Chronique estivale

Sophia Nicholas

Ce matin, j’avance lentement… L’effet des vacances, que voulez-vous! Aucune presse, aucun stress, une température qui encourage la flânerie et la lenteur. Mon vieux matou est au même rythme que moi. On prend notre temps, on prend des pauses de notre « rien faire ». Et ça fait un bien fou!

On court en permanence, après notre vie, après nos rendez-vous, après les activités et les sorties. On ne veut rien manquer, rien perdre mais parfois, à force de trop vouloir tout voir et tout faire, on s’use. Mais la vie nous rattrape et nous rappelle qu’on doit prendre le temps de vivre, d’humer, de savourer, de regarder … C’est peut-être parce que je suis contemplative dans l’âme mais j’ai l’impression qu’à trop regarder des écrans en permanence on perd la faculté d’admirer.

Ce matin, un cardinal est venu chanter, bien installé sur la branche de l’arbre qui trône devant la porte de ma clôture dans le beau parc qui borde mon terrain. Et le temps s’est arrêté. Mon chat et moi, on est resté figés, attentifs à cette merveilleuse mélodie qui perçait le calme plat. Son magnifique plumage rouge contrastait dans la verdure du parc et ajoutait à la beauté du moment.

Et j’ai réalisé, en observant ce comportement avien de manière impromptue, que je ne prends pas assez le temps de profiter de ce spectacle de la nature. En général, je l’écoute d’une oreille distraite, en travaillant, en rangeant la maison ou en soupant mais très peu en étant totalement dans le moment présent. Et pourtant, c’est si beau et tout en simplicité. Ça ne coûte rien, n’exige ni déplacement ni matériel. C’est là, à proximité, en direct de ma cour arrière.

C’est une des facettes qui me plait le plus de l’été, cette ambiance festive que nous offre la nature, comme si elle aussi avait attendue impatiemment de pouvoir se déployer et nous séduire de ses plus beaux atours. On se sent presque impoli de ne pas la contempler tant elle fait d’efforts pour nous impressionner. Elle regorge de surprises et de merveilles, change sous nos yeux et évolue au gré des jours.

Étant née à la campagne, j’ai toujours eu besoin de ce contact avec la terre, d’être entourée d’arbres et de verdure et de pouvoir sentir le sol humide après la pluie. Et, particulièrement quand le temps est gris et pluvieux, ça me ramène dans mes souvenirs d’enfance où jouer dans la terre était un de mes grands plaisirs. Les mains dans la terre ou occupées à construire une cabane dans les bois, j’adorais toucher ce que la nature offrait de plus beau. Grimper aux arbres a longtemps été une façon de me réfugier dans mon petit monde.

Aujourd’hui, malgré mon amour de la terre, je ne grimpe plus aux arbres mais j’apprécie toujours autant cette vie permanente qui grouille autour de nous. J’adore sentir les fleurs et regarder les rayons du soleil percer les nuages pour venir luire sur les gouttes d’eau qui glissent sur les feuilles des arbres.

Pour pouvoir voir ce phénomène cyclique, il faut s’avoir s’arrêter et se connecter avec cet univers vivant. On peut facilement passer à côté, ne pas voir cet insecte qui se cache, cette petite bestiole qui attend, immobile, que nous ne soyons plus dans son champ de vision. J’admire les ornithologues qui arrivent à connaître les chants de manière précise et à distinguer les plumages. Je n’ai pas ce talent mais je pratique la contemplation avec un plaisir inégalé.

Cet été, profites-en pour vous arrêter et observer. Transmettez aux enfants ce plaisir de constater la vie qui ne cesse jamais. Déconnectons-nous de nos appareils pour revenir à l’essentiel. C’est un véritable festin pour l’âme, pour les yeux et pour le cœur…

 

Photo : Unsplash | Sophia Nicholas

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