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Une bouffée d’air

Je ne sais pas pour vous mais, personnellement, je crois que j’aurais presque dormi dehors cette fin de semaine tellement cette belle température m’a fait du bien. Le soleil rayonnant, l’air plus chaud qui nous permet d’être dehors sans être enveloppé dans trois couches de vêtements et le son de la fonte des neiges, il n’en fallait pas plus pour me donner une grosse dose de bonheur dans les veines.

J’ai toujours adoré le printemps, cette période de renouveau et de retrouvaille avec nos jardins, mais j’avoue que cette année, ce sentiment est amplifié par le manque de liberté des derniers mois. J’ai eu l’impression de vivre dans un carcan, pas seulement à cause du couvre-feu mais par le fait de ne pouvoir voir pratiquement personne et devoir calculer mes déplacements avec un petit fond d’angoisse constant.

Ces journées chaudes et ensoleillées sont comme un baume sur mon anxiété et m’apaisent grandement. J’en avais besoin de façon criante et j’ai apprécié chaque minute que j’ai pu passer à l’extérieur. J’ai beau avoir rénové l’entièreté de ma maison, il n’en demeure pas moins que je suis une fille de « dehors ». D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé jouer dans la terre, être pied nu et admirer la nature.

Ce matin, j’entendais à la radio une chroniqueuse se demander si on allait avoir de la misère à retrouver nos réflexes de camaraderie, à sortir de nos coquilles pour aller vers les autres, une fois que tout ceci sera chose du passé. Et je me suis mise à réfléchir à cet aspect sauvage qui nous a habité pendant des mois.

On sera assurément content de se retrouver mais malgré les nombreux désagréments, j’ai réalisé à quel point il est important d’être bien seul avant de pouvoir l’être avec les autres. Cultiver son bonheur personnel pour être en mesure d’ensuite le partager me semble primordial. D’avoir été autant privé de contact nous fera assurément réfléchir sur nos relations, sur celles qui nous ont manqué mais aussi sur celles dont on s’est libéré.

La vie est un cycle et certaines personnes entrent dans la nôtre pour toujours alors que d’autres ne sont que de passage. L’éloignement, quoique souffrant par moment, permet ce recul et cette mise au point sur l’attachement que l’on ressent. Tout comme il permet de se déposer et de réfléchir à soi, à son être, à son état, mental et physique.

Vous me direz qu’on a tellement eu de temps pour penser qu’on a maintenant envie d’agir avec une ferveur rarement ressentie. Mais ne nous précipitons pas car le piège serait de sauter à pieds joints dans le futur sans prendre conscience de la richesse de cette expérience douloureuse. Ralentir, c’est ce que nous avons appris de force. Et c’est une force que nous avons acquise.

Prendre le temps, savourer, écouter, ressentir… On courrait constamment après tout et forcé de s’arrêter, on a constaté finalement qu’on ne courrait après rien. Il ne faudrait pas perdre ce bel atout.

Au début de la pandémie, je n’arrivais plus à lire, à écrire, à sortir courir et même à cuisiner sainement. Tout me paraissait lourd, vide de sens. Alors qu’heureusement aujourd’hui j’ai retrouvé ces plaisirs avec encore plus de bonheur. Prendre soin de soi, de son corps autant que de son esprit, c’est le meilleur investissement que l’on puisse faire.

Alors en ce joyeux printemps, je vous souhaite la santé, dans toutes ses sphères. Profitez-en pleinement, humez la nature qui reprend vie, gorgez-vous de cette belle lumière et surtout prenez-soin de vous.

Photo : Unsplash | Ralph Katieb

Les impacts pandémiques

Depuis le début de cette situation exceptionnelle, on s’ajuste, on s’adapte, non sans peine, à tous les bouleversements et les diverses annonces qui nous demandent de changer nos routines. Les masques, le lavage des mains, la distanciation… Tout ceci est maintenant intégré dans nos habitudes et on n’y pense même plus parfois, preuve de notre acclimatation malgré l’absurdité de la situation.

Toutefois, certains impacts sont majeurs et plus critiques que d’autres. Les nombreuses pertes d’emploi et fermetures d’entreprises, la flambée fulgurante des prix des maisons, la santé mentale qui en prend un sérieux coup et la hausse du prix de certains biens viennent chambouler de manière très importante la sécurité des gens. Tout ceci apporte un niveau de stress qu’on a rarement vu dans la société et bien qu’il soit normal qu’on s’attaque aux enjeux courts termes, il faudra bien un jour voir la réalité en face : on ne va pas si bien que ça.

