Oh non, vilains esprits, je ne vous parlerai pas du désir entre humains, charnels et sensuels. J’ai plutôt envie de réfléchir au désir comme moteur de nos vies. Le désir de se dépasser, d’être une meilleure personne, le désir de relever les défis, d’être de bons parents. Cet aspect de nos vies nous permet d’évoluer et de vouloir faire mieux. Il est parfois intense mais aussi parfois complètement éteint. Et quand cette panne sèche survient, on se sent moche, notre estime de soi est au plus bas et on a l’impression qu’on ne vaut pas un clou. C’est comme si on avait un petit nuage gris au-dessus de la tête, comme dans les dessins animés de notre enfance.
Ça nous est tous arrivé un jour et malheureusement, je ne veux pas vous décevoir, mais ça risque fort bien d’arriver encore. C’est comme un cycle, une pause, un mal nécessaire… Car j’ai tendance à croire qu’il est parfois nécessaire d’être au fond du puit pour remonter, rejaillir avec plus de force et de vigueur. Sinon, notre égo prendrait trop de place et se lasserait croire que nous sommes au-dessus de tout.
Vouloir se dépasser, c’est sentir qu’on peut aller au bout de soi, plus loin encore. Que la limite actuelle peut être repoussée et que d’y aller nous permettra de voir plus grand, de respirer plus d’air, de se sentir plus léger. À l’intérieur de nous, dans le fin fond de nos trippes, il y a cette petite flamme qui brûle d’envie de vivre des expériences nouvelles pour qu’on se sente vivant et animé. On ne parle pas nécessairement d’exploit grandiose mais chacun, à sa juste mesure, à sa dose, peut se surpasser. Pour une personne très timide, ça peut être aussi banal que de sourire aux gens qu’elle croise. En période de grande angoisse, il m’est arrivé de devoir me forcer pour le faire alors je comprends très bien que ça peut exiger tout un effort.
Pour d’autres, ça peut être un marathon, un discours devant plusieurs personnes, un voyage en solo… Peu importe l’ampleur, l’important est d’aller un peu plus loin, de sortir de notre fameuse zone de confort.
Mais parfois aussi, on se rend compte que notre désir nous dirige à la mauvaise place, nous fait miroiter du bonheur éphémère. Le mirage dans le désert… Et avec un peu de recul, on se rend compte que c’est de la frime, qu’on n’aurait pas nécessairement trouvé une source d’énergie et que finalement c’est notre égo qui désirait être valorisé. Ça m’a pris des années à comprendre cela… Je crois que ça prend quelques trébuchages pour réaliser qu’il existe plusieurs sphères en nous et que chacune doit demeurer humble. Quand on est jeune, notre égo se nourrit de la moindre petite reconnaissance ou valorisation. Et plus on vieillit, plus on comprend que ce n’est pas ce qui nous définit.
Ce n’est pas dans le regard des autres que l’on vit, c’est dans sa propre estime de soi. Se coucher le soir et penser à ce que les autres voient en nous, ce n’est pas être heureux. Se coucher le soir, être satisfait de notre journée, de nos gestes et paroles, de l’amour partagé, des petits moments de bonheur… ça se rapproche de ma définition d’être heureux. Et avoir le désir que chaque lendemain soit aussi merveilleux, nous fasse grandir et découvrir de nouvelles facettes de la vie. Pour moi, c’est plus important que le regard de quiconque sur ma vie.
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