Posts published on "mars 2022"

Faire pour soi

Kirill Tonkikh

Depuis le début de la pandémie, plusieurs personnes ont été déstabilisées par tout ce temps désormais libre d’obligation. Pas d’activités au programme, pas de perte de temps dans les transports, pas de tâches ou d’impératifs outre le fait de se loger, se nourrir et tenter de travailler et de continuer à vivre malgré les chamboulements. Le lin mou a régné pendant des mois, on a vu de multiples photos d’hommes en habit de haut de corps avec un simple short pour le bas (pour ne pas nommer les incidents virtuels de caméras oubliées).

Mais ce qui ressort je crois de cette pause forcée, c’est la soudaine prise de conscience du nombre de choses que l’on fait pour les autres, souvent en contradiction avec nos envies et parfois même nos valeurs. Les sorties de bureau qui ne nous tentent pas vraiment, les réunions de connaissances (qu’on ne considère pas comme des amis mais qu’on n’ose pas éviter par crainte d’être jugé), les discussions avec des gens que l’on croise mais qui restent en surface car au fond, on fait ça pour être poli…

Notre vie était parsemée de petits moments malaisants et futiles qui n’enrichissent en rien nos existences. Et du jour au lendemain, tout cela est disparu. Silence radio. Et secrètement, beaucoup de gens ont soupiré de soulagement. Plus de masque (métaphorique on s’entend), plus de sourire forcé, plus de jasette sur la météo… Soudainement, on avait une bonne raison de s’enfermer et ne pas parler à un autre humain, sauf lorsque nécessaire.

Ça peut sembler un peu sauvage ce que je décris, surtout pour les plus extravertis. Mais concrètement, on a pris la mesure de la futilité. Et surtout, on s’est reconnecté à soi, à ce qui nous tente vraiment, à nos valeurs, à ce qui nourrit notre âme. Car au lieu de regarder la série de l’heure juste pour pouvoir suivre les conversations autour de la machine à café, on a dévoré des livres dont personne ne parle, on s’est adonné aux activités qui nous correspondent.

J’ai une amie qui m’a avoué avoir changé du tout au tout ses habitudes car elle n’osait pas le faire avant de peur d’être jugée. Au lieu de la soirée télé, elle fait maintenant du tricot, des mandalas et des casse-têtes et elle s’en porte véritablement mieux. En me confiant ce qu’elle considérait elle-même comme des activités moches, elle a réalisé que le jugement venait d’abord d’elle-même, que la pression de correspondre aux modèles émanait de son propre esprit.

Je lui ai alors partagé ma vision de la chose : si on veut trop faire plaisir aux autres, on finit par décevoir tout le monde, incluant soi-même. Car on a tous en tête des gens qui sonnent faux, des gens dont on sait que le vernis finira par craquer un jour ou l’autre, que ce soit à cause de la crise de la quarantaine ou d’un coup dur de la vie. Alors que ceux qui s’écoutent et qui vivent selon leurs envies et leurs valeurs, on les ressent plus heureux, plus épanouis et on a envie de les côtoyer.

Cette amie qui s’est reconnectée dégage une énergie tellement positive que je ne pouvais faire autrement que de lui faire remarquer. Une étincelle illumine son regard, sa peau est radieuse, son dos est droit et elle bouge dans son corps différemment. Comme si elle ne portait plus le poids du monde sur ses épaules et qu’elle avait maintenant la possibilité de déplacer des montagnes.

Ça, c’est un des effets positifs d’une crise telle qu’on l’a vécue. Parce oui, il y en a du beau dans toute cette noirceur et qu’il ne faut surtout pas oublier les bénéfices. Je ne veux vraiment pas qu’on confonde cela avec de l’individualisme ou de l’égocentrisme. On demeure dans le respect d’autrui ici. Mais justement, faire du bénévolat, aider son prochain, s’impliquer dans des causes auxquelles on croit, ça aussi, c’est s’aligner avec ses valeurs et principes de vie. Tout comme se permettre de ne pas être toujours disponible aux milles activités et sorties; ça peut faire du bien, autant à soi qu’aux autres. Car lorsqu’on se rend disponible pour vrai, on est tout là, on est plus investi et présent. Faire pour soi, ça ne veut pas dire faire au détriment des autres. Ça veut juste dire être authentique. Et c’est une valeur qui mérite toute notre attention.

