Savoir créer

Annie Spratt

En fin de semaine, j’ai participé à un atelier de fabrication de bougies chez Coop Coco. Le désir de faire plaisir à mon amie qui fêtera son anniversaire sous peu l’a emporté sur mon envie de cocooning intense. Et comme j’adore l’ambiance des chandelles dans ma maison, pouvoir les fabriquer moi-même, avec des produits naturels et sans ajout toxique m’apparaissait tout à fait approprié.

De façon générale, l’atelier a été très agréable. L’analyste en moi a bien entendu eu quelques pensées sur le manque de structure et d’organisation mais grosso modo, j’en suis sortie satisfaite et amusée. Car il faut le dire, j’aime créer de mes mains, concevoir les objets du quotidien et pouvoir y mettre ma touche personnelle. Et dans la catégorie bougie, le choix d’essence est aussi varié que les huiles essentielles qui existent en ce monde. Alors mes prochaines semaines, ou plutôt fins de semaine, seront assurément ponctuées d’essais de fragrance.

Le fait de pouvoir créer ses propres éléments décoratifs apporte une satisfaction et un réel plaisir. C’est gratifiant de savoir faire soi-même ce qui agrémente nos vies et je trouve qu’avec les années, on a perdu le goût et le respect pour ce type de travail. Quand j’étais enfant, ma mère nous cousait des vêtements, de même que pour nos poupées et c’était tout naturel. Mes parents faisaient aussi des conserves à l’automne que l’on entreposait dans le caveau (qui était bourré d’araignées !) et ils entretenaient un magnifique jardin et un potager qui nous alimentait et agrémentait la maison de fleurs aux odeurs réconfortantes.

Je me souviens aussi que ma mère faisait sa propre mayonnaise. C’était tellement meilleur que la version du commerce que j’en ai eu pour des années à m’habituer et à devoir m’en contenter. Car avouons-le, je n’ai pas nécessairement l’énergie et le temps pour faire mon pain, mon beurre et ma mayo à la maison. Je cuisine déjà beaucoup et je tente d’éliminer les produits transformés dans mon alimentation mais certains produits disponibles dans les comptoirs bios me comblent et m’évitent du trouble comme on dit.

Tout cela pour dire que de faire cet atelier m’a fait réfléchir à tout ce que l’on consomme et fait entrer dans nos maisons sans se poser de question sur l’impact que cela peut avoir sur notre santé. Les chandelles, diffuseurs et autres produits de parfumerie d’ambiance que l’on achète sont souvent remplis de produits nocifs pour notre santé et on y réfléchit à peine. On a beau choisir de manger mieux mais si on respire du chimique et qu’on utilise des produits de soins cancérigènes, on n’est guère avancé !

Le marketing de produits nous bombarde d’idées et de besoins à combler, nous faisant croire que cela vient de nous, améliorera notre vie, nous donnera plus de temps libre… mais bien souvent c’est de la poudre aux yeux et plus on consomme, plus on en veut. C’est un cercle vicieux et si on ne prend pas le temps de faire une pause, de se questionner sur nos réels besoins et de se demander si c’est vraiment utile dans notre vie, on se laisse happer par la pression sociale et on s’endette en plus de nuire à notre équilibre.

J’ai pris goût à mon tour au jardinage, aux fines herbes fraîches dans ma cour et l’été prochain, je compte bien tenter un petit potager pour avoir sous la main de bons légumes bios de mon cru. Optimiser mon petit terrain arrière pour en tirer une récolte sera très plaisant je crois, déjà qu’il me procure un bien fou grâce aux vivaces cultivées depuis mon arrivée.

Développer son autonomie alimentaire et prendre le temps de semer, entretenir, soigner et admirer son jardin, c’est très contemplatif et ça s’arrime très ben avec ma personnalité. Je développe tranquillement l’art de la lenteur et j’avoue que j’y prends goût tranquillement. Je comprends mieux la zénitude qui se ressent dans les immenses jardins que j’ai visité et surtout le calme qui émane des gens qui les cultivent. On ne peut pas être stressés quand on est entourés de verdure, de fleurs et de papillons. Tant de beauté ne peut qu’apaiser l’âme…

Bref, je crois qu’on a des leçons à tirer de tout ce brouhaha qui nous entoure et nous gruge notre énergie. Pouvoir créer, jardiner, cuisiner, écrire, peindre… User de notre créativité pour générer un produit quelconque est beaucoup plus valorisant que de prendre sa voiture pour aller en acheter une version faite en Chine. Oui, peut-être que notre production sera un peu bancale, on sentira l’hésitation et le manque d’expérience, les coups de pinceau, les défauts, les rainures… Mais le simple fait de savoir que nous l’avons fait de nos propres mains palliera à ces imperfections.

Revenons donc un peu à la source, à l’art pur et brut, à la création dans sa plus simple expression. Sortons un peu de la notion économique et revenons à la notion de bonheur. Car c’est de cela donc il est question : notre bien-être. On a perdu l’art d’apprécier, on consomme sans compter, on remplace à la vitesse de l’éclair, on veut toujours plus, en ne se rendant pas compte qu’on est de plus en plus vide.

 

Photo : Unsplash | Annie Spratt

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