Posts published on "janvier 2017"

Hymne à la beauté

Teddy Kelley

Pour faire contrepoids à l’horreur qui mine notre bonne humeur, j’avais envie ce matin de concentrer mon énergie et ma pensée à la beauté, au positif, à ce qui illumine nos vies et réchauffe nos cœurs. Parce qu’il n’y a pas que le mal, parce qu’il n’y a pas que la souffrance, la peur et l’incompréhension. Et surtout, parce qu’on doit, pour faire face à cela, se rappeler que la vie ne se résume pas à cela. Et qu’on doit trouver la force de garder la foi en l’humanité.

S’il y a une chose qui me donne instantanément le sourire et peut me faire oublier les pires moments de ma vie, c’est le rire d’un enfant. Quand j’entends le petit Émile, le fils de ma meilleure amie, rire aux éclats quand je le chatouille ou parce son papa a fait une bonne blague, ça évacue la moindre trace de colère ou de tristesse que je peux ressentir. Aussi, j’habite près d’une école et quand j’entends les enfants jouer et rire de joie dans la cour, c’est plus fort que moi, je souris.

Ce matin, pendant que j’entendais les témoignages des proches des victimes à la radio, je regardais le soleil se lever au-dessus des champs que je croisais sur ma route et je me disais que je suis vraiment privilégiée de me lever tous les matins dans cette belle province, dans ce coin du monde qui, malgré tout, est franchement calme et paisible. Quand je m’imagine les gens dont la journée débute comme la dernière s’est terminée, dans la misère, la faim et la souffrance, dans un pays pauvre, un camp de réfugiés ou une zone de guerre, je remercie le ciel de m’avoir fait naître au Québec, là où il fait bon vivre et où les gens sont accueillants et respectueux en général. Comme on dit, quand on se compare, on se console…

Quand je me sens troublée à l’intérieur et que j’ai besoin de me changer les idées, de retrouver ma bonne humeur et ma légèreté, je vais marcher au parc régional de la Rivière-du-Nord. Dès que je mets les pieds sur le sol là-bas, je sens la nature qui m’appelle et mon cœur s’apaiser. Et quand je suis chanceuse, je croise au hasard des sentier un cerf qui, dans le calme et le silence, me regarde sans bouger. Lors d’une période plus sombre de ma vie, j’y ai marché pratiquement tous les jours pour retrouver la paix et cet endroit représente encore pour moi un lieu d’allègement. Il faut trouver ce type de repères dans nos vies mouvementées pour pouvoir s’en servir comme point d’ancrage.

C’est aussi parmi les gestes les plus simples que l’on trouve souvent le plus de réconfort. Quand on a une journée difficile, que notre vie nous paraît perdre son sens, un câlin d’un proche agit souvent comme un baume sur notre âme qui s’égare. C’est si élémentaire mais si riche à la fois, ça ne coûte rien, que de la bonne intention et le désir de soulager la douleur du cœur. Il faut toutefois y être pleinement présent avec la personne et sentir qu’on est disponible à 100%. C’est sans doute un élément qui manque le plus dans notre société et dont chaque citoyen a le plus besoin.

Dans quelques semaines, le printemps se pointera à nos portes, fidèle au poste. Ça peut paraître dur à imaginer en ces jours gris mais il sera bien là avec sa verdure, son soleil chaud et ce sentiment de liberté. Rappelons-nous de cette beauté que la nature nous offre à chaque année, de nos belles saisons qui font que le paysage change sous nos yeux de manière exceptionnelle, du bonheur que l’on ressent devant notre jardin qui renaît et du plaisir de planter ses légumes dans son potager, de sentir nos fleurs, de l’odeur du lilas et des pivoines.

Le bonheur n’est pas dans le matériel, dans les voitures ou les grosses maisons. Il se trouve à l’intérieur de nous, dans ce que nous avons de plus personnel : notre âme. Soyons solidaires, forts et ouverts aux autres. Dans le cœur de chacun se trouve la bonté et l’amour et ce sont ces sentiments que nous devons faire ressortir, chaque jour.

Ne tuons pas la beauté du monde, comme l’a si bien écrit Luc Plamondon…

 

Photo : Unsplash | Teddy Kelley

Madame la tolérance

Peter Hershey

Hier soir, l’horreur nous a frappé de plein fouet, comme un vent glacial du nord qui vient mordre notre visage, pour nous rappeler la triste réalité du monde actuel. La violence et la haine ont surpris tout le monde dans cette belle Ville de Québec. Un attentat qui a surpris certains et qui était prévisible pour d’autres. Dans tous les cas, la tristesse règne ce matin, laissant un goût amer dans la bouche.

