Posts published on "mars 2016"

S’écouter et se faire confiance…

Ruthie Martin

Ce matin j’en suis à ma septième semaine de sinusite. Je n’ai pas besoin de vous dire que j’en ai solidement marre d’être malade, d’avoir le sinus en inflammation et bouché qui pousse sur mes dents, qui me donne mal au crâne et qui m’empêche de vaquer normalement à mes occupations. Me pencher provoque des douleurs et des étourdissements, me moucher me bouche l’oreille… Bref, la madame est tannée! Pourquoi je vous raconte cela? Parce que j’aurais dû m’écouter et je trouve qu’on a souvent tendance à faire taire la petite voix à l’intérieur de nous.

Au bout de 5 semaines, je n’en pouvais plus alors je suis allé voir un médecin, au privé. Je vous épargne l’attitude hautaine et désagréable de ce généraliste. Je lui ai décrit mes symptômes sachant déjà qu’il m’affirmerait que je souffrais d’une sinusite et qu’il me donnerait des antibiotiques. C’était la raison de mon rendez-vous quand même et quiconque a déjà souffert de ça peut reconnaître rapidement l’infection. Rien de surprenant jusqu’à maintenant me direz-vous. Sauf que…

J’ai la maladie de Crohn et disons que les antibiotiques qui tuent les bactéries à l’origine des sinusites ont tendance à tuer TOUTES les bactéries dans le système, incluant les bonnes bactéries de l’intestin, d’où ma réticence à consulter et à me faire prescrire ce remède. Mais comme je n’arrivais pas à en venir à bout et j’étais sur le bord d’acheter la compagnie Puffs, je me suis résignée…

Quand j’ai expliqué mon état au médecin, et que je lui ai dit que je ne prenais pas de médication régulière pour ma pathologie (ce qui se résume à un refus de traitement), j’ai senti un jugement grossier de sa part. Lui mentionnant que je prenais des probiotiques qui avaient un excellent effet sur moi, j’ai eu droit à un discours sur le fait qu’aucune étude scientifique n’a prouvé les bienfaits de ces bactéries et que ça ne changeait rien à ma santé, que c’était plus un effet placebo…

Comme on dit en bon québécois, j’ai fermé ma gueule. Parce que je voulais ma prescription et parce que je savais que ça ne servait à rien d’argumenter. Mais il m’a aussi conseillé de prendre un spray nasal qui allait aider à ouvrir le sinus pour favoriser l’écoulement. Je doutais beaucoup de ce conseil sachant que ces sprays ont tendance à provoquer un effet rebond de la sinusite. Mais je me suis dit qu’il avait fait assez d’années d’études pour savoir de quoi il parlait, malgré sa fermeture d’esprit concernant ce qui sortait du cadre pharmacologique.

Et bien j’aurais dû m’écouter, considérer le doute qui avait fait sa place dans mon esprit car devinez quoi? L’effet rebond s’est pointé à 2 h du matin… Sans grande surprise… Et j’ai sacré car depuis plusieurs années, ceux qui m’ont le plus aider au niveau de ma santé, ce sont : mon ostéopathe, ma naturopathe, ma psychologue, mon acupunctrice er ma professeure de yoga. Les approches plus humaines, plus complètes et surtout moins conservatrices ont été salvatrices dans mon cas.

Alors ce matin, avec quelques heures de sommeil en moins, je me dis qu’à partir de maintenant, je vais mieux m’écouter et me faire confiance. Ce n’est pas parce qu’un livre de médecine affirme quelque chose que ça s’applique à tous, y compris à moi. On est tous différents, on a notre système propre et on se connaît. Dans certaines situations, je me laisserai « prendre en charge » par la médecine traditionnelle. Mais mon souhait le plus cher est qu’on soit en mesure d’avoir le choix, de nous expliquer toutes les approches et surtout que ces professionnels du milieu de la santé, payés avec nos impôts ne se ferment pas à l’idée que parfois, même su la science n’est pas rendue là, ça se peut qu’il y ait d’autres voies possibles. C’est ce que j’appellerais de l’écoute, de l’ouverture et du respect. Est-ce trop demander?

 

Photo : Unsplash | Ruthie Martin

Parce qu’on n’est jamais sûr de rien…

Darrin Henein

Il y a de ces tragédies qui résonnent en nous, qui nous touchent plus que d’autres, qui viennent nous brasser le dedans. Des moments où on se questionne sérieusement sur la foi humaine, sur le sens des choses, sur la vie, sa valeur, son appréciation et surtout au fait qu’on la considère tellement trop comme acquise.

