S’enrichir l’âme…

Madi Robson

J’ai souvent l’impression que les réseaux sociaux prennent une place beaucoup trop importante dans nos vies, qu’ils sont aliénants et qu’au lieu de nous aider, ils nous nuisent en remplaçant certaines rencontres physiques par de futiles messages et échanges superficiels. Mais il y a aussi du bon parfois, quand on sait comment les utiliser. Après tout, qui aurait le temps de donner des nouvelles à autant de gens en si peu de temps? Pouvoir publier un statut ou envoyer un message à un groupe de personnes peut parfois d’avérer utile, tout comme organiser un événement privé pour un anniversaire.

Il y a aussi cette fonction de Facebook qui nous rappelle des moments marquants de notre vie que nous avions partagés sur notre fil d’actualité. Combien de parents vois-je republier la photo de leur bébé aujourd’hui fier élève au primaire avec émotion et fierté? Ou encore un mariage ou l’achat de la première maison. Ce sont tous des partages qui font chaud au cœur.

Ce matin, la plateforme sociale me rappelait mon voyage en Guadeloupe effectué il y a sept ans. Un magnifique trip que j’ai pu vivre seule pour découvrir un lieu florissant, des gens chaleureux et une ambiance à l’européenne dans un décor typique du sud. Mais j’ai aussi beaucoup appris sur moi-même, sur mon ouverture aux autres autant que sur mon besoin de solitude, sur la lenteur si importante par moment dans ma vie, sur mon plaisir de lire au soleil autant que celui que je ressens quand je suis dans la forêt, au Québec tout comme dans un nouveau pays. Ce contact avec la nature qui m’est si cher et qui m’a été transmis par mon paternel, fervent amoureux de ces ballades dans les bois.

Lors de ce voyage, j’ai rencontré des gens forts agréables, dont une sénatrice donc je tairai le nom par respect mais qui m’a accueilli à bras ouverts lorsque nous avons dû écourter notre expédition sur le volcan puisque la terre avait tremblé. C’est ce fameux jour où Haïti a connu l’enfer et généré plus de 200 000 victimes. Depuis ce jour, le pays vit dans la misère et beaucoup d’organismes profitent de la situation en faisant semblant d’aider, tout en se mettant beaucoup de sous dans les poches.

Bref, ce jour-là, nous, riches voyageurs caucasiens, on nous transportait en autobus climatisé pour nous ramener à notre hôtel pour assurer notre sécurité, pendant que non loin de là, des gens mourraient. Arrivés au gîte, nous avons pu constater que le personnel était en état de choc : leur famille y habitait et ils n’arrivaient pas à connaître l’état de la situation. La sénatrice et son mari ont fait des pieds et des mains et grâce à leurs contacts, ont pu fournir une quantité non négligeable d’informations aux employés, que leur pays d’origine ne pouvait pas leur donner, faute de moyen de communication…

Ce voyage m’a permis de me reposer dans une période où j’en avais grandement besoin, mais aussi de grandir intérieurement en assistant à une solidarité pure et sincère. On a parlé à ces gens avec notre cœur, on les a écoutés, serrés dans nos bras. Il n’y avait plus cette relation d’affaires, cette distance entre clients et employés. Il y avait des humains, qui aidaient ou qui souffraient, que des âmes qui s’épaulaient et tentaient de s’entraider.

L’entraide, cette valeur si rare qui réapparait malheureusement trop souvent que dans les difficultés. Parfois je me dis qu’on n’a pas compris le sens du mot entraide. Car dans l’entraide, il y a le mot entre. Entre toi et moi, entre vous et eux. Entre groupes d’humains. Ça sous-entend une relation, un échange. Et c’est dans l’échange que l’on apprend à se connaître, que l’on grandit, que l’on évolue. C’est confrontés aux changements et aux épreuves, les nôtres comme celles des autres, que l’on devient plus mature et que l’on comprend réellement le sens de la vie.

Pourquoi attend-on une catastrophe pour aider les autres? Ne peut-on pas seulement se donner comme mission de faire le bien dès qu’on le peut? S’enrichir l’âme en donnant de soi, ça me semble un si beau projet de vie…

 

Photo : Unsplash | Madi Robson

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