Femmes, je vous aime

Matheus Amaral

Ce titre musical popularisé par Julien Clerc dans les années 80 m’a trotté dans la tête bien souvent. D’abord, pour cette voix unique qui perce et touche droit au cœur. Mais aussi pour ces paroles franches et belles. Et, en cette Journée internationale des droits des femmes, elle m’est revenue tout naturellement à l’esprit.

Parce non, ce n’est pas la journée de LA femme. C’est une journée pour nous rappeler le chemin parcouru, les batailles menées, les combats toujours en cours et surtout, cette inégalité frustrante et déroutante qui perdure et cette discrimination vicieuse qui blesse et détruit. Ce matin, dans La Presse+, on peut constater encore tout ce qui cloche : peu de femmes dans les postes de direction, baisse des femmes dans le milieu de la chanson…

Être une femme, c’est souvent devoir se justifier et se battre pour obtenir sa place dans un milieu d’hommes. Travaillant en informatique depuis maintenant 20 ans, j’ai vu et vécu bon nombre de situations où ma légitimité ou celles de mes collègues féminines a été mise en doute sur la simple base de notre sexe. J’ai la chance d’avoir un caractère fort et d’avoir hérité de cette fougue de mes parents. Mais ça n’empêche pas les commentaires douteux et les comportements misogynes de survenir. Et ça blesse, inlassablement.

La société est composée d’hommes et de femmes et toutes les sphères de la société devraient refléter ce fait. Point. Ce n’est pas plus compliqué que cela et on n’aurait même pas à en parler si ne perduraient pas des vieux relents machos des époques où les hommes dominaient. On est en 2019, ciboulette, alors comment se fait-il que ce soit encore si difficile de se faire respecter?

Avec le #MeToo et autres mouvements de solidarité, on pourrait croire qu’on avance plus vite mais malheureusement, le changement, ça fait toujours aussi peur. On n’a qu’à lire l’excellent billet de Mélanie Dunn pour comprendre qu’elle est profonde et pernicieuse cette tendance à vouloir qu’une femme agisse comme un homme si elle monte en échelon, dans un rôle de leader. On ne la prend pas telle qu’elle est, on lui demande de devenir quelqu’un d’autre.

Mais, malgré ce portrait parfois difficile à accepter, on peut regarder derrière et se consoler. Surtout, on peut utiliser ces avancements comme levier pour continuer de faire changer les choses. S’accepter comme on est me semble la première étape cruciale pour cela. Car, avant que quiconque nous juge, on se juge soi-même, on se remet en question et on laisse les vieux stéréotypes nous atteindre, nous perturber. On a un petit ménage à faire en soi avant tout.

Avant de partir au front et de lever le poing, est-ce qu’on s’est positionné, est-ce qu’on s’est questionné sur ce que nous, en tant que femme, en tant qu’être humain, on désire et à quoi on aspire? Le piège avec la bataille, c’est de se laisser mener sans réfléchir. Peu importe la cause, il ne faut jamais perdre de vue l’objectif et la raison profonde de notre implication.

J’aime être une femme, j’aime avoir cette force en moi mais aussi cette vulnérabilité. Et personne ne devrait se sentir coupable d’être qui il est, ni un homme, ni une femme. Alors pourquoi on ne tente pas juste de se laisser vivre et être soi, tout simplement? Il me semble que la vie serait plus douce et qu’on arriverait à plus de belles choses, ensemble, main dans la main.

Femmes, je vous aime. Comme vous êtes. Aussi variées et différentes que vous êtes. Joyeuses ou tristes, mère ou pas, dans tous les formats. C’est la diversité qui fait la beauté. Cessons de vouloir être une autre, soyons nous-mêmes. De cette acceptation jailli la beauté. Femmes, soyons belles, soyons nous.

Photo : Unsplash | Matheus Amaral

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