Je ne connaissais pas M. Lapierre, ni quiconque de sa famille d’ailleurs. Mais hier, en apprenant la nouvelle, c’est à sa mère que je pensais, qui, après avoir perdu son mari, perdait une partie de sa famille qui venait la rejoindre pour passer cette épreuve en solidarité. Je ne peux décrire à quel point j’ai de la compassion pour cette dame qui vient de vivre le pire cauchemar d’un parent et dans une dose inhumaine, affreuse et incompréhensible.

L’incompréhension, c’est un mot qui revient souvent depuis hier… Absurde, surréaliste… Le genre de drame qui ferait perdre la foi au plus grand des croyants, qui remet en question le fondement même des valeurs religieuses auxquelles nous avons été exposées. Comment cela peut-il arriver à des gens bons et généreux, qui aidaient les autres, qui étaient de bons citoyens? Déjà que personne ne mérite de souffrir mais là, c’est encore plus déroutant.

On sait tous qu’on partira un jour, c’est une des rares certitudes de la vie, celle qui fait qu’elle se terminera un jour. On ne sait pas quand, on ne sait pas comment mais un jour, à la fin du générique de notre vie il y aura le mot fin. Pourtant, on vit comme si c’était si loin, comme si on en avait pour très longtemps et que rien ne pouvait nous arriver. Les proches de la famille Lapierre ainsi que celles des pilotes savent aujourd’hui que la vie ne tient qu’à un fil.

On repousse à plus tard nos projets, on tarde à appeler nos proches pour leur dire qu’on les aime, on procrastine, on tergiverse… Et pourtant, on devrait prendre le taureau par les cornes et mordre à pleines dents dans la vie, dans chaque minute qui nous est donnée. Chaque moment devrait être célébré, chaque rencontre soulignée et chaque bonheur savouré… Et pourtant… On avance sans se rendre compte de la chance qu’on a.

Malheureusement, ça prend ce genre de catastrophe pour qu’on réalise la fragilité de la vie. Et dans quelques semaines, on aura repris notre petite vie, le quotidien et la routine auront repris le dessus et on reprendra nos vilaines habitudes. Comme quand on revient de voyage et qu’on se promet de prendre plus de temps pour soi, comme quand on a repris le sport et qu’on se dit que maintenant c’est la bonne… C’est si facile d’être lâche.

Mais aujourd’hui, au nom de ces victimes, on peut se dire que des moments de recueillement, de fraternité et d’amour sont de mises. Mettons sur pause nos petites habitudes, nos obligations et nos listes de choses à faire. Regardons dans les yeux les gens qui nous entourent, ceux qu’on aime, ceux qu’on ne connaît pas. Serrons dans nos bras nos amis et notre famille, soyons là, totalement présents. Car on ne sait jamais ce que la vie nous réserve…

Voir le temps qui file…

Wil Stewart

Nous sommes en 2016, l’ère de la modernité, de la technologie, de l’instantané… Tout devrait être plus facile, plus simple, plus accessible. On a bien sûr accès plus aisément à l’information via Internet, on peut communiquer de multiples façons, on peut rencontrer virtuellement en quelques secondes des gens de partout dans le monde. Mais j’ai l’étrange impression qu’on a jamais été aussi seul, aussi isolé et aussi perdu.

Beaucoup de gens de mon entourage se questionne sérieusement sur leur vie, sur ce qu’ils en font, comment ils utilisent leur temps. Entre le trafic, le boulot, la garderie, les repas, les activités familiales, les devoirs, les voyages, les fêtes… Il reste finalement que très peu de temps pour ne rien faire, pour laisser divaguer son esprit, pour se connaître et prendre le temps de se déposer. Avoir le temps d’écouter les battements de son cœur en admirant les rayons du soleil qui filtrent à travers la fenêtre, vous vous souvenez la dernière fois que ça vous est arrivé? Je parie que vous aviez moins de 15 ans…

J’écris souvent sur le sujet de la performance, que je juge malsaine dans notre société d’aujourd’hui, sur le tourbillon de la vie, sur le temps qui passe sans qu’on s’en rendu compte. Mais je réalise de plus en plus que tout le monde est dans le même bateau, mène le même combat, insatisfait et un peu amer de ce manque de contrôle sur sa propre vie. Mais on s’en va où comme ça? Si tout le monde avance de manière automatique, sans remettre en question le pourquoi de ce parcours, que deviendra-t-on?

