S’aimer pour aimer

Ian Schneider

Avez-vous, dans votre entourage un ou des couples « modèles » ? Ces éternels amoureux qui semblent être nés pour être ensemble, ceux que les tempêtes n’ébranlent pas et qui ont toujours l’étincelle au coin de l’œil ?

J’adore regarder ces gens s’aimer, parler de leur bonheur et partager leur vision inspirante de la vie. Bien sûr, sous cette apparence de perfection, ils ont aussi leurs chicanes, leurs enjeux et leur réalité mais ils ont surtout trouvé la façon idéale, pour eux, de faire face aux défis. Je crois que c’est là, la clé de leur succès. Ils sont accordés sur la manière de gérer les problèmes et, au cœur de tout, il y a le respect de l’autre et non l’égo.

J’ai souvent parler de cet ennemi juré du bonheur qu’est l’égo et je crois qu’en couple, il peut être particulièrement nuisible. À trop penser à sa petite personne, on peut blesser l’autre, sans même s’en rendre compte. Et la peur d’être jugé ou rejeté peut polluer sérieusement l’harmonie dans une relation.

Voir des gens qui ont réussi, en affaire ou en amour, est toujours stimulant car ça nous encourage à poursuivre la route. Avoir des modèles, c’est oser croire que c’est encore possible, malgré les échecs et les tentatives infructueuses. Et tout le monde sait qu’il faut persévérer dans la vie pour atteindre ses buts.

Malheureusement, aujourd’hui, avec notre société du jetable et de la surconsommation, au moindre accro, on prend la poudre d’escampette, on a la trouille et on se dit que ça ne doit pas être le bon. Combien de gens ai-je entendu dire : il ne me comprend pas. Et quand on creuse, on se rend compte que rien n’a été clair, que tout se passe dans le non-dit et dans les attentes mal gérées.

Ces foutues attentes qui peuvent nous gâcher la vie. On nous a présenté des exemples de princes charmants et de belle au bois dormant, de bonheur à l’eau de rose et d’histoires d’amour impossible et le pire c’est qu’on est resté pris avec cette vision irréaliste des relations amoureuses. Quand on s’arrête et qu’on prend le temps de regarder ceux qui ont réussi, on réalise qu’ils sont avant tout des amis, des gens qui se respectent et se considèrent comme égaux. Ils ne sont pas en compétition, n’ont rien à gagner ou à perdre. Ils se sentent privilégiés d’avoir rencontré leur âme sœur et chérissent ce bonheur comme une pierre précieuse.

Les plus beaux exemples sont souvent les couples âgés qui sont toujours amoureux, qui se taquinent et se regardent encore avec le même pétillement qu’au tout début. De véritables complices qui ont traversés vents et marées et qui, main dans la main, avancent dans la vie sans crainte, sachant que l’autre sera toujours là. À l’époque, quand on trouvait un bon parti, on était prêt à faire des compromis pour que ça fonctionne. Aujourd’hui, si on n’a pas les mêmes goûts musicaux, déjà, ça coince…

Où se trouve l’équilibre entre les deux ? La réalité n’est plus la même et le contexte est tellement différent qu’on doit s’ajuster mais de là à rejeter au moindre différents, à la moindre divergence d’opinion ou de goût, je crois qu’il y a matière à réflexion. Apprendre à se connaître pour savoir ce qui est crucial pour nous versus ce qui est plus flexible, je crois que c’est déjà une bonne base.

On a tous notre passé, notre historique, nos blessures, nos goûts et nos craintes et d’en prendre conscience nous permettra de les partager avec l’être aimé pour qu’il comprenne notre vision du monde.

Avoir l’humilité de s’ouvrir, d’être soi et d’offrir ce que nous sommes sans artifice ni masque, c’est aussi s’aimer soi-même. Et c’est un bon point de départ pour aimer l’autre.

 

Photo : Unsplash | Ian Schneider

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