La vie qui nous entoure

Toa Heftiba

Vous arrive-t-il parfois de repenser à la personne que vous étiez il y a 10, 15 voire 20 ans? De vous remémorer certains passages de votre vie, certaines situations ou des moments marquants? Êtes-vous fiers de ce que vous étiez et de ce que vous êtes devenus? Si on vous demandait de choisir entre refaire exactement le même parcours ou recommencer à zéro, que choisiriez-vous?

Je ne sais pas si c’est parce que j’approche dangereusement de la quarantaine ou si c’est ma rencontre avec ma planificatrice financière pour discuter de ma retraite qui m’a influencée, mais j’ai plus tendance à regarder derrière ces temps-ci, à voir le chemin parcouru… Peu importe qui vous êtes, je suis prête à parier que pour la majorité d’entre vous, vous considérez avoir changé avec le temps. Que ce soit positivement ou non, on demeure rarement la même personne pendant de nombreuses d’années.

Je crois qu’on est teinté de nos expériences et nos épreuves et que notre route se construit en fonction de ces marques laissées sur notre trajet. La voie se dessine selon nos choix, nos rencontres et nos prises de position. Lorsque l’on prend une décision importante, on peut être conscient ou non de l’impact que cela aura sur notre vie. Tout un pan de notre histoire peut être balayé d’un coup, on peut clore un chapitre pour en démarrer un nouveau, repartir dans une autre direction qui nous semble mieux nous correspondre.

Beaucoup de gens de mon entourage se questionnent sur les choix qu’ils ont faits, sur la tangente qu’ils veulent donner à la suite de leur existence. C’est dans l’air du temps d’essayer de se connecter plus avec soi, de trouver sa passion et de tenter de s’y rapprocher. Mais au-delà de la tendance, je crois percevoir un désir profond de revenir à l’essentiel, à la nature, au relationnel. Je ne sais pas si c’est un choc post-virtuel mais à force de remplacer les contacts humains par des Facetime, certains semblent blasés de cette façon de faire.

La technologie devait révolutionner notre ère mais on dirait qu’il n’y a jamais eu autant de solitude. Prendre le temps de voir nos proches en personne, de prendre de leurs nouvelles, d’échanger, de rigoler, sans nécessairement immortaliser ces moments en statut Facebook… Laisser de côté les gadgets pour revenir à ce que l’humain fait de mieux : partager. Car c’est dans le partage qu’on grandit, qu’on apprend à mieux se connaître, qu’on réfléchit à qui on est et ce qu’on aime et pense vraiment. Cette tendance à l’auto-analyse vient peut-être justement du fait qu’on a perdu ce réflexe d’aller vers l’autre et qu’on se sent vide.

Quand je regardais hier les images défiler sur mon fil d’actualité Facebook, j’ai apprécié voir plusieurs regroupements pour le Super Bowl car ce sont ces moments d’échanges autour d’un intérêt commun qui forment l’amitié et la force d’un groupe. Et je trouve que ces épisodes se font de plus en plus rares. Les gens sont très occupés par leur vie mais ne réalisent pas tout le temps perdu sur des futilités comme regarder ce qui se passe sur Facebook. Et pendant ce temps, on manque de belles occasions de s’ouvrir aux autres.

Je ne veux en aucun cas paraître défaitiste ou négative, j’aimerais simplement qu’on prenne quelques instants pour se demander vers quoi ça nous mène tout cela. Il n’y a pas une journée où je ne vois pas une personne texter au volant ou faire autre chose avec son téléphone, mettant en danger sa vie et celle d’autrui. Ce n’est pas parce qu’on appelle cela un téléphone intelligent que ça rend son utilisateur nécessairement brillant…

Et si on se donnait comme défi collectif d’être plus en contact avec les gens qui nous entourent, de passer quelques heures sans vérifier notre appareil, de sourire à au moins un inconnu dans une journée… Peut-être qu’on réaliserait tout ce qu’on perd à trop vouloir tout savoir sur la toile… Et tout à coup, on prendrait le pouls de la vie qui nous entoure et des opportunités qui s’offrent à nous. Entre vous et moi, le pire qui peut nous arriver, c’est d’être plus heureux, non?

 

Photo : Unsplash | Toa Heftiba

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