Photo : Unsplash \ Kirill Tonkikh

Vivre et laisser vivre

Brooke Cagle

Ces jours-ci, j’ai eu plusieurs discussions avec différentes personnes de mon entourage sur l’image du couple véhiculée par notre société. En effet, à la télé comme dans les romans, on préconise beaucoup le modèle classique des conjoints qui habitent ensemble et font pratiquement tout de concert. Je comprends que pour certaines personnes ça peut en effet être le modèle qui convienne mais il me semble qu’on s’ouvre peu à des tendances différentes.

Je lisais récemment un article qui parlait des couples qui font chambre à part et des bienfaits de cette pratique. L’auteur expliquait que le manque de sommeil usait beaucoup de relation car ça rendait plus irritable. Et on n’a pas besoin d’avoir fait un doctorat en psychologie pour comprendre cet aspect négatif de la cohabitation de proximité absolue. Personnellement, j’ai un sommeil très léger et le ronflement est réellement quelque chose qui nuit à la qualité de mes nuits.

Mais si on pousse l’idée plus loin, sachant que la moitié des couples se séparent et que dans le lot, beaucoup se retrouvent en garde partagée, n’est-il pas plus judicieux de faire maison à part pour garder une part d’ennui, de distance qui amplifie le plaisir de se retrouver? Je suis entourée de parents qui se questionnent sur leur nouveau modèle de couple, après une longue relation qui a pris fin et une nouvelle réalité qui bouscule les conventions. Étrangement, pour certains, il y a une certaine culpabilité à ne plus vouloir à tout prix partager le quotidien avec la nouvelle flamme.

En fait, je ne crois pas qu’il existe un seul modèle et c’est là toute la nouveauté. Pendant des décennies, on nous inculquait le « papa + maman + enfants = maison commune et on n’en parle plus ». Aujourd’hui, est-on encore à l’aise avec cela? On a réussi (non sans peine) à s’ouvrir collectivement aux nouveaux genres, aux iels, aux trans, aux pansexuels et autre forme de sexualité et de définition plus ou moins précise mais on dirait que le modèle du couple demeure rigide.

Un ami m’a récemment avoué du bout des lèvres ne plus avoir envie de cohabiter, qu’il n’avait pas réalisé qu’il avait besoin de sa bulle à ce point. Il part marcher tous les matins avec son chien et de revenir à la maison, tranquille sans que personne ne lui parle lui procure un plaisir fou. Doit-il se sentir coupable, déphasé ou simplement lui-même? J’opte volontiers pour la dernière réponse mais je sens un tiraillement chez-lui qui me semble venir de l’éducation et de ce que la société projette du « couple idéal ».

J’imagine qu’un homosexuel a dû se sentir aussi décalé pendant des années alors que nulle part on montrait des modèles qui lui ressemblaient. Mais pourquoi ressent-on ce besoin de normaliser, de standardiser à tout prix? Pourquoi le « vivre et laisser vivre » est-il si ardu à mettre en application? Je ne parle pas de partager une citation sur son fil Facebook sans se remettre en question. Je parle de le ressentir quand on rencontre des gens qui ont choisi de sortir du moule, de les accepter, de tenter de les comprendre et de même, parfois, se brasser la cage et se projeter dans ce nouveau style et se demander si cela est possible pour nous.

Tout le monde n’est pas fait pour vivre seul et grand bien fasse aux couples heureux de cohabiter et partager 100% de leur quotidien. Mais j’aimerais juste qu’on accepte que chacun a le droit à sa façon d’être, de vivre et de penser dans l’optique où ça ne nuit pas aux autres et que c’est fait de manière saine et assumée.

La pandémie nous a donné un temps d’arrêt et beaucoup se sont remis en question au niveau de leur mode de vie professionnel, du stress et de la surcharge qui s’étaient accumulés depuis trop longtemps. Mais au niveau social, il serait peut-être temps de lâcher du lest un peu aussi non? De se dire basta, on vit comme on l’entend et on ne juge pas les autres qui sont différents? Bref… petite réflexion matinale en ce mardi printanier (oh joie, la lumière et les rayons chauds qui nous chatouillent sont de retour). Bonne semaine!

