Cesser de chercher

Hannah Busing

On passe notre vie à chercher la bonne solution, la bonne personne, le bon emploi, le bon moment, la bonne crème, le bon vêtement… Souvent, on entend des gens dire « Quand j’aurai trouvé le bon (compléter la phrase) … » mais pourtant, ce n’est jamais assez, ça ne s’arrête jamais. Un peu comme quelqu’un qui est toujours à 10 livres du bonheur, on peut souvent croire qu’on est à un objet d’être heureux.

Le plaisir est éphémère et même si on le sait, on continue de chercher. Comme l’herbe a souvent l’air plus verte chez le voisin, on continue de croire qu’on trouvera mieux, qu’on sera mieux quand on aura ceci ou cela, quand on rencontrera la bonne personne et tout le tralala. Parce qu’on pense que le bonheur peut nous venir de l’extérieur. Pourtant, tout cela est de l’artifice et il faut parfois qu’il nous arrive des moments très durs pour s’en rendre compte.

La maladie, un accident ou un choc terrible peut nous faire réaliser à quel point on court dans le vide après notre bonheur. Comme une souris dans sa petite roue qui s’amuse mais qui s’épuise aussi. Oui, il faut expérimenter et c’est dans ces essais qu’on apprend le plus sur nous. Mais croire que notre bien-être dépend de cela est une utopie très bien entretenue par le marketing et la publicité.

Depuis la nuit des temps, on nous vend l’idée que tel truc ou tel autre nous rendra béat de bonheur. La voiture, la maison, le chien, la bébelle, le setup de la petite famille parfaite… Le taux de divorce n’a jamais été aussi élevé tout comme le nombre d’arrêts de travail pour épuisement et les prescriptions d’antidépresseurs. Il doit bien y avoir quelque chose qui cloche dans ce modèle supposément parfait, non?

On m’a encore demandé récemment pourquoi je vivais seule. Et je me suis rendue compte que souvent, je répondais par des justifications laborieuses auxquelles je ne crois même pas moi-même. Et ce samedi, je me suis dit, « ben parce que ». Pourquoi dois-je expliquer ce statut alors qu’on ne demande jamais à quelqu’un pourquoi il est en couple? Pourquoi devrais-je expliquer ce qui, au fond, dérange les autres et non moi?

Pendant longtemps, je croyais trouver le bonheur auprès de quelqu’un. Et, bien sûr, j’ai été déçue. Non pas que je crois que le couple est surfait (quoi que parfois…) mais c’est surtout dans mes attentes que le problème se situait. Je demandais à quelqu’un de combler mes vides intérieurs, de compenser mes carences. Dure tâche et puit sans fond… Alors évidemment, ça s’en allait dans le mur.

Mais ça, ça ne s’aborde pas avec un ton léger et un verre de rosé (je sais, je l’ai essayé). C’est très intime et personnel alors on garde ça pour les proches. Donc je continue de répondre des banalités pour expliquer mon célibat. Ou je détourne le sujet, je rigole, je fais des blagues. Ce qui ne m’empêche pas de me poser la question, seule avec moi-même. Suis-je réellement bien seule?

Peut-on vraiment répondre à une telle question et doit-on le faire? Je n’en sais rien. Décidément, un matin plein de questions sans réponse… Mais je sais que je suis authentique et honnête envers moi-même. Je ne me mets plus la tête dans le sable et je ne cherche pas à colmater mes brèches intérieures par des relations vides de sens. L’humain a beaucoup de bon à nous apporter et il existe autant de types de relation que de gens sur terre. Alors cessons de tenter de nous mettre dans un moule et de définir pour les gens ce qui devrait leur correspondre. Le bonheur n’est ni au fond d’une boîte de céréales, ni dans une relation. Il se trouve bien souvent quand on arrête de le chercher.

Photo : Unsplash | Hannah Busing

Related Posts

Marc-Olivier Jodoin Montréal fait la belle 17 mai 2017
Thought Catalog Faire fi du déni 4 juillet 2019