Posts published on "août 2019"

Marcher pour aider

Balkouras Nicos

Ce matin, à l’émission matinale de Radio-Canada, Patrick Masbourian recevait Patrice Coquereau qui a décidé de parcourir le Québec pour parler de santé mentale et sensibiliser les gens à cet aspect de notre société, urgent et récurrent, qu’on peine à aborder. Car les troubles anxieux prennent de plus en plus de place, envahissent la vie des gens qui s’isolent de peur d’être jugés.

Notre société, que l’acteur et conférencier considère « de confort », avec ces nombreux appareils qui nous enferment dans nos demeures et qui nous coupent du monde réel, n’aide en rien à s’ouvrir aux autres et à trouver du réconfort et de l’empathie. En effet, il est de plus en plus difficile de passer un mauvais moment puisque tout nous ramène au beau, au parfait, au bon côté de la médaille. Comme si « ne pas filer » devait être caché, devenait honteux.

C’est pour aborder cet enjeu crucial que Patrice Coquereau a décidé de parcourir les 570 kilomètres entre Longueuil et Rimouski, dormant chez l’habitant pour favoriser l’échange et recueillir les témoignages authentiques de ceux qui croisaient sa route. Documenter l’anxiété, voilà l’objectif derrière cet ambitieux projet, autant physique que mental. Il espère d’ailleurs pouvoir en faire un documentaire.

On vit dans une période où chacun est dans sa petite boîte, on est cloisonnés, donc le besoin de se relier, de se confier, de partager ses problèmes, ses entraves, ses limites, est absolument criant.

Patrice Coquereau

Ayant lui-même dû faire face à l’anxiété, il se sentait interpellé par cette cause sociale aux tentacules bien implantées, subtile et ravageuse. Car, oui, aujourd’hui encore, les préjugés perdurent et sont lourds de conséquence, privant les gens de support, de soutien, de soins et d’aide adéquate. S’avouer anxieux, pour bien des personnes, c’est s’avouer faible. Alors qu’il faut un courage évident pour oser sortir du moule de perfection qu’on nous impose de jour en jour.

Si vous désirez en savoir plus sur ce parcours et soutenir l’organisme choisi par l’acteur, je vous invite à visiter son site : https://patricecoquereau.com/pas-a-pas/.

Une personne inspirante qui a su se laisser imprégner par l’humain, le vrai, pour en faire quelque chose de beau. Ça fait du bien, non?

Photo : Unsplash | Balkouras Nicos

Tourner le coin

Karol Smoczynski

Vous savez, ce moment lorsqu’on marche sur le trottoir et, qu’arrivant à une intersection, on se fait surprendre par une bourrasque de vent, un corridor d’air qui nous coupe le souffle? La vie, c’est comme ça des fois. On avance tout bonnement, naïvement, et puis, tout à coup, on est stupéfié, dérouté, médusé… On vit quelque chose qu’on a tellement pas vu venir qu’on en est presque à se pincer pour vérifier si ce n’est pas un rêve, un mirage.

Je vis ce genre de chose en ce moment, déboussolée positivement, sortie de ma petite zone de confort, expulsée de ma bulle zen et prévisible. La vie a décidé que je devais découvrir autre chose, m’ouvrir, accepter que pour grandir, on doit prendre des risques, on doit brasser ses propres croyances et ses acquis sécurisants.

Je lui fais confiance à la vie et je sais que rien n’arrive jamais pour rien. Ça n’empêche pas mon cerveau de rouler à 200 km/h et mon corps de chercher des repères comme sur un bateau, pour me stabiliser, m’ancrer. Je crois profondément que ça prend des tempêtes pour apprécier les moments plus calmes, que ça prend des périodes plus intenses pour savourer celles qui sont plus douces. Et c’est souvent quand on ne cherche pas qu’on trouve, quand on ne se doute de rien que les surprises sont les meilleures.

Tourner un coin de rue de vie, c’est aussi s’ouvrir à du nouveau, à de la fraîcheur, comme aérer la maison après des jours de canicule. Ça revigore, ça fouette même parfois mais ça nous donne l’impression d’être vivant, à 110%. J’ai osé explorer dans ma vie mais je prenais la décision de le faire. J’ai tenté des trucs, par désir de me pousser au-delà de mes limites. Mais quand rien n’est calculé, c’est toute autre chose. Et il faut croire que ça me prenait ça.

Ces temps-ci, donc, mes certitudes sont ébranlées, mes « plans » de vie, pour le peu que j’en ai, sont remis en question, positivement je crois. On dit souvent qu’il ne faut jamais dire jamais et je suis en plein dans la preuve que cette phrase est toujours d’actualité. Garder son esprit ouvert est sans doute une des meilleures façons de ne pas vieillir aigri dans le regret. Je l’ai toujours cru. Et je dois appliquer mes réflexions à ma propre vie ces temps-ci.

