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Cette réalité migratoire

chuttersnap

Ce matin, en faisant défiler les écrans de La Presse+ devant mes yeux tout en buvant mon café, j’ai été littéralement happée par un titre dans les critiques de cinéma : Human Flow. Il s’agit d’un documentaire-fleuve de l’artiste chinois Ai Weiwei qui nous présente de façon réaliste le portrait des migrants, forcés de quitter leur terre et parfois se promenant de camps en camps, n’ayant plus d’attache ni de citoyenneté dans certains cas.

Bien que la critique révèle un manque de ligne directrice claire dans le récit, les images sont troublantes et déchirantes. C’est venu me chercher directement au cœur et ça m’a viré à l’envers. Dans notre petit confort nord-américain, on ne soupçonne pas toujours ce qui se déroule à l’autre bout du monde, cette souffrance silencieuse qui gâche des vies, qui tuent des gens. Des témoignages criants de vérité nous exposent à la détresse de millions de gens délaissés, abandonnés à leur sort et dont on ne parle que trop peu.

Filmé dans 23 pays, ce documentaire choc nous conscientise sur ce phénomène mais nous fait sentir aussi extrêmement impuissants, assis dans nos belles maisons confortables (et chauffées). Que faire dans un tel contexte? N’est-ce pas un droit humain de base que de se sentir chez-soi quelque part, de pouvoir se déposer et construire sa vie? Voir tous ces enfants qui grandissent sans espoir et sans racines, ça m’a vraiment bouleversée.

Les paroles d’une jeune femme résonnent encore dans mon esprit :

Nobody has shown us the way.
Where am I supposed to start my new life?

Que répondre à cela? Peut-on seulement lui promettre, collectivement, qu’elle pourra refaire sa vie? Sans papier, sans refuge, sans plan, sans même l’ombre d’une résolution de conflit, que peut-elle espérer?

Vous me trouverez peut-être déprimante ce matin mais parfois, il faut faire face à l’horreur du monde qui se déroule et cesser de se défiler. C’est facile de fuir cette évidence et de continuer notre vie sans y penser. Après tout, c’est si loin de nous. Mais la réalité, c’est que tout le monde peut un jour se retrouver dans une telle situation, même si ça peut sembler inimaginable. Et surtout, on est tous responsables du sort de l’humanité, ce n’est pas que l’affaire des dirigeants de ces quelques pays, ce n’est pas uniquement parce qu’ils ont fait des erreurs dans leur gestion, ce n’est pas détaché de nous.

C’est par nos choix, nos achats, nos décisions qu’on influence le sort de plusieurs sociétés et on doit, au minimum reconnaître ce qui se cache derrière les facettes moins luxuriantes du monde. Une prise de conscience collective aura déjà pour effet qu’on se questionnera un peu plus, qu’on s’informera davantage. Comme on dit souvent, chaque petit pas compte et je demeure une éternelle optimiste quant aux possibilités et à la force que nous pouvons avoir, tous ensemble.

Le film est présenté dans plusieurs salles à travers la province et, malgré que je ne sois pas une grande adepte des cinémas, je compte bien faire exception pour aller m’exposer à cette réalité sur grand écran. Comme si l’ampleur de la souffrance méritait que j’en aie plein la vue, comme si chacun des malheureux déplacés me conviaient à un rendez-vous intime pour me montrer ce que je ne vois pas dans ma réalité de privilégiée.

Si cela vous intéresse, vous trouverez l’horaire ici :
http://mediafilm.ca/fr/horaire_film/index.sn?code=44879413052972771

 

Photo : Unsplash | chuttersnap

Le mirage de nos vies

Ivan Slade

En ce beau petit week-end tout doux de décembre, j’ai pris du temps pour moi, j’ai relaxé, j’ai dormi, j’ai cuisiné, j’ai écouté la voix apaisante de René Homier-Roy à Culture Club, j’ai mangé une bagatelle aux pommes (miam!) et j’ai bouquiné… Des fins de semaine comme celle-là, j’en prendrais plus souvent. Ça fait tellement du bien de pouvoir s’arrêter pour refaire ses énergies et être complètement absorbée par son propre petit bonheur. Égoïste peut-être? Il n’en demeure pas moins qu’une fois de temps en temps, j’ai besoin de ça…

J’ai aussi regardé, dans le confort de mon foyer, le film Le mirage. J’en avais parlé lors de sa sortie en cinéma car l’approche préconisée me plaisait et les féministes aguerries avaient crié haut et fort qu’une certaine scène d’agression était de trop. Vous savez quoi? Moi je pense qu’elle est tout à fait pertinente et calculée. Est-ce que j’ai adoré le film? Non… J’ai trouvé qu’il était prévisible par moment, et qu’il a manqué de profondeur à d’autres mais en général, j’ai trouvé intéressant l’angle masculin sur la foutue tendance à la performance et à la perfection de notre société actuelle.

