Posts published on "juin 2017"

Chronique estivale

Sophia Nicholas

Ce matin, j’avance lentement… L’effet des vacances, que voulez-vous! Aucune presse, aucun stress, une température qui encourage la flânerie et la lenteur. Mon vieux matou est au même rythme que moi. On prend notre temps, on prend des pauses de notre « rien faire ». Et ça fait un bien fou!

On court en permanence, après notre vie, après nos rendez-vous, après les activités et les sorties. On ne veut rien manquer, rien perdre mais parfois, à force de trop vouloir tout voir et tout faire, on s’use. Mais la vie nous rattrape et nous rappelle qu’on doit prendre le temps de vivre, d’humer, de savourer, de regarder … C’est peut-être parce que je suis contemplative dans l’âme mais j’ai l’impression qu’à trop regarder des écrans en permanence on perd la faculté d’admirer.

Ce matin, un cardinal est venu chanter, bien installé sur la branche de l’arbre qui trône devant la porte de ma clôture dans le beau parc qui borde mon terrain. Et le temps s’est arrêté. Mon chat et moi, on est resté figés, attentifs à cette merveilleuse mélodie qui perçait le calme plat. Son magnifique plumage rouge contrastait dans la verdure du parc et ajoutait à la beauté du moment.

Et j’ai réalisé, en observant ce comportement avien de manière impromptue, que je ne prends pas assez le temps de profiter de ce spectacle de la nature. En général, je l’écoute d’une oreille distraite, en travaillant, en rangeant la maison ou en soupant mais très peu en étant totalement dans le moment présent. Et pourtant, c’est si beau et tout en simplicité. Ça ne coûte rien, n’exige ni déplacement ni matériel. C’est là, à proximité, en direct de ma cour arrière.

C’est une des facettes qui me plait le plus de l’été, cette ambiance festive que nous offre la nature, comme si elle aussi avait attendue impatiemment de pouvoir se déployer et nous séduire de ses plus beaux atours. On se sent presque impoli de ne pas la contempler tant elle fait d’efforts pour nous impressionner. Elle regorge de surprises et de merveilles, change sous nos yeux et évolue au gré des jours.

Étant née à la campagne, j’ai toujours eu besoin de ce contact avec la terre, d’être entourée d’arbres et de verdure et de pouvoir sentir le sol humide après la pluie. Et, particulièrement quand le temps est gris et pluvieux, ça me ramène dans mes souvenirs d’enfance où jouer dans la terre était un de mes grands plaisirs. Les mains dans la terre ou occupées à construire une cabane dans les bois, j’adorais toucher ce que la nature offrait de plus beau. Grimper aux arbres a longtemps été une façon de me réfugier dans mon petit monde.

Aujourd’hui, malgré mon amour de la terre, je ne grimpe plus aux arbres mais j’apprécie toujours autant cette vie permanente qui grouille autour de nous. J’adore sentir les fleurs et regarder les rayons du soleil percer les nuages pour venir luire sur les gouttes d’eau qui glissent sur les feuilles des arbres.

Pour pouvoir voir ce phénomène cyclique, il faut s’avoir s’arrêter et se connecter avec cet univers vivant. On peut facilement passer à côté, ne pas voir cet insecte qui se cache, cette petite bestiole qui attend, immobile, que nous ne soyons plus dans son champ de vision. J’admire les ornithologues qui arrivent à connaître les chants de manière précise et à distinguer les plumages. Je n’ai pas ce talent mais je pratique la contemplation avec un plaisir inégalé.

Cet été, profites-en pour vous arrêter et observer. Transmettez aux enfants ce plaisir de constater la vie qui ne cesse jamais. Déconnectons-nous de nos appareils pour revenir à l’essentiel. C’est un véritable festin pour l’âme, pour les yeux et pour le cœur…

 

Photo : Unsplash | Sophia Nicholas

Entretenir sa tranquillité d’esprit

Teddy Kelley

Dans la vie, on doit faire des choix. Dès notre plus jeune âge, on apprend les conséquences de nos faits et gestes, de nos paroles et on doit assumer. Durant notre parcours scolaire, il arrive un moment où l’on a des cours optionnels et on doit choisir ce qui nous plaît. Parfois, on décide en fonction de nos passions et nos désirs, d’autres fois, on décide de manière plus rationnelle, en regard à nos ambitions professionnelles.

Mais à force d’être confronté à des prises de décisions et de constater les effets de celles-ci, on comprend le processus du choix. Et j’ai tendance maintenant à appliquer un principe qui m’a été présenté au début de ma vie d’adulte et que, à l’époque, je ne mesurais pas concrètement :

Tout ce qui vous coûte votre tranquillité d’esprit est trop cher.

