Un simple au revoir

Slava Bowman

Il n’y a pas si longtemps, quelques années à peine, je ne partais pas de chez-moi sans avoir vérifié les chemins à emprunter pour me rendre à ma destination ainsi que les possibilités de stationnement une fois sur place. Mon anxiété m’étouffait et me contrôlait au point que l’inconnu d’un lieu me donnait mal au ventre. Et c’est grâce à la thérapie que j’ai pu, avec le temps, calmer ce monstre intérieur pour apprendre à me faire confiance et, surtout, réaliser que personne ne sait toujours tout sur tout et que, dans le fond, c’est normal parfois d’être perdue.

Dans les prochains jours, je m’envolerai, seule, pour l’Italie. Sans plan précis, sans itinéraire ultra organisé. Je sais où je vais, je sais où je loge. Le reste, ce sera à l’instinct. Et, étrangement, ça ne m’effraie pas, ça ne me procure pas d’angoisses profondes ni d’urticaire. En fait, ça me libère, ça m’inspire et ça me permet de partir l’esprit ouvert et libre de contraintes.

J’avais ressenti, déjà, ce besoin lors de mon périple en Espagne sur le chemin de Compostelle. Cette envie irrésistible de décrocher de ma vie, temporairement. Un détachement nécessaire, salvateur. Aller voir ailleurs de quoi j’ai l’air, aller me tremper dans une mer de possibilités différentes. Tenter de me plonger dans un autre contexte pour voir comment je me sens.

Cette fois-ci, j’ai choisi une destination que plusieurs considèrent romantique et je me suis fait demandé souvent pourquoi j’allais visiter Venise, cette ville si charmante, sans compagnon de voyage. Probablement que, dans les raisons qui me poussent à faire ce choix, c’est qu’il y a une part de moi qui aime aller à contre-courant, je ne le cacherai pas. Mais aussi, parce que je sais qu’en y allant seule, je pourrai faire et voir tout ce que j’ai envie, sans influence, sans compromis.

Et parce que la lecture du roman Petite mort à Venise m’a bouleversée et imprégnée d’un désir profond d’aller me perdre dans ces canaux mythiques, calmes et historiques. Cette lenteur, ce passé chargé et cette vie aux antipodes de notre empressement quotidien m’appellent sans que je puisse concrètement expliquer pourquoi.

Mais ça aussi, je l’ai appris. Il n’y a pas toujours une raison logique, pragmatique. Un élan du cœur ne s’explique pas toujours en mots. Le ressenti vaut autant sinon plus qu’une explication raisonnée. Alors, je ne réfléchis pas, je m’écoute, tout simplement.

Je reviendrai sans doute chamboulée de mes découvertes comme à chacun de mes voyages. Je suis une grande sensible malgré mon métier d’analyste et ma fougue bien présente. Les monuments, les palais, les mosaïques viendront illuminer mon esprit et les bons vins, les plats savoureux et la chaleur du peuple italien sauront assurément me ravir.

Je pars confiante d’y trouver mon bonheur, de m’y sentir bien et d’être en mesure de savourer chaque minute de ces vacances bien méritées. Vous vous douterez que je prendrai une petite pause d’écriture « publique » pour me concentrer sur mes notes plus personnelles, mais c’est avec un immense plaisir que je vous retrouverai, plus inspirée que jamais à mon retour.

Soyez sages, mais pas trop, soyez vous-mêmes, dans vos couleurs, vos émotions et vos envies. Écoutez-vous, respectez-vous. C’est ce qui fait que le monde est bon et beau. Sur ce, je vous dis, arrivederci e ci vediamo presto.

Photo : Unsplash | Slava Bowman

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