Personnellement, mes nuits sont de mieux en mieux, j’arrive à me détacher de cette troublante période que l’on vit pour retrouver une certaine paix intérieure. Mais malgré tout, je sens que ça prend une énergie supplémentaire pour simplement vivre sereinement, ce qui est relativement dichotomique. Le manque de légèreté et de spontanéité dans ma vie me pèse et je sens que tout tient de peur comme on dit. On voit la lumière au bout du tunnel mais ciboulette qu’on le trouve long ce tunnel!

Hier, je suis allée faire l’épicerie dans un lieu où j’allais rarement avant. Je ne veux pas ici faire un débat sur les chaînes d’alimentation mais je n’ai pu m’empêcher de faire un petit exercice de calcul. Pour mettre en contexte… J’ai toujours été plus portée à aller chez IGA que dans les Super C ou Walmart.

Mais, je ne sais pas si c’est généralisé, depuis plusieurs mois, je trouvais que mon épicerie me coûtait vraiment beaucoup plus cher. J’avais beau acheter « en spécial », ne pas exagérer sur les produits considérés de luxe et cuisiner majoritairement tous mes plats, la facture ne cessait de grimper.

Alors hier, je suis allée au Super C pour faire mes achats. À mon retour, j’ai pris ma facture et j’ai calculé ce que m’aurait coûté les mêmes produits à l’autre bannière. Bonne joueuse, j’ai même cherché les spéciaux d’autres marques pour substituer ceux à prix réguliers, question d’être réaliste dans mon exercice.

Je m’attendais à un écart mais pas aussi grand. Pour une facture de 67.69$ au Super C, il m’en aurait coûté 87.31$ au IGA. J’étais sous le choc. Comment se fait-il qu’on soit si loin d’un équilibre? Comment justifie-t-on de facturer si cher des produits de même provenance? Car, on va se le dire, la défaite des conteneurs bloqués dans le port ne passe pas car toutes les bannières vivent le même calvaire…

Bref, cet exercice m’a permis de réaliser à quel point on nous tient pour acquis et surtout, que la beauté d’un lieu ça se paie. Vous me direz que la plupart des gens avait compris ça depuis longtemps. Sans doute, mais avec la pandémie, ce phénomène a été amplifié. Tout coûte plus cher, comme on l’a vu avec le bois traité l’été dernier, mais certains en abusent plus que d’autres.

On est déjà stressé et préoccupé par cette situation qui nous gruge notre énergie et nous fait craindre le pire dès qu’on doit sortir de chez soi, ce serait quand même bien qu’on n’ait pas à se mettre à douter de chaque commerçant.

Et comprenez-moi bien, je me considère comme privilégiée, travaillant dans un domaine qui a pu simplement se tourner vers le télétravail pour compenser la fermeture des bureaux. Je gagne bien ma vie, j’ai une maison, je n’ai rien pour me plaindre. Mais justement, moi qui n’ai pas la préoccupation de savoir si j’aurai assez de sous pour nourrir ma famille ce mois-ci, je me dois d’utiliser ma voix, aussi petite soit-elle pour soulever des enjeux que d’autres n’ont tout simplement pas le temps de décrier.

Cette pandémie a mis en lumière un manque cruel de ressources dans le réseau de la santé ainsi que sa lourdeur administrative, a démontré à quel point on manque d’agilité dans notre gestion des crises qui surviennent et surtout, a fait remonter les inégalités sociales. Alors s’il y a bien une leçon à tirer de cette horrible période, c’est qu’on a tous besoin les uns des autres et qu’on doit s’entraider, s’épauler et se servir de nos outils pour faire avancer le monde dans le bon sens. Voilà, c’est dit.

Sur une note plus positive et pour pallier cette grisaille (et au dernier petit coup de froid matinal), je vous invite à vous inscrire aux paniers bios de nos producteurs d’ici, qui travaillent d’arrache-pied pour nous offrir de merveilleux produits frais, biologiques et de grande qualité. Les bananes et les avocats qui ont parcourus des milliers de kilomètres n’ont rien de « normal » mais on s’y est habitués me direz-vous. La moindre des choses, c’est de compenser par des produits bien de chez-nous faits avec l’amour de la terre et l’espoir d’une relation plus saine avec les aliments. Vous en jaserez avec votre producteur, il vous transmettra assurément sa passion et sa vision de l’agriculture.