Photo : Unsplash \ Brooke Cagle

Recette de gâteau aux amandes et poires

Depuis plusieurs semaines déjà, je me suis lancée allègrement dans la cuisine. Loin de moi l’idée de devenir une pro mais j’avais envie de mieux gérer mon alimentation, pour des raisons évidentes de santé mais aussi pour comprendre et décortiquer ce que je donne comme carburant à mon corps. Mine de rien, ce qu’on ingère a un impact direct sur notre état, autant mental que physique. C’est comme un investissement ; si on place bien ses sous, on en récolte le fruit. Même chose pour l’alimentation : en se nourrissant bien, on profite d’un état plus agréable.

Dans cette optique, j’ai beaucoup lu et écouté de balados sur le sujet. Et du matériel, il y en a à profusion, de quoi en perdre son latin. Entre les supposés professionnels qui tentent, au bout du compte, de vous vendre leur poudre magique et les granos qui voudraient qu’on ne mange que de la laitue… je cherchais mon chemin disons. Alors je crée tranquillement ma propre voie puisque j’ai compris une chose : il y a autant de besoins alimentaires que d’humains sur terre. En d’autres termes, chacun de nous a ses contraintes, ses goûts et ses besoins donc la formule magique, elle n’existe pas. C’est pourquoi j’ai investi ce temps à m’informer et me former sur le sujet.

Je ne me prétends pas autre chose qu’une simple « essayeuse »… Je fais des essais et des erreurs, je mesure, j’analyse, je goûte, je recommence… Je n’ai aucune formation et je le précise car je ne voudrais pas que quiconque décide de me suivre comme une gourou. La seule chose que je vous conseillerais, c’est de prendre le temps de vous connaître, d’essayer vous aussi et de trouver ce qui vous convient.

Les recettes que je partagerai avec vous, ce sont mes découvertes personnelles. Je cherchais à réduire ma consommation de farine trop riche en glucides, à diminuer les sucres raffinés, à transformer des recettes chouchous mais trop grasses/sucrées en version plus santé… Donc je me lance dans cette mer de recettes adaptées même s’il en existe des millions. Mon blogue ne deviendra pas un grand répertoire de recettes, mais j’y lancerai quelques idées comme ça. Vous me donnerez vos commentaires!

Alors la première recette que j’ai retravaillée est un dessert, moi qui n’ai pas trop la dent sucrée dans la vie hahaha Mais j’ai toujours aimé le gâteau aux pommes et toutes les recettes que j’ai essayées ou simplement lues étaient ultra sucrées et caloriques. Quand je décide de me faire un dessert, ce n’est pas pour avoir mal au cœur pendant deux heures… Alors voici ma version transformée (et j’avais des poires à passer alors celle-ci est aux poires).

Bonne dégustation!

Recette de gâteau aux amandes et poires

Environ 9 portions
Cuisson 40 minutes

Ingrédients
2-3 poires ou pommes (selon la grosseur)
125g de poudre d’amandes
125g de yogourt nature 0% (ou grec)
3 cuillères à soupe combles de miel
3 œufs
2 cuillères à thé de poudre à pâte
Cannelle au goût

Préparation

Préchauffer le four à 350 °F.
Dans un grand bol, verser la poudre d’amandes, la poudre à pâte et le miel. Battre lentement pour bien mélanger. Ajouter les œufs et le yogourt puis battre pour obtenir une substance relativement homogène. Ce sera assez liquide et c’est normal!

Beurrer et fariner un moule à gâteau. Personnellement j’ai pris un moule carré de 8 pouces mais si vous désirez démouler plus facilement, je vous suggère un moule en silicone rond.

Verser votre mélange dans le moule.
Couper les poires en quartiers et les déposer sur le mélange (elles vont s’enfoncer dedans).
Saupoudrer de cannelle au goût (ça pourrait être une autre épice, selon vos préférences. Vous pourriez aussi mettre des amandes effilées ou des pépites de chocolat mais ce serait différent comme goût et je n’ai pas essayé).

Mettre au four (grille au milieu) pour environ 40 minutes. Je dis environ car selon votre four, ça peut être plus rapide (entre autres à convection) donc vérifiez après 30 minutes.