Certaines situations de vie nous affecteront plus que d’autres, dépendamment de notre expérience et de notre bagage. Ce qui résonne positivement ou négativement en nous est très personnel donc clairement, les choix ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Il devient donc primordial d’apprendre à se connaître avant tout, d’accepter qui on est et ce qui nous est arrivé pour être en mesure de faire des choix pleinement assumés.

Il m’est arrivé pendant des années de fuir mes démons, me mettant la tête dans le sable, m’anesthésiant avec des stimulations extérieures, tentant d’occuper mon esprit constamment pour éviter de ressentir. Et quand on n’est pas connecté, qu’on n’écoute pas notre instinct, c’est là qu’on ne peut pas prendre les bonnes décisions et que notre tranquillité d’esprit est amputée. Les choix en fonction de l’argent ou la notoriété sont souvent ceux qui, au bout du compte, nous usent le plus.

Heureusement, à force de frapper constamment le même mur, on finit par comprendre… Je dis ça et je connais tout de même des gens qui ont passé leur vie à fuir et à répéter constamment les mêmes patterns mais je crois sincèrement qu’un jour, la vie nous rattrape. Ce n’est pas facile d’affronter son mal-être et de décider d’aller chercher de l’aide, de cesser de courir pour s’attaquer à ce qui nous fait souffrir mais quand on passe le cap de la prise de conscience, ça devient inévitable.

Oui, la montagne peut sembler insurmontable mais dans ce cas, on doit se concentrer sur chaque petit pas et non pas garder en tête l’ampleur de la tâche. Une respiration à la fois… On finit par comprendre tout ce temps perdu à tourner autour du pot de nos malheurs, à répéter les mêmes comportements. C’est assez particulier ce concept de se regarder de l’extérieur car on a parfois l’impression d’être un étranger pour soi-même.

Mais la tranquillité d’esprit est une de nos plus grandes richesses et ça ne s’achète pas. On peut être pauvre en argent mais riche à l’intérieur et aussi grosse la maison puisse-t-elle être, autant la douleur intérieure peut être grande. Les apparences sont bien souvent trompeuses… J’ai connu des gens qui possédaient une maison immense, des Audi dans la cour et des habits très chers mais qui rentraient le soir tristes et esseulés…

Alors, si quelque chose vous tracasse ou que vous sentez qu’un déséquilibre s’installe en vous, n’hésitez pas à vous arrêter pour ressentir et identifier quelle valeur n’est pas respectée. Quand on prend le temps de s’écouter soi-même, on découvre souvent une beauté intérieure insoupçonnée.

 

Photo : Unsplash | Teddy Kelley

Vivre plus librement

Nine Köpfer

Hier, une page se tournait dans ma vie, une étape dans un processus s’étalant sur une douzaine d’années. Ça peut sembler anodin mais pour moi, ça revêt quand même un air de nostalgie. Ma psy déménage de bureau et je la retrouverai à l’automne dans ses nouveaux quartiers, dans une nouvelle ambiance, dans un nouveau contexte. Ce n’est rien de majeur me direz-vous mais quand je me remémore l’état dans lequel j’étais la première fois que je suis entrée dans son bureau, je réalise à quel point le temps a filé et surtout, je vois tout le chemin parcouru…

Pendant toutes ces années, je me suis assise au même fauteuil, racontant mes sentiments, mes déboires, mes amours, mes peines et tous mes tracas. Mes nombreuses angoisses et mes tourments ont été accueillis avec bienveillance et respect entre ces quatre murs et étrangement, ce lieu me manquera. Mais dans un sens, ce déménagement tombe à point dans ma vie, moi qui aime bouger et changer d’air. Et ce n’est que depuis un an ou deux que je suis apte à le faire sans ressentir une boule d’anxiété dans mon ventre.

On a beaucoup parlé du lâcher prise dont j’ai appris à me prémunir dans les derniers mois. On en entend parler beaucoup mais c’est un concept assez abstrait pour quiconque, comme je l’ai longtemps été, vit dans sa tête et brasse des idées. Être rationnel et pragmatique, ça rend l’exercice assez ardu. Mais avec du travail et des efforts, j’ai fini par comprendre une chose sur laquelle ma fidèle thérapeute a pu mettre des mots hier : le plus grand contrôle que l’on peut avoir est celui du lâcher prise.

J’ai longtemps été ce genre de personne qui vit de manière très structurée, qui faisait son épicerie toujours dans le même sens et dont la liste d’achats était élaborée dans l’ordre des rangées du commerce d’alimentation. Je vérifie régulièrement les cartes Google des lieux où je me rends, pour me préparer, je suis routinière, j’ai mes repères… Lentement, j’ai commencé à relâcher un peu ce carcan que je m’imposais, ressentant de plus en plus la confiance pour vivre plus librement, au gré du vent.

