Mission accomplie

Brooke Lark

Nous sommes le 1er mars et j’ai accompli ma mission sobriété. Pas une goutte d’alcool depuis un mois. Ce n’est en rien un exploit mais j’avais envie de faire un petit post mortem de ce défi 2018, de constater les effets et de partager avec vous mes impressions. Car, même si ça n’a rien d’exceptionnel en soi, il n’en demeure pas moins qu’il y a de conséquences palpables de faire un tel exercice.

Tout d’abord : le sommeil. On ne le répètera jamais assez mais il y a beaucoup de sucre dans le vin et la digestion de l’alcool, et de toutes les composantes des boissons qu’on ingère, exige un travail ardu pour notre système pendant la nuit. On néglige souvent cet aspect et une fois l’effet de l’alcool dans notre corps, on ne veut surtout pas y penser et gâcher notre plaisir éphémère. Mais les lendemains de veille deviennent de plus en plus pénibles avec l’âge et ce n’est pas que momentané. Ça s’accumule inévitablement… Quand on ne boit pas depuis quelques jours, on sent déjà cet effet positif sur la qualité de notre sommeil.

Le système digestif… Ayant une maladie inflammatoire chronique de l’intestin, j’ai malheureusement une sensibilité plus grande mais le commun des mortels verra aussi son intestin, et autres organes, affectés par une consommation d’alcool excessive ou récurrente. Les principaux effets nocifs sont le ralentissement de la digestion, une irritation du tube digestif et, avec une consommation abusive, la possibilité d’une gastrite chronique. Combien de personne consomment des Zantac, Gaviscon, Pepto-Bismol et autres antiacides le lendemain d’une soirée bien arrosée? Ce n’est pas anodin…

L’énergie! Je suis une personne qui, à la base, profite d’une dose d’énergie quotidienne assez élevée. Et je n’ai pu que constater que de ne pas boire du tout pendant un mois a multiplié mon énergie. Quel bel effet n’est-ce pas? Je me lève d’un bond le matin, je peux attaquer des tâches colossales sans me fatiguer à mi-chemin, mes performances à la course reflètent aussi ce regain et j’ai surtout l’impression que c’est sans fin, que je n’arrive pas à vider le réservoir.

La conscience. J’ai longtemps cherché le mot pour ce volet et je ne suis pas convaincue qu’il est parfait donc je vais tenter de l’expliquer du mieux que je le peux. J’ai l’impression d’être plus allumée, alerte, consciente de ce qui se passe autour de moi. Comme si mes antennes étaient sorties d’un brouillard épais et que je voyais les choses à travers une vitre propre tout à coup. Ça apporte aussi son lot de prises de conscience… On se voit plus clairement, telle que l’on est, et ça aide à s’améliorer, sans vivre dans le déni ou s’anesthésier pour éviter d’affronter ses petits démons.

Est-ce que je vais poursuivre la sobriété totale? Surement pas (surtout que j’ai déjà une sortie prévue ce soir). Mais je sais que je vais boire autrement, que je vais prioriser la qualité à la quantité et que je vais devoir me trouver de nouveaux repères. Mais j’ai l’impression que je vais savourer plus et être moins compulsive dans ma consommation. C’est un choix maintenant assumé, qui remplace la compulsion qui me menait par le bout du nez.

Au nombre de personnes qui m’ont avoué qu’elles seraient incapables de faire le défi, je constate qu’on a une relation souvent ambiguë et malsaine avec l’alcool et que, loin des projecteurs, des plateformes officielles et des groupes d’entraide, il est possible de se questionner, de se positionner, de s’informer et d’aller chercher l’aide nécessaire pour comprendre notre besoin de boire. Le premier pas, c’est l’acceptation et collectivement, si on consomme mieux, on cohabite mieux. Il me semble que ça nous ferait du bien, tout le monde ensemble, de sortir du brouillard, non?

 

Photo : Unsplash | Brooke Lark