Je me suis souvenue ce matin de mes débuts avec l’informatique, de cette passion que j’avais des ordinateurs, de la technologie. J’ai eu en mémoire les premiers essais sur MIRC, quand la connexion flanchait aux 5 minutes et qu’on discutait sur un écran très archaïque avec des inconnus. Le premier chat a été une révélation pour moi et m’a donné la piqûre. À cette époque où les profils n’existaient pas, seul votre pseudonyme vous représentait. Et souvent la première question qui venait, ce n’était pas : que fais-tu dans la vie? Mais plutôt ASV (âge, sexe, ville pour les néophytes ;-). Et si la réponse plaisait, la discussion démarrait sur les intérêts, la dernière découverte musicale et tout le tralala… On était loin de Snapchat et des photos explicites! D’ailleurs, la simple idée d’envoyer des photos, numériques de surcroît, était totalement insensée à cette époque…

Ensuite sont venus les ICQ, MSN et autres outils de communication qui se sont relayés avant l’arrivée de Facebook et des textos… Et avec le recul, je réalise que tout ça a fait en sorte d’éloigner de plus en plus les gens, de leur donner l’illusion d’être plus entouré. Mais au fond, quand vous y pensez, s’il vous arrivait quelque chose de grave demain matin, qui d’entre tous ces gens seraient réellement là pour vous? Lequel de vos 565 amis Facebook cognerait à votre porte parce que ça fait 3 jours que vous ne vous êtes pas connectés?

En écrivant cela, je pense à ma voisine, qui s’inquiète un peu à chaque matin où mon véhicule demeure dans l’entrée, signe que je ne suis pas partie travailler. On a beau avoir tous les outils numériques du monde, il reste que le regard, le vrai contact, la vraie vie, ça demeure ce qui est le plus enrichissant et le plus réconfortant. Alors, ces matins où je travaille de la maison ou que je suis malade et reste au lit, je prends la peine d’envoyer un petit message à ma voisine pour ne pas qu’elle s’inquiète. Comme quoi la technologie fait partie intégrante de nos vies… Mais je sais au moins que si je ne donne pas de nouvelles pendant quelques temps, elle viendra cogner à ma porte pour voir comment je vais. Et ça, il n’y a aucune technologie au monde qui remplacera cela.

Le temps file, les relations passent, la vie se bouscule sous nos yeux sur-stimulés… Et si on mettait tout ça sur pause, qu’on retirait les batteries de nos multiples appareils, qu’on balançait nos téléphones et autres gadgets pour ressentir la vie qui nous entoure? J’ai parfois ce rêve qui me hante et peut-être qu’un jour, je vous raconterai un périple dans la réalité, sans artifice ni connexion Internet…

 

Photo : Unsplash | Wil Stewart

Vive les moches!

Sonja Langford

Aujourd’hui, je travaille de la maison… Confortablement installée dans mon bureau, avec vue sur le parc. Les oiseaux chantent en fond sonore, la cloche de l’école primaire du coin retentira dans peu de temps. C’est ce que je considère comme un excellent début de journée. La grisaille ne m’atteint pas, la pluie qui s’amènera dans quelques heures viendra nettoyer, fera fondre la neige et, à mes yeux, est implicite au printemps, signe que la terre, après sa dormance, a besoin de se gorger d’eau pour faire face à la canicule qui, mine de rien, frappera à notre porte en juillet.

On peut décider de maugréer contre ce temps tristounet, de pester contre ces nuages épais et emplis d’eau qui feront danser la pluie toute la journée. Mais, pourquoi s’en faire avec la nature qui tente de s’équilibrer alors qu’on la maltraite toute l’année? Après un hiver en dents de scie qui nous met en plein visage l’impact de notre vie de surconsommation et de pollution, laissons donc mère nature reprendre son rythme.

De nos jours, la perfection semble être un but ultime. On voudrait que tout soit parfait, calculé et minutieusement placé dans le décor de nos vies. Un fil qui dépasse, des cheveux en bataille, un conducteur qui cherche son chemin devant nous et on s’emporte… Pour un rien qui sort du lot, on explose, on réagit, on bougonne… J’ai parfois l’impression que nous sommes un peuple à vif, réactif au quart de tour. Je ne sais pas si ce sont les manifestations des dernières années, les coupures à tout vent dans la santé et l’éducation ou le stress d’une vie qu’on peine à suivre mais je nous trouve intense.

À force de trop vouloir cadrer dans un moule sociétal né d’on ne sait trop où, on étouffe dans nos propres vies. On veut la ville et la campagne, l’argent et le temps, l’amour et l’autonomie… Des fois je me demande si on est pas juste trop gâté par la vie! Comment fait-on pour se plaindre autant alors qu’aucune bombe ne nous frôle, qu’aucune famine ne nous gagne et qu’aucun ouragan ne menace de détruire nos maisons?

