Les petits tests de la vie

Michael Heuser

La vie fait toujours en sorte de nous envoyer des petits tests pour voir si on a appris nos leçons, si on a intégré les apprentissages semés sur notre route. Sans crier gare, elle nous fait une petite jambette pour tester nos réflexes et vérifier si cette fois-ci sera mieux que la dernière. Parfois, on tombe dans le piège, parfois, on détecte la supercherie et on se méfie. Selon notre état et notre humeur, on réagit différemment.

Mais chose certaine, on apprend, constamment. Qu’on ait réussi à se protéger ou qu’on n’ait pas vu venir le coup, on tirera un enseignement de toute expérience de vie. Tout simplement parce que c’est ça, la vie. Ce n’est ni faire de l’argent et gravir des échelons, c’est s’assagir, se bonifier avec le temps, tel un bon vin. C’est comprendre plus et mieux, c’est accepter, tolérer ou dénoncer. C’est grandir dans notre humanité.

Aujourd’hui, c’est la grande Guignolée des médias, le moment où l’on fouille dans nos poches et notre garde-manger pour redonner ce que la vie a généreusement mis sur notre route. Mais hier, c’était aussi la journée internationale des bénévoles. Deux événements ayant en commun le don de soi, sous différentes formes. Donner de son temps est aussi valable que donner son argent. Car quand on s’ouvre vers l’autre, on gagne autant sinon plus. C’est notre cœur qui récolte son butin.

Car on sait tous qu’un jour, on peut aussi avoir besoin de tendre la main et qu’à ce moment-là, il y aura, pour nous aussi, une chaîne d’amour et de respect qui nous aidera à nous rebâtir, à relever la tête et à continuer notre route. C’est ce qu’il y a de plus beau chez l’humain, son lien intrinsèque avec l’autre. Parfois, ce lien s’effrite, s’amenuise mais quand le grand vent de la douleur se lève, il finit toujours par se solidifier à nouveau.

Aujourd’hui, c’est aussi le triste anniversaire de la tuerie de l’École polytechnique, au cours de laquelle 14 femmes ont perdu la vie, le 6 décembre 1989. Un moment de recueillement est prévu à 17 h sur le belvédère Kondiaronk en face au chalet du Mont-Royal. Car quand une âme se brise et déverse sa haine dans le monde, ça crée aussi des moments douloureux comme le démontre cet événement.

La vie, on doit l’accepter ainsi, faite de hauts et de bas, de tournants inattendus, de rencontres enrichissantes, de devoir de mémoire et d’engagement social. On ne peut évidemment pas se couper du monde sans se couper de soi-même alors on saute à pieds joints dans le manège en se disant qu’on fera encore un tour même lorsque le dernier a été bouleversant. Car on ne peut se résoudre à abandonner. Nous sommes nés pour avancer, pour se battre, pour s’entraider et protéger l’autre quand il ne peut le faire.

Chacun a ses forces et ses faiblesses, qui varient presque de jour en jour. On doit par contre cesser de vivre comme si on était invincible et qu’on n’avait besoin de personne. Ce faux réflexe de protection est malsain et nous cause des soucis, nous prive de vraies relations et de connexions essentielles. J’en parle en connaissance de cause. À force de croire qu’on est plus fort, on s’affaiblit, invariablement.

Alors, chaque jour représente une opportunité, une nouvelle page blanche, un défi et une chance. L’erreur d’hier devient le tremplin de demain, la bourde d’avant devient le rempart du futur. Rien n’arrive pour rien et tout est à sa place dans la grande roue de la vie. Quand on accepte cela, qu’on l’intègre, on comprend qu’il ne nous sert à rien d’essayer de tout contrôler. Puisqu’on ne ferait ainsi que perdre notre énergie sur le futile en ratant l’essentiel et le beau : vivre.

 

Photo : Unsplash | Michael Heuser

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