Sobriété cellulaire

Thom

Hier, je vous ai raconté que mon iPhone avait décidé  de s’éteindre dans la nuit, sans préavis. Avec autant de surprise, il a tout bonnement décidé de mourir hier après-midi. La réception d’un SMS fut son dernier souffle, mort au combat après moins d’un an. Et j’ai eu beau tenté toutes les manœuvres trouvées sur Internet pour le réanimer, le restaurer, le formater, ou appelez ça comme vous voulez, rien à faire. Il a déclaré forfait… À ce prix-là, la seule chose qui me vient en tête, c’est garantie svp!

On devient vite accro à ces petites bêtes-là. Pour être totalement franche, je me sens nue depuis hier, technologiquement parlant, on s’entend. Et comme je n’ai plus de téléphone résidentiel depuis bien longtemps, de ligne fixe comme on dit dans le jargon, je suis injoignable. Il y a bien sûr Facebook, et mes iMessages fonctionnent sur mon iPad pour mes interlocuteurs qui sont dans la famille Apple… Mais il me manque quelque chose, ce fait d’être joignable en tout temps, n’importe où. D’être disponible…

Et ça me rappelle cette époque, pas si lointaine, où nous devions trouver une cabine téléphonique, où on ne quittait pas la maison si on attendait un appel, où l’afficheur a révolutionné notre vie, où la ligne en attente, la boîte vocale et le sans-fil ajoutaient une certaine liberté à notre vie. Alors qu’on était si près d’avoir notre téléphone, supposément intelligent, rivé à notre main. Alors qu’aujourd’hui, on est esclave de cet appareil.

Le moindre bip, le moindre signal qu’une activité se passe dans notre monde virtuel, et on se lance sur notre mobile comme si la terre arrêtait de tourner. Hier, dans le métro, sans la possibilité de vérifier ce que j’ai manqué dans l’actualité de la journée pour les quelques stations qui offrent du réseau, je me sentais déconnectée, à part, décalée. Tous les gens autour de moi, et pas que les jeunes, manipulaient l’appareil comme si c’était la seule chose importante.

C’est quand on est privé de quelque chose qu’on en mesure l’ampleur, la place occupée et la dépendance. Car oui, à ce stade, je crois qu’on peut parler de dépendance. Quand on stresse si on ne trouve pas son téléphone dans la seconde, quand on s’inquiète de ne pas avoir de réseau, quand on hallucine un son familier ou une vibration, c’est que notre corps ne fait plus qu’un avec l’objet en question. Et on sait tous très bien que c’est malsain mais on le fait quand même.

J’ai commencé il y a quelques mois a laissé mon iPhone dans le fond de mon sac dès que je suis en présence de quelqu’un. Par respect et pour montrer à cette personne qu’elle est plus importante que la vie virtuelle. Car ça m’est arrivé d’être avec des gens qui prenaient constamment leur message pendant que je leur parlais et ça m’agressait. Et je me suis dit que le minimum, c’est de ne pas faire aux autres ce que je ne voudrais pas qu’on me fasse.

Mais malgré ce détachement forcé, cet exercice auquel je me livre, j’ai quand même un sentiment de vide actuellement. La valeur du sms est plus grande que je l’avais présumé. Ça fait réfléchir et comme je me dis toujours que rien n’arrive pour rien, je vais profiter de cette pause forcée pour me questionner sur mon utilisation de la technologie. Sur ma surutilisation devrais-je dire…

Et en attendant, j’ai pris rendez-vous à la boutique Apple pour faire réparer mon iPhone… Quand même…

 

Photo : Unsplash | Thom

Related Posts

Nathan Dumlao Les petites roches 24 septembre 2019
Neslihan Gunaydin L’effet domino 21 février 2017