Regarder en arrière

Matthew Wiebe

Quand la pression tombe après une longue période de stress, mon corps a toujours eu tendance à m’envoyer des messages clairs, à déclencher le processus de rétablissement. Et avec cette phase vient toujours quelques jours pendant lesquels je file toute croche. Me voici donc pleinement dans cette partie du repos. Mal de gorge, nez qui coule, mal de tête… amenez-en des symptômes!

Mais je sais que mon système me dit que j’ai poussé la machine trop loin, que j’ai abusé de ses facultés, que j’aurais dû prendre plus soin de moi. Je la connais cette machine depuis le temps! Je voyais venir cette étape, prévisible et je dirais nécessaire.

Très utile pour m’obliger à arrêter, cette période de repos forcé sera bénéfique. Refaire mes forces, recentrer mes énergies et prendre le temps de vivre le moment présent seront mes principales activités des prochains jours, dans un chalet de Lanaudière franchement magnifique.

Mais je me demande parfois pourquoi je continue à me pousser à bout comme ça, à me donner à 300% pour un client qui, au fond, survivra très bien même si je ne donne que mon 110%. Mais avec le temps j’ai compris que j’aime ça, sporadiquement, des épisodes d’adrénaline, des missions impossibles, des défis qui apparaissent au départ comme insurmontables.

Mais, comme on dit, je commence à être trop vieille pour faire ça. Comme de veiller trop tard ou de faire le party comme s’il n’y avait pas de lendemain. Il faut s’ajuster à notre rythme, écouter les signaux qui nous dictent de prendre ça plus cool… Sinon on en paiera les conséquences. Conséquences qui se manifestent dans mon cas par toute sorte de maux physiques un peu désagréables.

Mais l’intensité fait du bien par moment, on se sent en vie, impliqué, investi. Jusqu’à ce que la pression tombe… Jusqu’au prochain défi. Et cette pression je sais pertinemment que je me l’impose moi-même. Il n’y a pas mieux que soi pour être exigeant!

En vieillissant on apprend à se connaître mais aussi à s’accepter. Moins se juger s’avère très sain car notre pire ennemi est bien souvent notre égo. Toujours présent, à l’affût d’une opportunité pour refaire surface, l’égo est au cœur de bien des soucis. Et le jugement est une de ses activités favorites, accompagné de la comparaison et du mépris.

J’ai appris avec le temps à prendre du recul pour éviter que l’égo embarque au premier plan, à le faire taire et à écouter mon cœur au lieu de cet infâme partenaire contrôlant. Et quand je croise une personne menée par son égo, au lieu de la juger, je me dis à moi-même que je suis fière du chemin que j’ai parcouru pour me libérer de son emprise.

Il me reste encore du chemin à faire, encore des signaux que je dois détecter et surement plusieurs épisodes de vie trop intenses et énergivores mais quand je regarde en arrière je me dis que j’ai accompli beaucoup de belles choses. Et les moins belles servent à apprécier le beau et à apprendre du reste. Parce c’est aussi ça la vie…

 

Photo : Unsplash | Matthew Wiebe

 

Related Posts

Clark Young Prendre le risque 23 octobre 2019
Kendall Lane La compassion : une valeur en mal d’amour… 7 janvier 2016