La fête

Jamie Street

Quand on est enfant, on attend notre anniversaire impatiemment, rêvant de nos cadeaux et du gâteau qui officialisera cette année de plus à notre âge, fier que nous sommes de devenir grand. À l’adolescence, chaque année qui s’ajoute nous mène vers l’âge adulte, le droit de boire et la sacro-sainte indépendance tant rêvée. Jeune adulte, on sort dans les bars pour festoyer et on se fait un point d’honneur de marquer ce passage de moments mémorables.

Puis, une fois qu’on a bien établi notre vie, notre anniversaire n’a plus la même signification. Ce n’est plus tant une occasion de célébrer mais surtout un moment rempli d’amour que l’on reçoit de nos proches. Avec Facebook aujourd’hui, on est bombardé de messages de partout dans le monde, de nos amis, notre famille, nos collègues et tous ceux qui font partie de ce cercle que nous avons créé.

Pour ma part, mon anniversaire me rappelle malheureusement depuis 5 ans le décès de mon père qui nous a quittés le 9 mai 2012. Je lui avais demandé, à son chevet, de ne pas partir le jour de ma fête pour ne pas associer ces événements pour le reste de ma vie. Mais je peux vous dire que le lendemain, ce n’est guère mieux!

L’eau a coulé sous les ponts depuis, et ce jour est moins émotif qu’au début. Pourtant, je ne peux m’empêcher d’y penser. Je ne crois pas vraiment qu’on puisse un jour devenir insensible à ce genre de perte, de blessure, de vide. Car c’est littéralement ce que je ressens à chaque fois. Le manque d’une partie de moi…

Alors cette année, j’étais particulièrement contente de pouvoir célébrer mon anniversaire quelques jours avant, question de séparer les événements dans ma tête. Et j’ai eu droit samedi à un véritable feu roulant d’activités! Un brunch entre amies le matin, théâtre et terrasse en après-midi et souper avec ma meilleure amie le soir : on peut dire que j’étais gâtée.

Et j’ai réalisé à quel point il faut apprécier ces moments dans une vie, surtout quand je regarde ceux qui subissent les inondations en ce moment. On remet tellement souvent à plus tard, on repousse, pris que nous sommes dans notre quotidien chargé, débordés de travail et d’obligations. Mais pourtant, tout peut basculer à tout moment et on pourrait regretter de ne pas avoir savouré ces petites parcelles de bonheur.

Vendredi soir, j’ai décidé d’aller prendre un verre seule dans mon nouveau petit repère de la rive-nord, à L’Oregon. C’est un endroit où je me sens chez-moi, où on a toujours une place pour moi, même si j’arrive à l’improviste et où les sourires et le plaisir sont constamment au rendez-vous. On me dit souvent que je suis courageuse de sortir ainsi seule mais pour moi, c’est une façon de m’ouvrir au monde et de sortir de ma bulle. Car, oui, travailler de la maison, ça isole parfois…

J’ai donc pu ripailler à souhait, me délectant d’oursin (j’adore!) et de vin nature, dans une ambiance décontractée, en mettant de côté ma vie pour quelques instants. Pour moi, c’est aussi reposant que d’aller marcher en forêt ou faire une sieste dans un hamac. Car j’ai appris qu’il ne faut souvent pas grand-chose pour être heureux et qu’il faut trouver son bonheur là où l’on peut.

À trop vouloir trouver le moment idéal, le lieu rêvé ou la température parfaite, on passe à côté de pleins d’occasions de ressentir au fond de soi que nous sommes heureux et satisfait de notre vie. Mettre la barre trop haute, ça mine le moral et ça empêche d’exister. Exister, n’est pas d’oser, au fond?

 

Photo : Unsplash | Jamie Street

Related Posts

Esther Tuttle Lève-toi et marche! 15 mars 2018
Thom Sobriété cellulaire 24 août 2016