On répète assez souvent que l’on choisit nos batailles mais on a tous nos critères et nos motivations différentes dans nos choix. Que ce soit nos valeurs, nos ambitions, nos priorités ou nos choix de vie, les éléments que l’on prend en compte et qui pèsent dans la balance lors d’une décision d’abandonner un combat ou de poursuivre la lutte sont très personnels.
On voit des artistes ou des personnalités publiques défendre leur droit de s’exprimer ou de proposer des œuvres différentes, voire choquantes, au nom de la liberté d’expression. J’avoue que c’est le genre de sujet qui me met mal à l’aise car j’ai l’impression qu’on a tous notre propre définition de cette forme de liberté et que nous sommes influencés par tellement de choses qu’il devient difficile de tracer la ligne.
Mais quand il s’agit de notre santé, de notre confort ou même de notre survie, les choix nous paraissent toujours plus évidents. Si vous savez, par exemple, qu’un emploi X accentuera une blessure ou une faiblesse dans votre corps, vous ne choisirez pas ce boulot. Au même titre que si vous êtes très timide, il y a de fortes chances pour que vous n’alliez pas vers des emplois qui requièrent une grande aisance à communiquer devant un large public, ou de s’exprimer spontanément devant une équipe de direction pour faire valoir son point.
On apprend à se connaître avec les années et à savoir ce qui nous convient, ce qui nous ressemble et ce qui s’aligne avec notre système de valeurs. Chacun a son style et c’est ce qui fait la beauté de la vie. On peut rencontrer des gens totalement contraires à nous et développer une belle amitié, tout comme certaines personnes qui nous ressemblent trop nous irritent. Mais ce qui fait, selon moi, le succès d’une relation, qu’elle soit professionnelle ou personnelle, c’est l’écoute des besoins de l’autre et sa reconnaissance. Reconnaître l’autre dans ce qu’il est, avec ses forces et ses faiblesses, reconnaître sa légitimité, son authenticité et son rôle.
Quand on regarde les histoires dramatiques, c’est souvent ce manque de reconnaissance qui fait défaut. Les pires tortionnaires ont tous en commun cet égoïsme qui les aveugle et les pousse à se concentrer sur leur propre nombril au lieu de s’ouvrir aux autres. La soif de pouvoir et de contrôle mine les relations depuis des décennies.
Il faut toutefois trouver son équilibre entre altruisme et égoïsme car on peut aussi tomber dans l’autre extrême qui est de faire passer les autres constamment avant soi pour se retrouver désœuvré et privé de sa propre reconnaissance. Tout est dans le dosage et dans la place que l’on se réserve dans sa propre vie. Il est parfois plus facile d’aider les autres au lieu de s’aider soi-même, on le sait…
Bref, ce matin, cette réflexion a traversé mon esprit. Entre donner et recevoir, entre se battre et conserver son énergie, entre aimer et être aimé, entre prendre et laisser… L’équilibre est fragile et c’est un perpétuel recommencement, rien n’est acquis ou fixe. C’est une mouvance et tout évolue très rapidement. On doit demeurer très enraciné pour ne pas constamment perdre pied et se sentir happé par le courant.
Bientôt, la folie des fêtes nous envahira, au point où nos repères seront peut-être moins clairs. En ces moments où vous aurez peut-être l’impression que vous perdez le contrôle, rappelez-vous toujours d’une chose : vous êtes au centre de votre propre vie et ça, personne ne peut changer cela. On aura beau tenter de vous imposer quoi que ce soit, il en demeure que ce sera toujours votre choix. Vous aurez alors à choisir vos batailles, à déterminer ce qui vaut la peine d’être défendu et ce que vous déciderez, consciemment, de laisser passer pour éviter de vous épuiser. Car il faut aussi donner pour recevoir, et recevoir pour redonner.
Photo : Unspash | Evan Kirby