Changer. C’est comme devenu le mot populaire et l’instigateur d’une pression indue qu’on se met sur les épaules. Changer ses habitudes pour être en forme, changer d’emploi pour être plus heureux, changer de ville pour avoir plus d’espace, changer de pays pour aller voir ailleurs ce qui se passe, changer de vêtements pour se sentir mieux… Mais changer l’extérieur de soi sans se préoccuper de l’intérieur, ce n’est qu’un feu de paille, un truc éphémère avec un effet boomerang qui ne fera que, temporairement, calmer le tourment intérieur qui nous gruge.
Pendant longtemps, je fuyais mon moi-même. Pendant longtemps, j’essayais de combler mes vides et mes carences de milles et une (mauvaises) façons. Que ce soit les vêtements, le boulot, l’appartement ou même les amis, je vivotais pour ne pas ressentir. Mais ça m’a rattrapé, inévitablement. Et un jour, acculée au pied du mur, j’ai abdiqué, j’ai pleuré et j’ai décidé d’ouvrir le coffre intérieur pour voir ce qui s’y brassait de si douloureux.
Exercice laborieux évidemment mais ô combien salvateur quand j’ai compris que j’avais peur pour rien. Parce que ce qui m’effrayais tant était constitué en réalité des émotions refoulées et que, bien accompagnée, je pouvais, une à une les accepter et les calmer, apaiser ces angoisses handicapantes.
Alors changer, oui mais on doit avoir une base solide pour accepter le changement. Quand vous regardez autour de vous, vous trouverez surement des gens réfractaires à tout changement, des personnes qui se braquent systématiquement quand le moindre ajustement survient. Mais bien souvent, une telle attitude n’est que le reflet d’une peur intérieure, profonde et insidieuse. La peur de perdre sa sécurité et ses acquis, la peur de ne plus être à la hauteur dans le nouveau contexte. C’est simplement humain.
Quand on travaille sa base, on arrive à mieux accueillir le changement et à même le trouver sain. Survient un moment où on comprend qu’en restant toujours dans le même moule, on n’évolue plus, on n’apprend plus. Et ça nous ternit, ça nous empêche d’avancer, de grandir. Alors on change ce qui doit être changé. Sans trop craindre les bouleversements, en ouvrant son esprit et son cœur à ce que la vie nous apportera.
J’en parle ce matin car j’ai vu passer plusieurs articles et billets qui ressemblaient aux 10 commandements de la vie. Et ça m’irrite à chaque fois. Car, honnêtement, on fonctionne tous différemment et que la recette universelle n’existe absolument pas. On a notre rythme bien à nous et notre bagage qui teinte chacune de nos décisions et réactions alors comment peut-on prétendre détenir une technique parfaite pour tous?
L’important, au fond, c’est d’apprendre à se connaître et s’accepter. Prendre le temps de regarder en nous pour trouver ce qui nous distingue, nous qualifie, nous terrifie. Et se dire que tout cela, c’est bien ainsi, c’est parfait, c’est ce qui nous définit comme être exceptionnel, unique. Oui, on peut s’améliorer, creuser ses bibittes et les corriger une à une. Mais si à la base on ne s’aime pas, ça risque d’être plus ardu.
Pour changer, donc, il faut s’aimer assez pour accepter ce qui est, ce qui nous appartient et laisser aller ce qui ne nous aide pas ou ne nous aide plus. C’est parfois le plus difficile mais on finit toujours par comprendre que c’est ce qu’il y a de mieux. Et, à force d’expérimenter, on trouve le bon côté dans tout, on arrive à demeurer positif même dans les épreuves et à faire confiance à la vie.
Changer, on doit le faire pour soi. Pas pour séduire, pas pour combler les vides d’une autre personne, pas pour s’intégrer à une nouvelle clique. Car tôt ou tard, si on ne le fait pas pour les bonnes raisons, on se sentira coincé et ça risque de se refléter dans notre attitude. Mais quand le changement trouve son fondement dans notre âme, dans nos désirs, là, il nous propulse et on se sent léger comme une plume. Et ça, c’est une des sentiments les plus agréables qui soit…
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