On fait comment pour ralentir?

Adrian Williams

J’en ai parlé souvent dernièrement mais je suis toujours aussi éberluée devant le phénomène. On court tellement dans nos vies qu’on ne s’en rend même plus compte. Ce matin, j’ai été bousculé par une dame lorsque les portes du métro se sont ouvertes à Bonaventure et à nouveau par la même personne dans les escaliers mécaniques car elle trouvait que je ne montais pas assez vite les marches… À 7 h 15 le matin, je ne sais pas pour vous mais moi, la dernière chose dont j’ai envie, c’est de courir ou de me faire brusquer. Soupir, exaspération très clairement exprimée, regard désagréable… Mais quelle mouche l’a piquée, celle-là?

Précédemment, quand j’arrivais au tourniquet à ma station de Laval, un jeune homme a couru et poussé un homme âgé pour passer avant lui croyant qu’il allait rater son transport. On s’entend qu’à cette heure, il passe à intervalle de 3 minutes… Mais qu’est-ce que les gens ont donc autant à courir? Que s’est-il passé dans nos vies pour qu’on en vienne à vivre dans un tel chaos et qu’on croit que notre routine sera complètement chamboulée pour un minuscule délai de 3 minutes?

Je sais, mes amis qui habitent hors de Montréal me diront que c’est très « urbain »comme ambiance, très « grand centre ». Qu’il n’y a pas de genre de précipitation sur la rue de la Madone à Mont-Laurier, qu’on ne se bouscule pas pour entrer le premier dans la Polyvalente St-Joseph et que les citoyens tiennent la porte aux autres quand ils vont chercher leur café au Tim Hortons… Mais je crois qu’il y a tout de même un rythme un peu malsain de manière généralisé dans notre société. Tout est réglé au quart de tour, tous ont un horaire chargé, d’activités, de tâches à faire, de déplacements en tout genre et d’engagements.

Dans toute cette bousculade, une image m’est revenue en tête, une pensée diffusée sur Facebook que j’avais vue précédemment et qui citait Paul Coelho (encore) :

Un jour, vous vous réveillerez et vous n’aurez plus le temps de faire ce que vous avez toujours voulu faire. Faites-le maintenant.

Et ça m’apparaît comme une vérité vraie comme on dit… On se fait des listes, on lit des articles sur les choses à faire avant 30 ans, 40 ans, 50 ans… On se dit que quand on sera rendu là, on pourra faire ceci ou cela. Mais si demain matin on savait qu’il ne nous restait seulement 3 mois à vivre, est-ce que notre regard sur le monde et sur notre vie et ses priorités ne changerait pas? Pourquoi doit-on absolument être mis devant une évidence de manière aussi abrupte pour réaliser qu’on a qu’une seule vie et que de la courir en permanence à la recherche de je-ne-sais-quoi ne nous mène à rien, autrement que de l’épuisement?

La performance, la réussite et le succès sont tellement prônés dans notre société qu’on n’en est même plus conscient. Et voyez-vous, j’ai beau écrire sur le sujet, il m’arrive bien souvent de me laisser emporter dans le tourbillon moi aussi… Alors je me questionne : on fait comment pour ralentir?

 

Photo : Unsplash | Adrian Williams

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