes parfaits enfants ! Mon magnifique chien ! Mes vacances de rêve ! Ma maison top design et proprissime !

Et ce que leurs travaux ont détecté s’applique particulièrement aux questions sportives.

À la longue, on n’en peut plus.

« Les recherches démontrent que les gens se sentent déprimés après avoir passé beaucoup de temps à regarder Facebook parce qu’ils se sentent mal en se comparant aux autres », lit-on en conclusion.

Ben voilà… Aucune surprise! Enough is Enough! Ça suffit le beurrage de « je suis donc ben bonne de faire mon 5 km après ma journée de travail éreintante » en plus des photos de petits plats mijotés maison, des cours de violon du plus jeune et du cabanon fait de bois de palette recyclé…

Et j’ai embarqué par moment moi aussi dans ce manège, non sans perplexité mais quand même!

Et dans cette même soirée d’hier pendant laquelle je flânais virtuellemment… j’ai été frappé d’un coup sec… Une blogueuse que j’apprécie a écrit un magnifique article dans le Journal Métro, criant de vérité et de sincérité, qui replacerait le plus froid des humains… Lydiane St-Onge a vu la réalité la frapper de plein fouet quand un appel anodin à une amie lui a rappelé que la vie de tient qu’à un fil. Son amie lui a annoncé le décès de sa mère, une femme rayonnante qui allait prendre sa retraite pour profiter de ses années de dur labeur au travail…

Je ne saurais mieux m’exprimer que l’auteure donc je vous insère un passage marquant de l’article, tout en vous invitant à le lire en entier et à méditer sur le sujet :

Nous aurons toujours une panoplie de raisons qui justifient le manque de temps. Et si on passait à côté de quelque chose en travaillant comme des fous, en mettant une grosse partie de nos économies dans les REER, pour espérer avoir une belle retraite en ne sachant même pas si nous allons pouvoir en profiter? Et si le monde qu’on s’est créé est finalement juste rempli de fausses urgences quotidiennes, qu’on se met une pression inutile pour atteindre telle position dans l’entreprise, tel statut social, pour acheter telle maison, avoir tel salaire… Et si tout cela était complètement faux?

Et si on revenait à la source, aux choses simples… Comme cette balançoire qui à sa manière nous procurait tant de plaisir et de sentiment de liberté quand nous étions petits…

Bonne journée et prenez soin de vous et de vos proches xx

Article du Journal Métro :
http://journalmetro.com/opinions/lydiane-st-onge/845522/le-moment-present

Article de Marie-Claude Lortie dans La Presse :
http://plus.lapresse.ca/screens/248e6862-b736-4364-bee3-d255d1deea49%7C_0.html

Photo : Unsplash | Aaron Burden