Avez-vous regardé l’émission Tout le monde en parle hier soir? Quel soulagement, cette discussion saine et posée sur les enjeux sociaux que nous vivons, collectivement, avec cette vague de dénonciations et ce sentiment d’inconfort généralisé. Un mélange d’impuissance et d’incompréhension perdure depuis un bout de temps et personne ne savait trop comment aborder la suite, j’ai l’impression. Voilà que le mouvement #etmaintenant naît des suites de ce tsunami : une initiative qui se veut inclusive et réconfortante, appelant à l’écoute, à la communication et à la réflexion.
Aurélie Lanctôt et Léa Clermont-Dion, ces deux jeunes féministes de plus en plus présentes dans nos vies, font partie du collectif de personnes à l’origine de ce mouvement. Et vous pouvez vous aussi vous joindre au rang de ceux et celles qui veulent que l’on discute et réfléchisse sur le après #moiaussi. Si vous désirez en savoir plus et signer, c’est par ici.
Une discussion, un échange sain et mature, voilà ce qu’il nous faut, voilà ce qui devrait nous permettre de passer à l’étape suivante, celle de la reconstruction. Car on va se le dire, ça a brassé, tout le monde, de tous les angles possibles. Mais j’espère sincèrement que chacun et chacune a repensé à ces comportements passés pour se demander : m’est-il arrivé d’être inadéquat?
Personne n’est à l’abri de dépasser les bornes et je pense qu’il ne faut pas tomber dans l’extrême jugement du moindre regard louche. L’important, selon moi, est d’être capable de se questionner, de prendre du recul, de discuter, de cogiter ensemble sur ce qui est bon et moins bon, ce qui est acceptable et ce qui dépasse la limite.
Quand j’entends des femmes dire qu’elles ont peur que tout cela tue le charme, j’ai envie de leur dire qu’elles n’ont rien compris. Aurélie Lanctôt l’a bien exprimé hier : on parle d’abus de pouvoir dans la dénonciation, pas de rapports homme-femme standards. Car toutes les situations dénoncées et dévoilées au grand jour ont en commun cette situation de pouvoir, d’abus et de silence forcé.
Et j’ai tendance à croire que la drague, le désir et le flirt seront exprimés de façon plus respectueuse maintenant, que ça amènera un vent de tendresse et de douceur dans les relations, ce qui me parait tout à fait sain et louable. Je ne vois pas en quoi c’est mauvais de vouloir être séduite de manière civilisée. La rudesse ne m’a jamais allumée, de toute façon, mais endurer les commentaires disgracieux finit par user. Si charmer se fait plus poétiquement, avec civisme et grandeur d’âme, on sera tous gagnants.
Appeler à la solidarité et rêver d’un monde meilleur est à mes yeux la réaction la plus juste à ce torrent de douleurs révélées. Et voir ces femmes porter le flambeau, s’allier et appeler à l’union des forces, dans le calme, la sérénité et le positivisme, c’est beau, c’est doux pour le cœur et ça fait franchement du bien.
Je n’ai pas envie qu’on s’arrache nos chemises, qu’on se chicane, qu’on se crie des noms pour trouver une solution. J’ai envie qu’on soit capable de s’asseoir ensemble, main dans la main, qu’on s’écoute et qu’on se dise ce qui passe et ce qui ne passe pas. Comment, en tant que société civilisée, est-on capable de grandir de cette épreuve, de comprendre, d’apprendre et d’évoluer dans ce mouvement?
S’améliorer, c’est la mission de tout humain sur terre. On peut et on doit le faire, individuellement, mais avec cette situation, on peut aussi choisir, collectivement, de se donner un élan pour devenir la meilleure version de nous-mêmes, comme peuple.
Photo : Unsplash | Nadine Shaabana