Oser s’écouter

Jon Tyson

Parfois, il faut savoir écouter la petite voix au fond de soi, s’arrêter pour l’entendre réellement, pour ressentir l’inconfort, le mal-être qui s’installe, qui perdure. Choisir de sortir du cadre établi, de quitter ce que d’autres vont considérer comme confortable ou sécurisant, pour aller voir ailleurs, pour se sentir libre à nouveau, pour exister.

Dans la vie, j’ai fait des choix pour avoir le contrôle de ma destinée, pour me permettre d’exister à ma façon, pour avoir la liberté de quitter quand j’en ai envie, de m’investir en sachant qu’il y a une fin, de me donner à 150% sur une durée définie. J’ai fait le choix d’être consultante pour toutes ces raisons, entre autres. Mais ça vient aussi avec des responsabilités, dont celle d’avouer qu’un mandat n’est pas pour moi, que je ne suis pas à ma place. D’autres auraient peut-être choisit de se taire, de se brimer, mais ma personnalité ne me permet pas de me cacher dans un coin à attendre que la tempête passe. Je suis une femme d’action et je m’assume.

Par le passé, j’ai souvent enduré des contextes ou des milieux plus ou moins sains, parfois carrément toxiques parce que je pensais que c’était normal, parce que j’avais l’impression qu’on ne pouvait pas nommer les choses moins rigolotes et qu’on devait prendre son trou quand ça ne nous convenait pas. Avec les années, j’ai appris, un peu à la dure, qu’on a le droit de ne pas cadrer dans ce qui nous est proposé et que c’est humain.

Avec les dénonciations des dernières années et la plus récente vague, on se rend compte que beaucoup de gens, surtout des femmes, endurent plus qu’il n’est possible d’imaginer, des situations qui les blessent, les briment, les éteignent. Pourquoi? Je n’ai pas de réponse précise à cette question mais je sais que, lorsqu’on a la chance et je dirais parfois le luxe de se permettre de partir, il faut le faire, et il faut le faire la tête haute.

Je n’ai pas envie de participer à un chaos dont les autres se sont habitués alors je quitte. Au même titre que je quitterais une relation malsaine, une amitié drainante, un événement qui ne me plait pas. On appelle ça se connaître et se respecter. Quelquefois, ça demande plus de courage, des fois, on n’a pas envie d’assumer les vagues que ça va provoquer. Et parfois, on saute dans le vide car on se dit que le vide est mieux que le nuage gris qui nous poursuit si on reste.

Mais la vie c’est ça. Essayer. Se confronter à des contextes différents pour voir si on s’y plait, pour voir si ça résonne en nous ou si ça nous fait grincer des dents. Oui on peut toujours décider de faire du surplace, de rester dans son petit confort parce qu’on n’a pas l’énergie de pousser la machine. Et c’est correct aussi. C’est un cycle, une vague, un processus. Ça peut aller très vite et d’autres fois très lentement. On peut accélérer la cadence ou réduire le rythme, à notre guise.

Mais le plus important, c’est de se souvenir qu’en tout temps et en toutes circonstances, on a le choix, on est le maître. Se positionner en victime, ça n’a jamais amené quoi que ce soit de bon, ça fait juste énerver les autres et nous faire perdre notre temps et notre énergie. Oui, je sais, se plaindre ça fait du bien. Chialer un bon coup pour faire sortir le méchant, c’est ok. Passer son temps à accuser tout et son contraire au lieu d’assumer, ça c’est non.

Alors, que vous soyez un lièvre ou une tortue, sachez que le chemin emprunté est votre choix et qu’à tout moment, vous pouvez décider de rebrousser chemin, de prendre le prochain carrefour ou d’aller faire un tour hors-piste. C’est ça notre pouvoir. Celui de choisir. C’est un luxe qu’on a, ici, dans notre coin du monde assez sécuritaire pour nous permettre d’expérimenter. Profitons-en.

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