Les journalistes se gardent de faire des liens trop rapidement, les présentateurs de nouvelles marchent sur des œufs. Je ne suis ni l’un ni l’autre et je me permettrai, aux yeux de certains, de faire un raccourci facile. Trump vient tout juste de signer le décret pour refouler aux frontières des gens de certains pays qu’il juge menaçants. A-t-il ranimé une ferveur douteuse en déclarant la guerre au terrorisme de manière maladroite? On ne sait pas et peut-être qu’on ne le saura jamais. C’est un engrenage dangereux.

Mais chose certaine, cette gifle qu’on l’on a reçu nous réveille brutalement sur le fait que nous aussi, on peut vivre ce genre de situation. Ce n’est pas seulement de l’autre côté de la frontière ou de l’océan que les peuples se déchirent. Et pourtant, la tolérance et la solidarité me semblent des réponses si évidentes à de telles violences.

J’aimerais rappeler à tous qu’aucun territoire n’est acquis et qu’on n’a aucun droit de décider qu’une croyance, une religion, une nationalité ou une langue n’est meilleure qu’une autre. Nous sommes des humains qui habitons sur une planète, point à la ligne. On doit la partager cette terre, en prendre soin et ce n’est pas en se tapant sur la gueule qu’on arrivera à trouver la paix. La guerre n’a jamais mené à la paix, il me semble que ça fait longtemps que ça a été prouvé.

Comment ces armes sont-elles arrivées chez-nous? On ne parle pas de fusils de chasse mais bien de AK-47, une arme d’assaut qui peut fournir 600 tirs à la minute. Pas très approprié pour chasser à l’orignal… On parle de chasse à l’homme ici, rien de moins. Alors je répète, comment ça se fait que c’est chez-nous, ça? À part des militaires en zone de guerre, et encore, je ne vois pas vraiment pourquoi ces armes existent. Et dire qu’on avait un beau registre des armes à feu… Mais bon, je n’embarquerai pas sur ce sujet ce matin. On en a déjà plein les bras et plein l’esprit.

Comme après chaque tragédie de ce type, après la stupeur et le choc, on rebondit. Soyons accueillant, pour tous les citoyens, dans nos écoles, nos bureaux, nos commerces. N’entrons pas dans le jeu de la vengeance, de la méfiance, du jugement ou du protectionnisme. Nous sommes un peuple fort qui a longtemps démontré sa grandeur d’âme et sa détermination à faire un monde meilleur, dans la paix et la joie.

Ce matin, tout le monde a mal, peut ressentir de la colère, de la peur ou de la gêne de faire partie de cette communauté qui a mal agi mais l’important, c’est de se soutenir, de se sourire et de s’accepter, dans nos différences, dans nos origines diverses. La communauté musulmane a besoin plus que jamais de sentir qu’elle est bienvenue et aimée chez-elle et c’est à nous de rappeler que nous ne formons qu’un.

Madame la tolérance a failli à sa tâche hier soir mais nous devons nous tenir ensemble devant l’inimaginable horreur qui est survenue dans nos vies. Soyons solidaires, soyons courageux, soyons aimants, soyons inclusifs. Restons calmes et demeurons unis. Ensemble, nous sommes plus forts.

 

Photo : Unsplash | Peter Hershey

Les mains baladeuses

Norman Toth

Étrange goût amer dans la bouche ce matin en lisant la Presse… Encore une histoire d’inconduite sexuelle à l’Assemblée nationale, encore des mensonges, des tentatives de masquer la vérité. J’en ai marre… Marre qu’on soit confronté à la bêtise humaine, marre que des hommes au pouvoir se croient tout permis et abusent de leur situation. Et surtout écœurée de constater que rien ne change réellement…

Après avoir vu Trump mettre en péril l’accès à l’avortement de milliers de femmes dans le monde, on voit un politicien de chez-nous sous enquête pour son comportement inapproprié envers une employée, des airs de déjà-vu. Les femmes se voient confrontées à un sombre tableau en ce début d’année.

On a pris pour acquis les avancées concernant les droits des femmes mais cet équilibre est fragile et, plus que jamais, menacé. Avec un grand misogyne à la tête de notre voisin du sud et nos élites politiques éclaboussées de la sorte avec des scandales sexuels, en passant par les universités qui se sont révélées être des lieux où les agressions pullulent, on peut se demander ce qui se passe.

On a pu voir que le plafond de verre est toujours aussi présent et si on regarde le panel des dirigeants d’entreprises au Québec, les conseils d’administration, l’administration publique, bref, les hauts lieux décisionnels qui ont le pouvoir de faire avancer les choses, ce sont majoritairement des hommes qu’on y trouve.