Je ne sais pas pour vous mais cet été a passé trop vite. La rentrée cogne à nos portes, j’ai l’impression d’avoir vécu ces derniers mois intensément mais en même temps, j’ai ce sentiment de ne pas avoir vu passer le temps. Est-ce le lot de toutes nos saisons chaudes ou est-ce le fait de vieillir qui me donne cette perception de temps qui file à plus vive allure? Aucune idée…

Alors je vous souhaite de vous connecter à vous, de prendre le temps de vous gâter, de vous sentir, de vous aimer sincèrement. Avec le métro-boulot-dodo, la routine qui reprend ses droits et cette liste interminable de choses qu’on veut faire, on oublie parfois que l’essentiel, c’est d’être heureux.

Et si on prenait le temps de se demander, à chaque nouvelle journée qui s’offre à nous, si ce qu’on envisage de faire de ces 24 heures s’aligne avec nos valeurs, nos ambitions et nos envies? Et si on mettait de côté l’image, les comparaisons, les opinions futiles et les pertes de temps pour se concentrer sur l’essentiel? Me semble qu’on arriverait à Noël moins épuisé, non? Allez, bon sprint de rentrée chers parents et bon retour à la routine tout le monde. On va survivre, pour peu qu’on s’écoute un brin 😉

Photo : Unsplash | Karol Smoczynski

Être là

Être présent, de nos jours, est presque devenu une utopie. Quand je dis être présent, je parle d’être vraiment là, mentalement, émotionnellement et je dirais même authentiquement. Sans penser à la liste de choses à faire, aux courriels laissés sans réponse, aux prochaines vacances à organiser ou simplement à autre chose que le présent. Quand on est seul, c’est une chose. C’est à soi qu’on se ment, c’est de soi que l’on se joue. C’est notre propre énergie que l’on gaspille. Mais quand on est en compagnie de quelqu’un, ou d’un groupe, c’est mutuellement qu’on s’entraîne dans le vice bien souvent.

Sortir son téléphone pendant une conversation passe presque inaperçu en cette ère ultra-technologique. On juge cela normal puisque tout s’y trouve : nos agendas, nos listes, nos photos, nos documents, nos vies quoi. Mais vérifier l’heure d’un rendez-vous nous amène souvent à voir une notification et à se laisser happer par le tourbillon sans fin des autres possibilités que le « maintenant ». Et même quand on veut rester détaché, ça nous relance en permanence.

Pour avoir vu si souvent des gens pris de panique dans le métro à l’idée d’avoir oublié ou perdu leur précieux partenaire technologique, je réalise qu’on a un sérieux travail à faire sur cette dépendance. En même temps, c’est souvent le seul lien qu’on a avec beaucoup de gens de notre entourage. Avant, on devait attendre d’être à la maison, après la journée de boulot, pour contacter les amis et la famille. La ligne dure comme on l’appelait demeurait le seul moyen de communication en dehors d’une rencontre en personne ou le courrier qui mettait des jours à arriver.

À la vitesse que les communications se déroulent aujourd’hui, multiples et parallèles dans le monde virtuel, c’est à se demander ce que cette quantité a comme effet sur la qualité. On s’écrit pour rien, on ne s’ennuie plus, on se comprend mal et on doit réparer les morceaux échappés, les erreurs, les non-dits ou les simples « autocorrections » malencontreuses.

On le sait pourtant, rien ne remplacera la vraie présence, le regard, le câlin, le baiser, le toucher, la caresse. Mais est-ce qu’on y accorde encore autant d’importance? Si notre cercle d’amis virtuel devait se concrétiser dans notre horaire de vie, on ne pourrait jamais voir et échanger avec autant de gens. C’est donc pratique de pouvoir garder contact sans réellement être en contact. Alors, faut-il choisir, sélectionner, trier?

Beaucoup de questions sans réponse en ce petit matin pluvieux qui fera grand bien au jardin. C’est peut-être d’ailleurs cette température invitant au cocooning qui m’inspire ces réflexions. Un besoin de lenteur, de véracité, de mettre sur pause cette incessante spirale intense qui nous fait toujours courir plus vite sans approfondir réellement nos relations.

Alors, si vous n’avez pas de plan pour votre week-end, je vous invite à prévoir une rencontre, une vraie. Un souper, un party piscine, un brunch ou un simple café avec quelqu’un qui vous est cher. Et pendant ce temps, laissez votre téléphone dans votre sac, sur vibration. Pas de ding, pas de bip pour vous interrompre. Laissez-vous imprégner du moment, doux et sincère. Vous verrez, c’est presque comme des micro-vacances. Ça fait un bien fou et on en oublie les dizaines de choses qui nous attendent.

Photo : Unsplash | Bewakoof.com Official