Être qui on est

Sticker Mule

Ce matin, avec les vents forts et la grisaille, j’avais l’impression d’être lente et de ne pas avoir envie de me presser pour m’éveiller, pour bouger, pour sortir du lit. Comme si le temps appelait à un certain repos, à une certaine retenue. Et j’ai laissé mon esprit vogué encore quelques minutes, entre rêve et réalité. Puis, tel un mauvais réflexe matinal, j’ai pris mon téléphone qui s’est ouvert sur Facebook, me montrant une publication précédemment diffusée sur mon mur :

Happiness is when what you think, what you say, and what you do are in harmony.

Gandhi

Que nos actes soient en accord avec nos pensées et nos paroles, c’est une des façons les plus sûres, à mes yeux, d’être heureux et en paix. Que les bottines suivent les babines, que la parole se joigne aux actes, que la pensée soit au diapason avec notre nature profonde, choisissez la formule qui vous plaît, ça revient toujours au même concept. Celui de ne pas jouer de jeu, d’être authentique, transparent et dans le respect.

Quand on se met à réfléchir à ce qui nous ressemble, aux valeurs qui sont au cœur de notre façon de vivre, on peut difficilement ne pas être fidèle à soi. Sinon, c’est comme se mentir à soi-même. Je sais, vous me direz que vous pouvez nommer une panoplie de gens qui vivent dans le déni et le mensonge mais j’ai l’impression que ces personnes ne dorment pas très bien la nuit et ne peuvent pas vous parler avec leur cœur, sans artifice, vous montrer leur vulnérabilité sans tabou.

J’ai rencontré beaucoup de gens qui vivaient dans les nuages. C’est mon expression pour décrire ceux qui restent dans leur tête et ne se connectent jamais avec leur cœur ou leurs tripes. Ceux qui rationalisent tout et ressentent peu, ceux qui jugent plus qu’ils n’expriment d’empathie. Et j’ai toujours eu un certain malaise, voire une certaine pitié pour ce type de personne. Pour moi, ça décrit une souffrance profonde et un mal être flagrant. Car s’il y a bien une personne de qui on veut être proche dans la vie, c’est bien soi, non?

Se fuir, se tenir à distance, c’est triste… (au moment où j’écris cette phrase, le déluge s’anime dehors, comme si on me confirmait mon impression.) Et je sais qu’il est possible de passer toute une vie sans réellement se connaître. On entend souvent des gens âgés parler de leurs principaux regrets, prévenir des jeunes de ne pas répéter leurs erreurs du passé. Et souvent, dans ce discours, on sent une certaine tristesse d’avoir accordé beaucoup d’importance aux choses qui ne l’étaient pas en réalité.

Comprendre ce qu’on est profondément, c’est un des plus beaux cadeaux que l’on peut s’offrir. Nommer nos sentiments, affirmer nos désaccords, refuser de collaborer quand on ne se sent pas à l’aise, faire ce qui nous convient et quitter quand on ne le sent plus, ça permet de ne pas vivre dans le regret. Les « j’aurais dû », ça n’a jamais mené bien loin et ça ne fait qu’entretenir une certaine amertume.

Mieux vaut savoir qu’on n’aime pas quelque chose qu’on a essayé que de se demander constamment si cette chose peut nous convenir sans en avoir fait l’expérience. Même si c’est très différent de ce qu’on est habitué de vivre, même si ça nous semble à mille lieux de notre quotidien, des fois, laisser le hasard ou la nouveauté nous surprendre, ça nous fait découvrir de nouvelles facettes de nous-mêmes exaltantes et enrichissantes.

Laissons-nous le plaisir d’être nous-mêmes, d’être heureux et acceptons-nous. J’ai la drôle d’impression qu’on ne se le permet pas assez et pourtant c’est une des rares recettes qui réussit à tout coup.

 

Photo : Unsplash | Sticker Mule

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