Le doux retour

Oh qu’il y a longtemps que je ne suis pas venue ici… Une pandémie, deux déménagements (une vente et un achat), des travaux majeurs sur ma maison et une séparation, ça vous chamboule des habitudes! Mais ce matin, j’avais envie d’écrire, de laisser aller mon esprit à des réflexions et surtout, en cette période d’enfermement, j’avais envie de partager. On se voit peu, on se parle moins, on s’isole, on se prive, on souffre en silence parfois. L’être humain est un être de relation et certains de nos besoins les plus fondamentaux sont plus ou moins comblés actuellement.

Qu’est-ce qui sortira de tout cela? Qu’est-ce que nous serons une fois vaccinés, protégés et relâchés dans nos habitudes? Est-ce qu’on redeviendra comme avant? Est-ce que le naturel de 2019 reprendra ses aises ou si, au contraire, notre nouvelle façon de vivre laissera des traces indélogeables? En toute honnêteté, je nous souhaite que certains nouveaux aspects demeurent. Entre autres, la propension au télétravail qui sauve des milliers d’heures de transport aux gens et qui aide grandement notre environnement.

Mais aussi, notre façon de ralentir, notre rythme plus lent, notre prise de conscience de cette course inutile au bonheur éphémère. Les restaurateurs ont bien entendu été parmi les grands perdants de cette pandémie mais combien de gens ai-je entendu me dire : j’ai réalisé à quel point je dépensais pour rien dans des trucs pas du tout prioritaires et surtout, qui ne m’apportaient rien. Plusieurs ont mentionné ces sorties pour échapper à la lourdeur du quotidien. Et, confrontés à cette privation, beaucoup ont modifié leur façon de voir les choses, leur approche de la vie.

J’ai l’impression qu’une fois la tempête passée, on appréciera plus les petits bonheurs. Qu’au-delà des grandes sorties flamboyantes ou des fameux 5 à 7 pris pour acquis et ancrés dans nos traditions, on verra plus l’humain au cœur de nos échanges, de nos priorités. Car c’est quasi universel : ce qui nous a manqué dans les derniers mois, ce sont les gens. Les câlins, les sourires, les accolades, les fous rires, les moments de qualité, les partages en intimité de nos réflexions, de nos inquiétudes…

En entendant hier le PM dire que les citoyens qui le veulent devraient tous avoir reçu la première dose de vaccin pour le 24 juin, ça a donné une petite bouffée d’air, une vraie lueur dans un tunnel sombre et nébuleux. Avoir des dates cibles, ça aide toujours à concrétiser ce qui s’en vient, à se projeter dans le futur, à prévoir une sortie de crise. Et moralement, après des mois de brouillard, c’est très salvateur.
Personnellement, j’ai eu des hauts et des bas dans cette dernière année. Des creux de vague où rien ne me tentait et où je me suis repliée sur moi-même. À d’autres moments, je suis sortie de ma coquille, j’ai lu, j’ai profité du temps, j’ai savouré même la liberté amenée par le temps libre généré par si peu de déplacements. Et tout ceci, j’ai fini par le comprendre, c’est normal et même sain. On ne peut pas réagir de façon uniforme sur une si longue période de perturbations.

C’est ce qui me laisse croire aussi qu’une fois la liberté regagnée, une fois les restrictions levées, on devra se réapproprier une nouvelle vie, une nouvelle réalité. Ce ne sera pas un gros reset global, comme si tout ceci n’avait été qu’un mauvais rêve. On s’est beaucoup questionné durant ces chamboulements, et on continuera de le faire ensuite, pour se redéfinir et se demander ce qu’on veut réellement. Mais de tout cela sortira du bon, j’en suis profondément convaincue. Et je crois qu’il faut se focaliser sur justement ce qui nous a fait évoluer et non pas sur ce qui nous a tant manqué, question d’avancer et de grandir de tout cela.

Bientôt, il fera chaud, la neige fondera et on se sentira revivre. Mais le traumatisme de cette année difficile ne disparaîtra pas en même temps que les bourgeons arriveront. Déjà, d’accepter notre état de fragilité et de vulnérabilité et de comprendre qu’on devra réapprendre encore une fois une nouvelle vie, c’est la base. Car comme on le sait, vivre dans le déni, c’est jamais gagnant ?

Photo : Unsplash – Mink Mingle

Related Posts

dan carlson Le temps de vivre pleinement… 5 août 2016
chuttersnap Cette réalité migratoire 27 octobre 2017