Bâtir ses souvenirs

Cathryn Lavery

Écrire ce qu’on a à faire, c’est un acte de base, un réflexe que la majorité des gens font fréquemment. Rédiger sa liste d’épicerie, la liste des cadeaux à acheter, concevoir son menu de réception de Noël, la liste des choses à apporter en vacances, à donner, à réparer… L’art de faire des listes est devenu essentiel dans nos vies de fous.

Mais prendre le temps d’écrire ses objectifs de vie, des buts à atteindre à court, moyen et long termes se présente comme un exercice un peu plus aride, exigeant de se déposer et de s’écouter, se sentir en dedans. Car pour découvrir ce qui nous fait vibrer intérieurement, on doit s’arrêter plus qu’un p’tit « 5 minutes » entre 2 brassées de lavage.

On peut décider de remonter loin dans notre vie pour se rappeler ce qui, enfant, nous plaisait, ce qui occupait nos moments de jeu. On peut aussi se remémorer les intérêts que nous avions à l’adolescence, moment où l’on gagne notre indépendance d’esprit et on choisit ce qu’on lit, ce qu’on écoute comme musique, ce qu’on mange… On peut aussi y aller de façon plus générale en analysant tout au long de notre vie ce qui nous a interpellé, ce qu’on a jamais osé essayer et qu’on se promet d’entamer tout en le remettant toujours à plus tard. Car ça, on a tous des idées folles qu’on n’ose pas dévoiler à quiconque, tapies au plus profond de nous, comme si ça nous gênait terriblement.

Et il y a des objectifs plus philosophiques, des valeurs, des croyances qu’on tente d’intégrer dans notre vie. Des changements de routine, des activités sportives, des modifications à notre mode de consommation, des apprentissages qu’on veut ajouter ou changer dans notre quotidien.

Mais derrière tout cela, il y a toujours une certaine peur du changement, le confort de la routine et la petite voix pernicieuse qui nous dit qu’on n’y arrivera pas, que ça ne sert à rien de bouleverser notre quotidien… Et pourtant…

C’est souvent quand on décide de l’écrire noir sur blanc qu’on s’engage à changer quelque chose dans notre vie. Quand notre cerveau voit les mots se former sur le papier, il enregistre notre désir, notre souhait. C’est psychologique, ça s’imprègne plus creux.

Ces jours-ci, je savoure mes derniers moments de pause et je réalise que j’ai envie de me fixer de nouveaux objectifs. Maintenant que je me suis reposée, que j’ai rechargé mes batteries, que j’ai intégré une routine plus santé dans ma vie, je réalise que je suis capable de faire tous les changements que je veux, que rien ne peut réellement m’empêcher d’avancer vers des idéaux. Il suffit de les nommer pour que tout s’aligne vers une cible. Si on laisse toujours un flou sur notre vie, si on n’ose jamais dire tout haut ces idées farfelues qui nous chicotent, si jamais personne ne nous entend dire qu’on veut changer, si on n’a même pas le courage de demander à la vie de mettre sur notre route les gens et les événements nécessaires à la transformation voulue, j’ai l’impression que rien n’arrivera jamais. Et viendront immanquablement les « j’aurais donc dû ».

Oui, ça peut sembler ésotérique ou mystérieux mais entre vous et moi, ce n’est pas en taisant nos désirs qu’on concrétise des rêves. Et la dernière chose que je nous souhaite, c’est de vieillir aigris, avec des regrets plein le cœur. Il n’en tient qu’à nous de bâtir la vie dont on sera fier de se rappeler.

 

Photo : Unsplash | Cathryn Lavery

Related Posts

Austin Ban Se préparer à l’imprévu 4 septembre 2018
Matthew Wiebe Regarder en arrière 19 juillet 2016