Les montagnes russes

Ces temps-ci, beaucoup de choses se passent dans ma vie et j’ai parfois l’impression d’être dans un manège de la ronde. J’ai toujours fait confiance à la vie, toujours eu l’impression que je pouvais avancer sans nécessairement connaître le chemin et qu’en tout temps, je pourrais retrouver ma route. Mais cette route, elle change constamment et c’est ce qui peut donner l’impression de montagnes russes par moment.

Quand on est jeune, on nous met sur une route définie : la maternelle, le primaire, le secondaire… On ne se pose pas trop de questions, on suit comme on peut, avec ou sans facilité. Mais déjà là, on commence à voir poindre les différences, les personnalités fortes versus les plus timides, les artistes versus les cartésiens, les rêveurs versus les réalistes… Je me souviens que déjà, au secondaire, je ne me sentais pas comme les autres, pas intégrée totalement, pas toujours à ma place.

Ayant deux sœurs plus vieilles qui réussissaient à l’école, on m’avait tracé le chemin pour que je suive tout bonnement la voie. Mais, mouton noir que je suis, je n’avais pas envie d’être comme les autres, pas le désir d’être une copie conforme. Je me souviens que certains de mes choix ou comportements criaient mon mal être de devoir ressembler à d’autres personnes. Je ne le savais pas à l’époque mais je portais en moi ce désir profond d’être moi.

On me destinait à l’université alors bien évidemment j’ai fait autre chose. Et je n’ai aucun regret car j’ai bien gagné ma vie et surtout, je suis allée dans un domaine différent, qui, à l’époque n’était vraiment pas un choix évident et facile pour une femme. Mais je sentais que je participais à quelque chose, que le web (à l’époque on parlait de multimédia!) représentait l’avenir.

Mais, même dans ce domaine avant-gardiste et éclaté, je ne tolérais pas qu’on me mette dans un moule, qu’on exige de moi de correspondre à des standards. J’ai dû, par moment, me conformer et mettre ma petite robe noire pour être exposée comme un objet dans des salons et événements thématiques et chaque fois, j’avalais de travers. J’aurais préféré être ailleurs, être moi, être bien.

Car, à travers ces années à vivre sous ma carapace, à ne pas assumer qui j’étais ni l’affirmer pleinement, je ressentais beaucoup d’angoisse et d’anxiété et j’avais l’impression que la vie se passait sans que j’y participe réellement. Je vivais en parallèle de ma propre vie, je la regardais passée comme on voit le paysage défiler sous nos yeux quand on est dans un train.

Heureusement, la vie a fait que j’ai pu me libérer de mes chaînes mentales et refuser de jouer un rôle qui n’était pas le mien. Et quand je regarde en arrière, je sais que j’aurais pu tristement continuer longtemps à survivre ainsi si je n’avais pas écouté les signes que la vie m’envoyait.

Quand je vois mon ado d’adoption cette semaine qui rayonne dans son monde de jeu vidéo, je me dis qu’il a peut-être trouvé lui aussi cette voie qui est la sienne, ce monde qui le complète et le réjouit. Je lui souhaite de tout cœur, comme je le souhaite à tous les jeunes que je croise ces temps-ci car je me remémore mes difficultés de jeunesse qui ont polluées ma vie trop longtemps.

On enseigne beaucoup de choses aux jeunes mais il est difficile de leur montrer à être heureux. En fait, c’est en étant entourés de personnes passionnées, enracinées, comblées et au rayonnement d’énergie positive important, qu’ils ressentent une influence et qu’un transfert s’effectue. Ce ne sont pas toujours par les mots qu’on peut démontrer. Parfois, notre simple attitude ou notre vie sert d’exemple et d’inspiration.

Je terminerai sur cette citation qui m’a toujours beaucoup interpellée et que vous avez surement vue maintes fois dans votre vie :

Quand je suis allé à l’école, ils m’ont demandé ce que je voulais être quand je serais grand.
J’ai écrit « heureux ».
Ils m’ont dit que je n’avais pas compris la question.
J’ai répondu qu’ils n’avaient pas compris la vie.

– John Lennon –

Photo : Unsplash | Claire Satera

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