Et pourtant… On le sait que la vision des femmes est différente et souvent rafraîchissante dans ce monde masculin parfois emprisonné dans des concepts de gestion poussiéreux. Beaucoup d’hommes rêvent en secret de voir plus de femmes à leur côté pour diriger, reconnaissant leur rigueur, leur créativité et leur énergie vivifiante. Mais très peu en parle… Et on reste pris dans ce carcan rigide.

J’ose espérer que les nouvelles générations qui prennent leur place dans la société sauront briser le moule déficient et changer les choses. Et surtout, je souhaite ardemment que les femmes ne tentent pas d’imiter les hommes et demeurent fidèles à leurs croyances profondes. Quand je vois une Nathalie Normandeau qui a choisi de copier honteusement les magouilles de ses collègues masculins, je ne trouve pas que ça projette une belle image de la gouvernance au féminin.

Je veux plus de Françoise David, d’Isabelle Hudon, de Christiane Germain et de Phyllis Lambert dans les hautes sphères, pour offrir un nouveau visage et surtout pour inspirer les jeunes femmes à prendre cette voie. Car clairement, quelque chose cloche en ce moment… Ça ne devrait pas être un tel combat de gravir les échelons quand on croit en l’égalité des sexes. Et ça ne devrait pas être si effrayant d’être une femme…

M. Paradis a été écarté du caucus libéral et de son siège de ministre mais encore une fois, j’ai l’impression qu’on tente d’étouffer une histoire troublante. Ce qui me rassure, c’est que les femmes osent dénoncer pour que cesse le cercle vicieux de l’abus de pouvoir. Mais combien n’osent pas?

Qu’est-ce qui failli dans notre société pour que des hommes se croient au-dessus des lois, plus puissants que les femmes, pour se permettre de tels comportements? Que ce soit le petit commentaire déplacé, la main sur une fesse ou pire, rien de tout cela ne devrait arriver. On parle souvent de tolérance zéro… Mais cela suppose que le geste a été commis et qu’il sera puni.

Comment peut-on arriver à éradiquer ces comportements, tout simplement?

 

Photo : Unsplash | Norman Toth

Trouvons une vraie solution

Rhendi Rukmana

Hier, des tonnes de témoignages touchants ont déferlé sur les réseaux sociaux pour cette journée mettant en lumière les troubles de santé mentale. Au fond de moi, je suis convaincue que quiconque vit actuellement une mauvaise passe a pu être ému de constater à quel point il ou elle n’est pas seul dans cette galère. Ce qui ressort de cet élan collectif est que tout le monde peut, un jour ou l’autre, vivre un épisode de trouble de santé mentale.

Il demeure toutefois dommage qu’on ait à se fier sur une grande entreprise pour financer des organismes d’aide, entreprise qui en donnant autant récoltera des crédits d’impôts faramineux. Et surtout, la santé mentale, ça se vit au quotidien, trop souvent dans l’ombre, et c’est aussi valable un 12 juillet qu’un 25 janvier. Tout comme la grande guignolée est très noble en décembre, il faut toute l’année avoir accès à des ressources et trouver de l’aide pour se sortir de sa situation périlleuse.

Ensemble, nous devons s’imposer un exercice d’introspection sur notre perception des troubles mentaux car encore aujourd’hui, quand on croise quelqu’un qui parle tout seul dans la rue, on le juge. N’ayons pas peur des mots : ça nous effraie. C’est difficile à comprendre et c’est souvent confrontant alors trop souvent, on passe notre chemin, fuyant le regard de cette personne en souffrance.

Le système de santé a rejeté un trop grand nombre de citoyens en mal de vivre et bien souvent, la rue finit par être la conséquence de cette désinstitutionalisation. Qui dit rue dit bien souvent toxicomanie, santé chancelante et violence. Et en termes de droits humains, on peut difficilement faire pire.

J’ai lu et vu un nombre effarant d’histoires de gens qui ont tenté d’avoir de l’aide et qui ont été rejetés par le système, qui ont dû ravaler leur mal de vivre, prescription en main. Mais la pilule du bonheur, elle n’existe pas. On met un petit pansement sur un trou béant dans l’âme.

Oui, les patients doivent gagner en autonomie, retrouver leur repères et ne pas être infantilisés mais peut-on les accompagner dans leurs démarches et les guider vers de jours meilleurs? On a tellement sorti des hôpitaux ces gens souffrants que bien souvent ils ne peuvent même plus y entrer. Et pourtant, la maladie mentale est une maladie, comme les autres. Et c’est un droit d’avoir accès à des soins, sans devoir être catapulté d’un lieu à un autre. Quand on ne file pas, la dernière chose dont on a envie est de devoir faire 15 appels et 18 visites pour trouver de l’aide… Prendre un rendez-vous peut devenir une montagne pour une personne en dépression et ça, tout le monde le sait.

