L’art (presque) perdu de ne rien faire…

Robin Yang

Ralentir… Prendre le temps de faire les choses, de savourer le moment, de voir le temps passer et de sentir ce qui nous habite… J’ai parfois l’impression que c’est un art ancien, oublié et inaccessible. Aujourd’hui, on court, on performe, on veut en faire le plus possible dans le plus court laps de temps pour avoir le temps de faire autre chose… Mais quoi?

Hier, je suis tombée sur un article qui prône la lenteur, le slow life, l’art de ne rien faire… En introduction :

Moins travailler, moins consommer, mais mieux vivre, c’est le mouvement salvateur qui s’amorce partout dans le monde. Et si la slow life nous faisait gagner du temps ?

Avouez que ça interpelle, un dimanche à tenter de tout finir pour en pas avoir une semaine surchargée!

De par sa nature cool, le phénomène se popularise au rythme de la tortue, s’installe tranquillement, sans bousculer ni s’imposer. Comme l’eau qui se faufile entre les amonts de glace au printemps, le besoin naît dans le fond de notre âme, de notre cœur. On sent cette envie folle de ralentir et de prendre le temps de vivre notre vie qui va beaucoup trop vite.

J’ai partagé cet article avec quelques personnes de mon entourage et j’ai eu l’impression que tous ont lâché un grand soupir, comme si cela représentait le salut, l’objectif ultime. Triste constat mais sans surprise… On travaille tous pour assurer notre confort et pour ceux qui ont des enfants, la crainte ne pas avoir assez, ne pas pouvoir offrir plus, ne pas être suffisamment solide financièrement pour palier à toute éventualité envahie et tyrannise.

Mais au fond, qu’a-t-on besoin réellement? N’est-on pas pris dans ce cercle vicieux de travailler plus pour s’offrir plus et consommer pour combler le fait qu’on n’a pas le temps de savourer le moment présent? L’art perdu de ne rien faire est-il à ce point épeurant? Est-ce que, collés sur notre écrans, on a peur du vide devant nous, de ne plus recevoir d’alertes, de ne plus être au courant des millions de nouvelles dont nous sommes bombardés constamment? Est-ce là une illusion de contrôle et de sensation de vivre?

J’ai tendance à penser que tout cela n’est que du vent, qu’au fond, notre esprit est tellement occupé à absorber toutes ces informations qu’on en devient des handicapés du senti, des victime du brouhaha et surtout qu’on n’est même plus à l’aise avec le silence et le non savoir. Ne pas savoir ce qui se passe dans le monde pendant que l’on vit, ne pas être au courant des avancements au bureau, ne pas avoir accès à son horaire, ne pas recevoir les promotions, ne pas connaître les nouveautés technos…

Mais qu’est-ce que tout cela nous apporte au fond? On ne sait plus cultiver, on ne sait plus coudre, on sait à peine cuisiner (et je parle de vraies recettes complètes, pas de mélanger une salade en kit), on lit des articles de 500 mots, on perd des heures à chercher un film sur Netflix car l’offre est trop grande… Bref, notre vie, la vraie, on la vit quand au juste dans tout ça?

Je réfléchis beaucoup à notre rythme d’aujourd’hui, au besoin de se lever tôt pour avoir une place au stationnement incitatif, puis une place assise dans le métro, puis pour avoir la paix au bureau pour se concentrer un peu et avancer, pour ensuite courir toute la journée et terminer dans le même métro, épuisée et en ayant à peine l’impression d’avoir accompli quelque chose. On arrive, on soupe, on se divertit un peu, on se douche, on se couche et on recommence…

Pas réjouissant tout ça, hein? Mais il y a d’autres modèles, d’autres façons de vivre, d’autres intérêts… Est-ce facile de faire la transition? Surement pas quand je vois l’aversion de beaucoup d’employeur pour le télétravail… Mais tranquillement, le modèle change, les vies extrêmes exigent d’être créatifs et l’épuisement généralisé impose une prise de conscience.

Je vous invite à lire cet article mais surtout à prendre le temps de vous questionner sur votre situation. Au fond, êtes-vous heureux ainsi?

 

Photo : Unsplash | Robin Yang