Oser

Diego Hernandez

En 2017, on pourrait croire que tout est possible, qu’il n’y a plus de limites ni de frontières, que tout est accessible et réalisable.  Avec l’accès à l’information au bout des doigts, il est dorénavant possible de se former soi-même et de découvrir les coins du monde les plus reclus via un écran. Et pourtant, une partie de la population fait face à des troubles du langage, a de la difficulté à remplir les nombreux formulaires nécessaires à la vie citoyenne et peine à se trouver un emploi décent.

C’est la journée internationale des travailleurs aujourd’hui et je ne peux m’empêcher de penser à la classe moyenne qui, de jour en jour, semble de plus en plus en arracher. Les jeunes familles, les immigrants, les gens de toutes origines qui n’ont pas le luxe de se partir un projet, de rêver de leur prochain voyage. On parle souvent d’oser entreprendre mais pour cela, il faut un minimum de sécurité financière, une stabilité.

Certains ont l’âme du leader, ont dans le sang cette faculté de vendre et de communiquer aisément. Je crois qu’en 2017, c’est une des forces les plus profitables car il faut savoir convaincre quand tout bouge si vite autour de soi. La capacité de concentration se faisant de plus en plus rare, si vous n’arrivez pas à vous vendre à l’intérieur de 2 minutes, il se peut que votre interlocuteur ait déjà perdu le fil de la conversation. Alors imaginez si vous n’avez pas mangé de la journée, que vous peinez à communiquer clairement vos idées et qu’en plus, vous n’avez pas la moindre idée de comment vous payerez le loyer le mois prochain.

Dans un pays supposément riche comme le nôtre, je trouve paradoxal que des dirigeants d’entreprises que l’on semble avoir sauvées de la faillite s’en mettent plein les poches alors que d’autres doivent se présenter aux banques alimentaires malgré leurs 2 emplois cumulés. Je ne partirai pas un débat sur les primes au rendement ni sur les profits faramineux des banques mais j’ai comme l’impression que le mot « collectif » ne signifie plus grand-chose aujourd’hui.

Collectif comme dans ensemble, comme dans commun, communauté, groupe qui se soutient. Je ne sais pas si c’est seulement dans mon esprit que ça se présente ainsi mais j’ai le sentiment que dans les années passées, 60, 70, 80, etc, les gens se serraient les coudes un peu plus. Les voisins se saluaient et s’entraidaient, les communautés se soudaient et faisaient face ensemble aux problèmes.

De nos jours, particulièrement dans les grandes villes, c’est à peine si on sait qui habite de l’autre côté du mur mitoyen. Les voisins de palier se fuient du regard, les gens ne prennent plus la peine de se sourire, le téléphone intelligent captant l’attention beaucoup plus que la voisine sympathique qu’on ne connaitra jamais. Alors si une catastrophe survient, un coup dur, un incendie, vers qui on se tourne? Vers notre communauté virtuelle, si on a eu le temps de ramasser notre appareil dans la précipitation…

Alors, oser de nos jours, c’est peut-être justement aller au-delà des habitudes de « bulle numérique », de saluer des inconnus, d’entrer en contact avec de nouvelles personnes, de tendre la main au lieu d’ignorer, de prendre quelques minutes pour connaître ses voisins, ses concitoyens. Ça ne coûte rien, ça ne demande qu’un petit effort mais c’est gratifiant. Le plus grand risque est de connaître des gens agréables avec qui on a en commun des intérêts, des passions, des activités… J’ai connu pire comme risque, on s’entend. Alors, on ose?

 

Photo : Unsplash | Diego Hernandez

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