Vivre plus librement

Nine Köpfer

Hier, une page se tournait dans ma vie, une étape dans un processus s’étalant sur une douzaine d’années. Ça peut sembler anodin mais pour moi, ça revêt quand même un air de nostalgie. Ma psy déménage de bureau et je la retrouverai à l’automne dans ses nouveaux quartiers, dans une nouvelle ambiance, dans un nouveau contexte. Ce n’est rien de majeur me direz-vous mais quand je me remémore l’état dans lequel j’étais la première fois que je suis entrée dans son bureau, je réalise à quel point le temps a filé et surtout, je vois tout le chemin parcouru…

Pendant toutes ces années, je me suis assise au même fauteuil, racontant mes sentiments, mes déboires, mes amours, mes peines et tous mes tracas. Mes nombreuses angoisses et mes tourments ont été accueillis avec bienveillance et respect entre ces quatre murs et étrangement, ce lieu me manquera. Mais dans un sens, ce déménagement tombe à point dans ma vie, moi qui aime bouger et changer d’air. Et ce n’est que depuis un an ou deux que je suis apte à le faire sans ressentir une boule d’anxiété dans mon ventre.

On a beaucoup parlé du lâcher prise dont j’ai appris à me prémunir dans les derniers mois. On en entend parler beaucoup mais c’est un concept assez abstrait pour quiconque, comme je l’ai longtemps été, vit dans sa tête et brasse des idées. Être rationnel et pragmatique, ça rend l’exercice assez ardu. Mais avec du travail et des efforts, j’ai fini par comprendre une chose sur laquelle ma fidèle thérapeute a pu mettre des mots hier : le plus grand contrôle que l’on peut avoir est celui du lâcher prise.

J’ai longtemps été ce genre de personne qui vit de manière très structurée, qui faisait son épicerie toujours dans le même sens et dont la liste d’achats était élaborée dans l’ordre des rangées du commerce d’alimentation. Je vérifie régulièrement les cartes Google des lieux où je me rends, pour me préparer, je suis routinière, j’ai mes repères… Lentement, j’ai commencé à relâcher un peu ce carcan que je m’imposais, ressentant de plus en plus la confiance pour vivre plus librement, au gré du vent.

Contrôler mon environnement, ma vie, mes finances, mon alimentation, bref, ce qui me concernait personnellement, ça me rassurait. Mais à force de trop vouloir tout contrôler, on ne vit pas, on survit. Ce mode a été nécessaire dans ma vie pendant longtemps mais aujourd’hui, j’ai compris qu’il pouvait aussi me polluer l’existence et m’empêcher de m’ouvrir. Grâce au bon soin de mon ostéopathe, au travail de ma psy, au yoga et à la respiration profonde, et surtout à ma persévérance, j’ai appris tranquillement à relâcher la pression et à ressentir, profondément, ce qui se passait vraiment en moi.

Et en se concentrant sur l’intérieur au lieu de l’extérieur, on apprend à relaxer et on expérimente le fameux lâcher prise. Le contrôle que l’on gagne est celui de ne plus dépendre d’une panoplie de conditions ou d’éléments pour être bien. Ce qu’on tentait d’acquérir par un contrôle serré, cette paix longtemps cherchée, elle se trouve à l’intérieur et émane de nous au lieu d’être liée à un élément externe.

L’eau a coulé sous les ponts depuis mes débuts en thérapie et je suis très fière du chemin que j’ai parcouru. C’est tout un travail que celui de se construire soi-même mais c’est, comme je le dis souvent, le meilleur investissement que l’on puisse faire dans sa vie. Alors si vous ressentez que vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à consulter. À mes yeux, contrairement à ce que certains pensent, ce n’est pas un signe de faiblesse mais bien d’intelligence. Avoir la brillante idée de s’aider, c’est reconnaître que nous avons la force d’affronter nos peurs et nos démons pour offrir au monde la meilleure version de soi-même.

 

Photo : Unsplash | Nine Köpfer

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