Contrôler mon environnement, ma vie, mes finances, mon alimentation, bref, ce qui me concernait personnellement, ça me rassurait. Mais à force de trop vouloir tout contrôler, on ne vit pas, on survit. Ce mode a été nécessaire dans ma vie pendant longtemps mais aujourd’hui, j’ai compris qu’il pouvait aussi me polluer l’existence et m’empêcher de m’ouvrir. Grâce au bon soin de mon ostéopathe, au travail de ma psy, au yoga et à la respiration profonde, et surtout à ma persévérance, j’ai appris tranquillement à relâcher la pression et à ressentir, profondément, ce qui se passait vraiment en moi.

Et en se concentrant sur l’intérieur au lieu de l’extérieur, on apprend à relaxer et on expérimente le fameux lâcher prise. Le contrôle que l’on gagne est celui de ne plus dépendre d’une panoplie de conditions ou d’éléments pour être bien. Ce qu’on tentait d’acquérir par un contrôle serré, cette paix longtemps cherchée, elle se trouve à l’intérieur et émane de nous au lieu d’être liée à un élément externe.

L’eau a coulé sous les ponts depuis mes débuts en thérapie et je suis très fière du chemin que j’ai parcouru. C’est tout un travail que celui de se construire soi-même mais c’est, comme je le dis souvent, le meilleur investissement que l’on puisse faire dans sa vie. Alors si vous ressentez que vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à consulter. À mes yeux, contrairement à ce que certains pensent, ce n’est pas un signe de faiblesse mais bien d’intelligence. Avoir la brillante idée de s’aider, c’est reconnaître que nous avons la force d’affronter nos peurs et nos démons pour offrir au monde la meilleure version de soi-même.

 

Photo : Unsplash | Nine Köpfer

Avancer ensemble

Joshua Clay

Prenez-vous le temps parfois de regarder en arrière, de voir ce qui s’est passé dans votre vie et qui vous a rendu heureux ou heureuse, ce qui vous a donné des frissons, ce qui a nourrit votre âme ou ce qui a brisé votre cœur? Je dis souvent que je n’ai pas de regrets tout simplement parce que je trouve que ça ne sert à rien de dépenser de l’énergie sur ce qui est terminé. On ne peut pas changer le passé, on peut seulement agir sur le ici et maintenant.

Facebook offre une fonctionnalité qui nous montre ce qui s’est déroulé dans notre vie à pareille date les années précédentes. Et ça me fait toujours un peu rigoler car il y a des tendances. Pour ma part, des marches en forêt dans mon parc préféré reviennent constamment, comme un message clair de devoir y retourner. Chaque fois que je vois une photo des sentiers, je ressens la même paix intérieure que celle qui m’envahit lorsque je suis sur place. C’est mon petit havre de bonheur, mon coin de paradis. Ça ne m’en prend pas beaucoup pour être heureuse 😉

Je publie très peu d’égo-portrait, trouvant que les paysages sont plus intéressants que ma petite personne. Et quand je vois cet album de moment du jour apparaître à l’ouverture du réseau social populaire, j’en suis bien contente. Je ne juge pas ceux qui le font, même si parfois ça frôle le narcissisme maladif. Et je n’ai rien contre les photos de bébés ou de chats, ça fait partie de l’ensemble et ça me fait beaucoup plus sourire que les duck face

Les photos de fierté des participants au Ironman ont été nombreuses dans les derniers jours et cela justifie la notion d’égo-portrait. Réussir quelque chose qu’on se croyait incapable d’accomplir, ça mérite bien le partage (et le champagne). J’ai lu des histoires touchantes accompagnant ces images et je crois que ça donnerait l’envie de faire du sport au plus paresseux.

Être fier de soi est une notion qui reçoit des réactions mitigées actuellement, certains la jugeant trop égoïste alors que d’autre vont la glorifier. Pour ma part, je respecte et j’encourage cette façon de se féliciter dans la mesure où ce n’est pas maladif, dans le sens que si vous passez votre temps à publier vos exploits pour aller chercher de l’amour, posez-vous des questions. Mais comme c’est plus facile de faire une publication Facebook que d’appeler un à un nos amis, je comprends et je participe moi-même à ces petits mots déposés sans prétention simplement pour donner des nouvelles et encourager les autres à entrer dans la danse. Un peu comme un appel à tous du type « dites-vous que si j’en suis capable, vous l’êtes aussi ».

Je ne comprends pas, par contre, les gens qui se permettent des commentaires et surtout des jugements à tout vent, les fameux trolls dont heureusement je suis épargnée pour le moment. À quoi ça sert de passer sa journée à critiquer tout ce qui se publie, à déverser sa haine et sa jalousie. Il me semble que c’est plus profitable de prendre soin de soi, de s’amuser, de vivre sa vie, plutôt que de juger celle des autres, non?