On parle beaucoup de la souffrance et la dérive vécue par une bonne partie des gens, qui se bourrent de pilules et d’antidépresseurs, comme le rôle de la jolie Julie Perreault qui incarne la femme de Louis Morissette dans ce long métrage. On la sent complètement décalée de sa vie et prise dans un tourbillon de consommation en tout genre qui ne comble jamais le vide intérieur.

Le personnage de Louis Morissette, un homme qui est dans l’excès le plus total, de la consommation de porno, aux milles et uns gadgets et aux cours multiples pour les enfants, qui zieute les popotins féminins à outrance ne semble jamais satisfait de rien. Son ami, joué par Patrice Robitaille, qui en rajoute avec son extracteur à jus qui permet d’avoir le paradis dans un verre de jus d’orange est tout à fait à propos. Cette scène m’a fait beaucoup rire car je la considère comme l’incarnation pure et simple de notre propension à chercher le bonheur dans tellement de choses éphémères au lieu de comprendre que c’est à l’intérieur de nous que l’on doit se concentrer.

Comédie dramatique, c’est un qualificatif que j’ai toujours trouvé un peu étrange mais qui s’applique bien à ce film qui fait sourire mais aussi grincer des dents. La petite vie de banlieue bien rangée avec ses voisins gonflables et ses abus en tout genre est parfaitement calquée ici et fait réaliser que l’équilibre ne tient qu’à un fil. Souvent sur la corde raide, les personnages se révèlent tous un peu superficiels et on sent une détresse dans les bas-fonds de leur vie.

Devrait-on en faire plus dans ce genre pour nous faire prendre conscience de cette vie surfaite qu’on s’impose? Entre les livres de psycho pop, les films de ce genre, les conférences new age et les émissions de télé qui nous bombardent de concepts nouveaux et améliorés pour être plus heureux, je crois qu’on a surtout besoin de moments de calme et de retrait du brouhaha pour se retrouver. Et pas besoin d’aller sur une île déserte pour cela, notre salon est parfois l’endroit idéal pour s’arrêter. Chose certaine, ça fait toujours du bien de se faire mettre en pleine face les incohérences de notre société… Bonne semaine!

 

Photo : Unsplash | Ivan Slade

Le mirage

Le mirage

Louis Morissette et Ricardo Trogi, ce duo gagnant du cinéma québécois, nous offre un long métrage qui promet de faire réfléchir : le mirage.

Un scénario qui tourne autour du couple et des relations, de surconsommation et du bonheur que l’on cherche trop souvent au mauvais endroit.

En lisant l’article d’André Duchesne dans La Presse+ ce matin, je me suis dit que ce film viendra toucher beaucoup de gens, pris dans cette spirale de la vie qu’on laisse trop souvent nous happer et qu’on croit infernale.

Avant l’idée, et bien avant le scénario, Louis Morissette a fait un constat.

« Je n’en reviens pas comment il y a beaucoup de gens qui ne sont pas heureux, dit-il. Ils ne deviennent pas ce qu’ils auraient voulu devenir. Ils sont un peu résignés dans la vie. Ils ont des enfants tôt ; ils ont un job payant, mais qu’ils n’aiment pas… »

Constat tout de même triste quand on pense qu’environ un mariage sur deux se termine en divorce… Pourquoi laisse-t-on ce mal de vivre quotidien nous pourrir la vie alors qu’on sait pertinemment que ça ne fera qu’empirer? La fameuse zone de confort? La peur de l’inconnu?

Quoi qu’il en soit, ce film fera réfléchir en plus de divertir, si je me fis à la distribution : Julie Perreault y joue la conjointe de Louis Morissette et ils sont accompagnés de leur couple d’ami, interprété par Patrice Robitaille et Christine Beaulieu.

Le mirage prend l’affiche le 5 août.

Source : La Presse+

Crédit photo : La Presse+ – Christal/Séville