Sortir et laisser refroidir avant de démouler.
Vous pouvez servir avec une touche de crème épaisse 15% pour une version un brin plus cochonne 😉

À titre indicatif seulement (calculé via une application donc très approximatif – aucune valeur scientifique)
Valeurs nutritives par portion (si le gâteau est séparé en 9 portions)
Calories : 150 kcal
Protéines : 7 g
Glucides : 9 g
Sucres : 8.5 g

Lire pour s’éduquer

Guzel Maksutova

Durant les derniers mois, j’ai lu beaucoup de livres, boulimie littéraire assumée. Je me suis lancée dans ce sain refuge pour chasser la grisaille, la dépression saisonnière ainsi que les angoisses liées à la pandémie. Des romans légers aux polars profonds, j’ai exploré large. Mais depuis quelques jours, je m’intéresse à un bouquin très différent qui suscite beaucoup de réflexions chez-moi. Je ne crois pas qu’il existe en version française et j’ai décidé de joindre l’utile à l’agréable en lisant en anglais. Il s’intitule Food: What the Heck Should I Eat?, de Mark Hyman.

Médecin américain, il s’implique depuis des années dans de multiples comités et dans plusieurs programmes pour sensibiliser les gens à l’importance de bien s’alimenter. De plus, il tente de convaincre ses collègues médecins que la nourriture est une médecine en soi (traduction libre et basique de food is medicine) et qu’elle constitue en réalité la drogue la plus commune au monde. Drogue dans le sens qu’elle peut faire des ravages aussi graves que les drogues dures et qu’au contraire, la saine alimentation peut agir mieux que n’importe quel médicament.

Ça m’interpelle beaucoup car vivant avec une maladie chronique auto-immune, je suis constamment à la recherche de moyens naturels pour améliorer ma condition de santé. Depuis des années déjà, je cuisine pratiquement tout ce que je mange mais ça va plus loin que cela. Comprendre l’impact de chaque nutriment et être plus consciente de ce que j’ingère permet de faire de meilleurs choix. D’où cette lecture, pour ajouter des cordes à mon arc.

Ce livre, donc, sème des éléments dans mon esprit qui poussent ma réflexion à un niveau supérieur et est truffé de phrases très fortes. Du genre « Every bite you take is a powerful opportunity to create health or promote disease. » Je ne crois pas avoir souvent entendu un médecin d’ici dire ce type de phrases à ses patients ou dans les médias. À part peut-être ce cher Dr Vadeboncoeur.

Mon point n’est pas de critiquer et de pointer du doigt le personnel médical car depuis des années, on les forme à agir d’une certaine manière, à traiter plutôt que prévenir, à s’attarder au quoi plutôt qu’au pourquoi. Déformation professionnelle de ma part, je cherche toujours à comprendre la source, les bases d’un enjeu plutôt que de m’arrêter seulement aux impacts.

Je crois qu’il revient à chaque personne le devoir de s’informer et de s’éduquer, pour être responsable de sa santé et non se fier uniquement à la médecine et aux gouvernements pour régler ce genre de soucis. On a la chance de vivre dans un endroit du monde où les soins médicaux sont majoritairement payés mais je crois que nous devons tout de même faire en sorte d’en avoir besoin le moins possible. Ne serait-ce que pour notre qualité de vie…

Au même chapitre se trouve notre empreinte environnementale pour laquelle chaque citoyen a un pouvoir d’agir. Être un humain responsable, c’est s’impliquer dans sa communauté, oui, mais aussi s’impliquer dans sa façon de vivre, dans ses habitudes et dans son éducation. La plus belle qualité à mes yeux est la curiosité, celle qui permet de réfléchir et de comprendre, d’échanger avec les autres sur nos préoccupations, qui pousse à lire et découvrir des nouvelles façons d’améliorer sa condition.

Alors si vous avez envie d’une lecture qui viendra un peu confronter vos perceptions et qui vous en apprendra aussi sur comment ça se passe ailleurs, entre autres chez nos voisins du sud, je vous invite à vous procurer ce livre ou à l’emprunter à votre bibliothèque locale. Ça ne révolutionne pas le monde mais ça remet certaines pendules à l’heure, particulièrement sur les mythes alimentaires entretenus par les multinationales qui paient les études sur lesquelles s’appuient beaucoup d’organismes gouvernementaux… Car comme on dit, tout est dans tout!

Bonne lecture!

Photo : Unsplash \ Guzel Maksutova