Heureusement, je n’ai pas ce genre de personnes qui me suit. Mon réseau est peut-être petit mais je sens que les gens qui me suivent le font pour les bonnes raisons. Pour cette envie de partage et ce désir de se questionner sur la vie, sur les valeurs que l’on prône, sur soi et sur notre façon de vivre qui peut, par moment, être déroutante. Prendre le temps de réfléchir, de s’ouvrir et d’admettre ses erreurs, c’est très salvateur et plusieurs d’entre vous avez pris le temps de me remercier d’écrire. Alors ce matin je désire simplement vous dire que vos petits mots me vont droit au cœur et qu’il me fait plaisir de partager avec vous ces petites parcelles de vie. Car à mes yeux, nous avançons ensemble de cette façon.

 

Photo : Unsplash | Joshua Clay

Le bonheur qui file

Wil Stewart

Les derniers jours n’ont pas été roses ni de tout repos. En fait, si je me laissais aller à des pensées négatives, la dernière semaine aurait pu me mettre à terre comme on dit. Mais malgré une contravention fâcheuse (genre d’inattention qui m’arrive rarement mais dont certains conducteurs de ma ville pratiquent couramment et dangereusement sans regret), la santé vacillante de mon chat qui m’inquiète et mon dos qui fait des siennes (surement lié à tout le reste), je tente de relativiser. Après tout, ça pourrait être pire…

En lisant la Presse hier, j’ai lu l’histoire d’une femme non-voyante qui a participé au Ironman de Tremblant… De quoi vous fouetter la petite misère d’un coup sec. Cette merveilleuse battante, accompagnée de son amie, a participé à cette course de 70.3 km avec le sourire et surtout, la flamme de celles qui ne s’effondrent jamais. Et quand je lis ce genre d’histoire, ça me permet de me remettre sur pied, de contextualiser ce qui m’arrive et retrouver ma bonne humeur et mon entrain.

Plusieurs personnes de mon entourage ont participé à cet événement et j’adore voir leurs photos dans mon fil d’actualités Facebook car le sentiment de fierté qui s’en dégage est extrêmement motivant. Étonnamment, ce ne sont pas les plus jeunes de mon cercle d’amis qui s’y trouvent. Il faut croire que l’âge amène son lot de volonté et de résilience qui permet de passer par-dessus les difficultés et les phases de découragement inhérentes à ce genre d’entraînement.

Cette semaine, je termine aussi un mandat qui m’a appris comme tous les autres mais celui-ci m’a amené à en apprendre surtout sur moi-même. C’est une des facettes que j’apprécie le plus de la vie de consultante. Le fait d’être en immersion dans un nouvel environnement force à s’adapter, à s’ouvrir à de nouveaux gens, à de nouvelles façons de faire et à confronter ses convictions. Et ce processus apporte son lot de questionnements et de renforcement.

Une belle semaine de vacances bien méritée m’attendra ensuite et je risque de vous laisser un peu en plan pendant quelques jours au début juillet ? Mais qui sait, j’aurai probablement des envies de partager mon bonheur dans les bois, mes réflexions mûries au bord du feu ou des recettes de camping de luxe! Mais si jamais vous n’avez pas de mes nouvelles, n’envoyez pas la police, tout est sous contrôle!

J’espère que chacun et chacune d’entre vous profitera de cette belle saison qu’on attend toujours avec impatience pour ralentir, pour savourer les bons fruits et légumes de chez-nous, pour parcourir notre belle province et pour prendre du temps en famille, entre amis, avec les proches qui nous réjouissent. C’est une des façons les plus simples mais aussi les plus efficaces de se ressourcer. Avouez qu’avec une guitare et un feu, pas mal tout le monde est heureux…

On tente parfois d’aller chercher le bonheur à l’autre bout du monde, pour se rendre compte qu’il était pourtant si près. L’été, c’est la saison idéale pour profiter de nos grands espaces, de nos petits bijoux de tourisme, des chalets et des campings qui pullulent au Québec. Honnêtement, parfois, je me demande pourquoi on n’en profite pas plus. Mais je sais que par moment, on doit aller voir ailleurs pour réaliser à quel point ce qu’on a tout près est merveilleux.

Profitez, savourez, humez et délectez-vous. Il faut savoir prendre le temps d’être et de vivre pour contempler notre bonheur. Il peut passer très vite alors si on n’est pas attentif, on le rate, comme pour les étoiles filantes. Si on ne lève pas les yeux au ciel, on ne pourra jamais savoir à quoi ça ressemble…

 

Photo : Unsplash | Wil Stewart