Le milieu communautaire est en crise actuellement et ne peut plus supporter le poids de la prise en charge de ces gens isolés. Je suis convaincue qu’avec un réel effort et une analyse approfondie et réaliste de la situation, de manière objective et sans égard aux intérêts de quiconque autre que des humains qui requiert ces services, nous pourrions trouver un plan qui fonctionne.

La journée organisée par Bell est louable mais aussi opportuniste. C’est du business, de la stratégie. Mais le problème, le vrai, il existe concrètement, 24 heures sur 24. Attaquons-nous à la source au lieu de cacher le bobo derrière un écran de fumée sous des airs de campagne de promotion. Oui donner via un hashtag est bien mais si c’est pour ignorer le réel problème, ce n’est pas la bonne solution.

J’espère sincèrement que Françoise David se remettra vite sur pied, car elle serait à mes yeux la personne idéale pour mener ce combat et rallier les troupes vers une solution globale et durable.

 

Photo : Unsplash | Rhendi Rukmana

Causer pour la cause, concrètement

Cristian Newman

Nous y sommes, en cette fameuse journée où Bell cause pour la cause. L’entreprise versera, à coup de 5 sous accumulés grâce à vous, de l’aide financière à des organismes qui luttent pour aider les gens atteints de maladie mentale et leurs proches. Et c’est très noble de vouloir aider ainsi, très important quand on sait que les coupures font mal depuis des années en santé.

Mais j’ai comme un petit bémol dans cette belle harmonie (je sais, je suis un peu grinch des fois…) On donne des fonds à des organismes qui compensent pour un manque flagrant de support dans notre système officiel de santé. Et en lisant la chronique de Patrick Lagacé ce matin, je n’ai pu que m’insurger de constater à quel point on est à des années lumières d’un contexte sain dans la majorité des entreprises.

On le sait, la dépression et le burn-out font des ravages depuis plusieurs années et on peine à comprendre pourquoi. Mais quand on prend du recul et que l’on observe les coupures de personnel dans à peu près toutes les industries, avec la même charge de travail globale au bout du compte, on n’a pas besoin d’avoir un doctorat en la matière pour comprendre que les travailleurs sont surchargés et à bout.

On siphonne l’énergie de ceux qui restent, les menaçant de subir le même sort que ceux qui ont été écartés, on les traite comme des robots, dans une ambiance nocive et angoissante, et après on se demande pourquoi ils vont s’échouer dans le bureau d’un médecin avec un formulaire d’assurance entre leurs mains tremblantes.

Je ne suis pas gênée de dire que je suis passée par là, que j’ai frappé le mur à plus d’une reprise et que je disais bien sûr que moi, ça ne pouvait pas m’arriver. Parce que dans notre société, on juge ceux qui s’effondrent tout d’un coup, ceux qui figent dans le mouvement perpétuel. Un arrêt de travail, à moins d’un fauteuil roulant à l’appui, c’est vu comme une faiblesse. Soyons honnête pour une fois.

Avant, le travail était majoritairement manuel alors quelqu’un qui ne pouvait plus travailler avait des marques physiques évidentes de la raison de cette pause. Et bien souvent, il tentait d’en faire un peu quand même. Car il n’était pas épuisé moralement, seulement incommodé dans sa motricité. Mais le mal de l’âme lui, est plus sournois, n’est pas palpable et difficile à imaginer si on n’est pas passé par là.

Quand on a toujours eu une énergie de fer et qu’on fait partie des chanceux qui ne sont pas tombés sur une entreprise qui presse le citron impunément, on peut avoir de la misère à comprendre ce que c’est que de ne même pas avoir envie de sortir de son lit, de ne pas vouloir bouger, manger ou se laver. Mais c’est malheureusement la réalité de beaucoup trop de gens de nos jours. Et ce n’est pas à grand coup d’anxiolytiques qu’on règlera ce mal du siècle.

L’accès à la psychothérapie dans le public n’a jamais été aussi mince et, à 80$ la séance, ce n’est pas tout le monde qui peut se payer le privé. On m’a longtemps demandé pourquoi je n’avais pas mis plus d’argent dans mes RÉER et j’ai souvent répondu que j’avais investi dans mon âme avant de mettre des sous de côté pour ma retraite. Je préfère vivre plus pauvre mes vieux jours en ayant la paix d’esprit que d’être plus fortunée mais tourmentée.

Alors, oui, aujourd’hui, textez, appelez, twittez, snapchattez et abusez du mot clic #BellCause. Mais attardez-vous aussi et surtout à vos proches, à vos collègues et prenez le temps de comprendre leur réalité. Le vrai visage de la santé mentale, il a l’air de monsieur et madame tout-le-monde. Et on doit s’en occuper, collectivement. Pas le fuir, pas le juger, pas le rejeter. On doit l’aimer, sincèrement.

 

Photo : Unsplash | Cristian Newman