Pour les paniers bios, c’est par ici.

Photo : Unsplash – Gabriel Gurrola

Le doux retour

Oh qu’il y a longtemps que je ne suis pas venue ici… Une pandémie, deux déménagements (une vente et un achat), des travaux majeurs sur ma maison et une séparation, ça vous chamboule des habitudes! Mais ce matin, j’avais envie d’écrire, de laisser aller mon esprit à des réflexions et surtout, en cette période d’enfermement, j’avais envie de partager. On se voit peu, on se parle moins, on s’isole, on se prive, on souffre en silence parfois. L’être humain est un être de relation et certains de nos besoins les plus fondamentaux sont plus ou moins comblés actuellement.

Qu’est-ce qui sortira de tout cela? Qu’est-ce que nous serons une fois vaccinés, protégés et relâchés dans nos habitudes? Est-ce qu’on redeviendra comme avant? Est-ce que le naturel de 2019 reprendra ses aises ou si, au contraire, notre nouvelle façon de vivre laissera des traces indélogeables? En toute honnêteté, je nous souhaite que certains nouveaux aspects demeurent. Entre autres, la propension au télétravail qui sauve des milliers d’heures de transport aux gens et qui aide grandement notre environnement.

Mais aussi, notre façon de ralentir, notre rythme plus lent, notre prise de conscience de cette course inutile au bonheur éphémère. Les restaurateurs ont bien entendu été parmi les grands perdants de cette pandémie mais combien de gens ai-je entendu me dire : j’ai réalisé à quel point je dépensais pour rien dans des trucs pas du tout prioritaires et surtout, qui ne m’apportaient rien. Plusieurs ont mentionné ces sorties pour échapper à la lourdeur du quotidien. Et, confrontés à cette privation, beaucoup ont modifié leur façon de voir les choses, leur approche de la vie.

J’ai l’impression qu’une fois la tempête passée, on appréciera plus les petits bonheurs. Qu’au-delà des grandes sorties flamboyantes ou des fameux 5 à 7 pris pour acquis et ancrés dans nos traditions, on verra plus l’humain au cœur de nos échanges, de nos priorités. Car c’est quasi universel : ce qui nous a manqué dans les derniers mois, ce sont les gens. Les câlins, les sourires, les accolades, les fous rires, les moments de qualité, les partages en intimité de nos réflexions, de nos inquiétudes…

En entendant hier le PM dire que les citoyens qui le veulent devraient tous avoir reçu la première dose de vaccin pour le 24 juin, ça a donné une petite bouffée d’air, une vraie lueur dans un tunnel sombre et nébuleux. Avoir des dates cibles, ça aide toujours à concrétiser ce qui s’en vient, à se projeter dans le futur, à prévoir une sortie de crise. Et moralement, après des mois de brouillard, c’est très salvateur.
Personnellement, j’ai eu des hauts et des bas dans cette dernière année. Des creux de vague où rien ne me tentait et où je me suis repliée sur moi-même. À d’autres moments, je suis sortie de ma coquille, j’ai lu, j’ai profité du temps, j’ai savouré même la liberté amenée par le temps libre généré par si peu de déplacements. Et tout ceci, j’ai fini par le comprendre, c’est normal et même sain. On ne peut pas réagir de façon uniforme sur une si longue période de perturbations.

C’est ce qui me laisse croire aussi qu’une fois la liberté regagnée, une fois les restrictions levées, on devra se réapproprier une nouvelle vie, une nouvelle réalité. Ce ne sera pas un gros reset global, comme si tout ceci n’avait été qu’un mauvais rêve. On s’est beaucoup questionné durant ces chamboulements, et on continuera de le faire ensuite, pour se redéfinir et se demander ce qu’on veut réellement. Mais de tout cela sortira du bon, j’en suis profondément convaincue. Et je crois qu’il faut se focaliser sur justement ce qui nous a fait évoluer et non pas sur ce qui nous a tant manqué, question d’avancer et de grandir de tout cela.

Bientôt, il fera chaud, la neige fondera et on se sentira revivre. Mais le traumatisme de cette année difficile ne disparaîtra pas en même temps que les bourgeons arriveront. Déjà, d’accepter notre état de fragilité et de vulnérabilité et de comprendre qu’on devra réapprendre encore une fois une nouvelle vie, c’est la base. Car comme on le sait, vivre dans le déni, c’est jamais gagnant ?

Photo : Unsplash – Mink Mingle