Même nos légumes, on les voudrait parfaits! Quand je pense à cette entreprise qui a pris l’initiative de récupérer ceux qui avaient eu un voyage plus difficile pour en faire des sauces, des soupes et autres mélanges. Et ce site internet qui permet d’acheter des fruits et légumes aux défauts esthétiques afin d’économiser et d’éviter le gaspillage… Savez-vous qu’environ 20% des fruits et légumes cultivés ici sont jetés faute de pouvoir être mis en présentoir à l’épicerie? Heureusement, des organismes ont compris que la beauté du légume n’a aucun impact sur son goût. Et quand on pense que beaucoup de gens n’arrivent pas à se nourrir convenablement faute de budget adéquat, on se demande bien pourquoi on enverrait aux vidanges une carotte à 3 pattes ou une pomme faite sur le long!

Soyons conséquents, soyons ouverts et prenons un pas de recul. La recherche de la perfection ne fait qu’ajouter stress, anxiété et fatigue dans notre société, en plus de coûter très cher quand on parle d’alimentation. Pour notre assiette comme pour notre âme, abaissons les critères et nourrissons-nous de ce que la nature nous offre. Soyons créatifs, acceptons ce qui est, tout simplement. Parce que ça fait tellement du bien d’arrêter d’essayer d’être ceci ou cela et de plutôt être qui nous sommes. Soyons moches nous aussi!

 

Photo : Unsplash | Sonja Langford

Ici et maintenant…

Karsten Würth

Dans la vie, il arrive certains moments où l’on regarde en arrière, on observe le chemin parcouru, on constate notre évolution et les choix qu’on a fait. La personne qu’on est devenue s’est forgée à travers les multiples expériences que la vie a semées sur notre passage et sur le trajet qu’on a décidé d’emprunter. Les gens qu’on a côtoyés, les endroits qu’on a visités, les emplois qu’on a occupés, les relations qu’on a eues nous ont influencés.

Ce matin, je me remémore certains moments de ma vie avec le sourire. Je ris de certains styles vestimentaires, de certaines réactions et de décisions complètement absurdes que j’ai pu prendre par moment. La jeunesse et l’inexpérience rend parfois les choses loufoques avec du recul. Et je réalise tout de même que mon caractère un peu frondeur m’a permis de vivre des choses merveilleuses, de risquer, de réussir et d’échouer afin d’apprendre. Car je crois réellement que c’est en essayant qu’on apprend à découvrir de que l’on aime et ce qui va à l’encontre de nos valeurs.

J’ai souvent dit que je n’aime pas le regret et que je préfère m’être trompée que de passer du temps à me dire « J’aurais dû… » Et je prends conscience aujourd’hui que j’ai toujours vécu selon cette philosophie J’ai quitté des gens ou des emplois qui ne me convenaient pas, qui brouillaient mon esprit ou qui me rendaient malheureuse. J’ai visité des endroits qui m’appelaient, qui m’attiraient et qui semblaient correspondre à mon style de vie. J’ai suivi des formations diverses par intérêt, sans nécessairement que ce soit pour un avancement dans mon travail.

Je réalise aussi à quel point je me suis laissé berner par des gens, manipulateurs, malsains ou menteurs qui n’avaient que pour but de me drainer mon énergie. Mais je suis fière d’avoir pu sortir de ces situations quand le moment était venu pour moi de passer à autre chose. J’y ai laissé quelques plumes mais j’ai aussi beaucoup appris, sur moi comme sur le monde, sur ce que je dois écouter à l’intérieur de moi quand tout mon corps me crie de partir.

On a tout en nous pour fonctionner, pour être heureux, pour s’épanouir et se respecter. Parfois, on est sourd aux divers signaux que notre propre personne nous envoie et c’est tout à fait normal. Personne n’est pas parfait et on doit accepter que ce soit ainsi. Comme dirait ma merveilleuse prof de yoga : tout est parfait tel qu’il est. Admettre ce qui est et l’accueillir ainsi me semble un des plus grands apprentissages de la vie. On veut souvent changer les choses pour les adapter à notre impression de ce qui serait bon alors que souvent, une simple ouverture d’esprit suffirait. On vit dans un monde très fermé, très aseptisé où presque tout est contrôlé, chronométré et calculé.

Avoir le temps de vivre, avoir le temps d’intégrer le changement, prendre une pause pour se repositionner face aux changements… ces concepts devraient faire partie intégrante de notre mode de fonctionnement. Malheureusement, on court après nos vies comme si au bout de la ligne, on allait gagner notre place. Mais notre place est ici, maintenant, comme on est, avec nos travers et notre cœur. Et c’est parfait ainsi…

 

Photo : Unsplash | Karsten Würth