Hier soir, l’horreur nous a frappé de plein fouet, comme un vent glacial du nord qui vient mordre notre visage, pour nous rappeler la triste réalité du monde actuel. La violence et la haine ont surpris tout le monde dans cette belle Ville de Québec. Un attentat qui a surpris certains et qui était prévisible pour d’autres. Dans tous les cas, la tristesse règne ce matin, laissant un goût amer dans la bouche.
Les journalistes se gardent de faire des liens trop rapidement, les présentateurs de nouvelles marchent sur des œufs. Je ne suis ni l’un ni l’autre et je me permettrai, aux yeux de certains, de faire un raccourci facile. Trump vient tout juste de signer le décret pour refouler aux frontières des gens de certains pays qu’il juge menaçants. A-t-il ranimé une ferveur douteuse en déclarant la guerre au terrorisme de manière maladroite? On ne sait pas et peut-être qu’on ne le saura jamais. C’est un engrenage dangereux.
Mais chose certaine, cette gifle qu’on l’on a reçu nous réveille brutalement sur le fait que nous aussi, on peut vivre ce genre de situation. Ce n’est pas seulement de l’autre côté de la frontière ou de l’océan que les peuples se déchirent. Et pourtant, la tolérance et la solidarité me semblent des réponses si évidentes à de telles violences.
J’aimerais rappeler à tous qu’aucun territoire n’est acquis et qu’on n’a aucun droit de décider qu’une croyance, une religion, une nationalité ou une langue n’est meilleure qu’une autre. Nous sommes des humains qui habitons sur une planète, point à la ligne. On doit la partager cette terre, en prendre soin et ce n’est pas en se tapant sur la gueule qu’on arrivera à trouver la paix. La guerre n’a jamais mené à la paix, il me semble que ça fait longtemps que ça a été prouvé.
Comment ces armes sont-elles arrivées chez-nous? On ne parle pas de fusils de chasse mais bien de AK-47, une arme d’assaut qui peut fournir 600 tirs à la minute. Pas très approprié pour chasser à l’orignal… On parle de chasse à l’homme ici, rien de moins. Alors je répète, comment ça se fait que c’est chez-nous, ça? À part des militaires en zone de guerre, et encore, je ne vois pas vraiment pourquoi ces armes existent. Et dire qu’on avait un beau registre des armes à feu… Mais bon, je n’embarquerai pas sur ce sujet ce matin. On en a déjà plein les bras et plein l’esprit.
Comme après chaque tragédie de ce type, après la stupeur et le choc, on rebondit. Soyons accueillant, pour tous les citoyens, dans nos écoles, nos bureaux, nos commerces. N’entrons pas dans le jeu de la vengeance, de la méfiance, du jugement ou du protectionnisme. Nous sommes un peuple fort qui a longtemps démontré sa grandeur d’âme et sa détermination à faire un monde meilleur, dans la paix et la joie.
Ce matin, tout le monde a mal, peut ressentir de la colère, de la peur ou de la gêne de faire partie de cette communauté qui a mal agi mais l’important, c’est de se soutenir, de se sourire et de s’accepter, dans nos différences, dans nos origines diverses. La communauté musulmane a besoin plus que jamais de sentir qu’elle est bienvenue et aimée chez-elle et c’est à nous de rappeler que nous ne formons qu’un.
Madame la tolérance a failli à sa tâche hier soir mais nous devons nous tenir ensemble devant l’inimaginable horreur qui est survenue dans nos vies. Soyons solidaires, soyons courageux, soyons aimants, soyons inclusifs. Restons calmes et demeurons unis. Ensemble, nous sommes plus forts.
Photo : Unsplash | Peter Hershey