Je ne sais pas si vous avez lu le post de Maxim Martin sur sa page Facebook hier qui relatait une situation qu’il qualifie de « pas mon moment de gloire ». Pour le résumer, il raconte qu’il est allé au spectacle de Noël de la troupe de danse de sa fille dimanche dernier et qu’un homme désorienté l’a abordé. Malheureusement, l’homme semblait réellement perdu et troublé et l’humoriste a constaté à quel point les gens faisaient preuve de jugement au lieu de tenter de l’aider. Il a d’abord lui aussi essayé de faire semblant qu’il n’était pas là mais s’est ressaisi et a accompagné l’homme pour qu’il soit pris en charge. Je vous invite à lire la publication au complet pour en avoir toute la teneur.
Mon point n’est aucunement lié à Maxim Martin que je tiens quand même à féliciter d’être passé par-dessus ses préjugés. Ce qui m’a interpellé dans cette histoire, c’est qu’on croise souvent des gens dans le besoin, troublés ou non, et qu’il est si facile de les ignorer. On a peur d’eux, tout simplement. On se fait des scénarios dans notre tête, qu’ils sont méchants, qu’ils sont fous, qu’ils vont nous faire du mal… Alors que bien souvent, ils sont simplement souffrants.
Et la souffrance, elle ne choisit pas les plus faibles comme beaucoup de gens pensent. Elle est malencontreusement accessible à tous, également. Et quand je dis également, je veux dire que malgré la grosse maison et la BMW, ça peut aussi vous arriver. Que ce soit la maladie mentale, un accident ou toute autre situation, nous sommes tous à quelques pas de la souffrance. Perdre l’équilibre et ne pas être en mesure de se relever, ce n’est ni une question d’argent, ni une question de rang social.
Hier, en allant faire quelques emplettes, j’ai croisé une dame âgée qui cherchait du regard je ne sais quoi. Puis, elle a croisé le mien. Et je sais qu’à ce moment-là, ce qu’elle avait besoin, c’est de regarder quelqu’un dans les yeux. Car depuis de longues minutes, tout le monde l’évitait, la fuyait. Elle n’était ni perdue, ni sans-abri. Elle a seulement eu un moment d’égarement. Elle m’a souri, je lui ai souri et lui ai offert un café. Elle m’a raconté que son mari est décédé l’an dernier, juste avant Noël et que, depuis, elle en perd des petits bouts.
Elle habite en résidence, n’a rien d’une victime du système, a une famille qui la visite et des gens qui l’aime. Elle avait envie de sortir un peu, pour voir d’autre monde comme elle dit… Mais avec la foule dans les centres commerciaux à l’approche de Noël, même un lundi, elle s’est sentie étouffée et a perdu temporairement ses repères. J’ai pris le temps de la raccompagner à son taxi (elle ne voulait pas que je la reconduise de peur de me déranger) et je suis repartie faire mes courses le cœur léger.
Et depuis ce moment, je ne peux m’empêcher de me dire que le réflexe de regarder les autres autour de nous s’est évaporé. Que ce soit les yeux rivés sur notre téléphone ou la tête pleine de choses à faire, on a perdu le contact avec ce qui nous entoure. On court, on pense au souper, à l’émission du soir à regarder, au boulot, à l’horaire surchargé… Bref, à tout sauf au moment présent et à la vie qui se déroule autour de nous.
Et pendant ce temps, des gens souffrent… Mais on aura quand même notre souper ce soir, on regardera quand même la télé dans notre beau gros divan confortable et on survivra à notre horaire de fou…
Et si, on prenait une pause de cette frénésie pour regarder ces gens-là, pour leur sourire, pour échanger un regard bienveillant? Ça ne prendrait que quelques secondes de notre vie et ça pourrait changer la leur. Après tout c’est ça notre mission d’être humain, non? Vivre en société, dans la dignité et le respect…
Photo : Unsplash | Nina Strehl