Hier soir, en rattrapant les nouvelles de la journée que j’avais omis de lire, je suis tombée sur l’article de Marie-Claude Lortie dans La Presse qui s’intitulait « Courir pour vrai ». Je me suis dit : encore un autre article sur la course à pied… un peu blasée… Mais finalement, comme j’adore cette journaliste, j’ai décidé de passer par-dessus ce jugement et de donner la chance au coureur (jeu de mots du jeudi matin trop tôt…).
Et fidèle à elle-même, Mme Lortie ne m’a pas déçu. En fait, elle m’a conforté dans mon sentiment de semi-écœurantite de la gratification à outrance de la course à pied et des exploits sportifs en général qui pullulent sur mon fil Facebook. Je n’enlève rien à mes amis et connaissances qui font l’effort de se tenir en forme et de se dépasser et depuis le temps, si vous lisez mes billets, vous savez à quel point je crois en le dépassement de soi et les défis que l’on s’impose à soi-même. Mais la surabondance de partage sur les réseaux sociaux en fait une épidémie gluante de faux succès.
C’est super de se remettre en forme, de faire un marathon, de dépasser ses limites et tout le tralala… Mais est-on obliger d’écœurer le peuple avec ça? Et dans notre entourage, ceux qui ont un problème de santé, sont dans une mauvaise passe et remettent en question leur vie, ceux qui n’ont pas le courage actuellement de se bouger les fesses pour toute sorte de raison… Sont-ils obligés de subir notre exposition prolongée d’exploits?
Et on le fait pour qui au bout du compte? Pour se vanter sur notre mur social ou pour réellement avoir le sentiment, à l’intérieur de nous, de fierté et de de légèreté? Et c’est non seulement une question d’exploits sportifs mais aussi, comme le relate cette chère Marie-Claude, une question de performance relative à toutes les sphères de nos vies. Et qui dit phénomène social, dit étude sur la société. Nous ne serons donc pas surpris de savoir que des chercheurs du département de psychologie de l’Université de Houston et d’autres de l’Université de Palo Alto se sont penchés sur le sujet.
Leurs études ne parlent pas uniquement de course ou de sport, mais de toutes les performances qu’on affiche sur Facebook. Regardez mes parfaits enfants ! Mon magnifique chien ! Mes vacances de rêve ! Ma maison top design et proprissime !
Et ce que leurs travaux ont détecté s’applique particulièrement aux questions sportives.
À la longue, on n’en peut plus.
« Les recherches démontrent que les gens se sentent déprimés après avoir passé beaucoup de temps à regarder Facebook parce qu’ils se sentent mal en se comparant aux autres », lit-on en conclusion.
Ben voilà… Aucune surprise! Enough is Enough! Ça suffit le beurrage de « je suis donc ben bonne de faire mon 5 km après ma journée de travail éreintante » en plus des photos de petits plats mijotés maison, des cours de violon du plus jeune et du cabanon fait de bois de palette recyclé…
Et j’ai embarqué par moment moi aussi dans ce manège, non sans perplexité mais quand même!
Et dans cette même soirée d’hier pendant laquelle je flânais virtuellemment… j’ai été frappé d’un coup sec… Une blogueuse que j’apprécie a écrit un magnifique article dans le Journal Métro, criant de vérité et de sincérité, qui replacerait le plus froid des humains… Lydiane St-Onge a vu la réalité la frapper de plein fouet quand un appel anodin à une amie lui a rappelé que la vie de tient qu’à un fil. Son amie lui a annoncé le décès de sa mère, une femme rayonnante qui allait prendre sa retraite pour profiter de ses années de dur labeur au travail…
Je ne saurais mieux m’exprimer que l’auteure donc je vous insère un passage marquant de l’article, tout en vous invitant à le lire en entier et à méditer sur le sujet :
Nous aurons toujours une panoplie de raisons qui justifient le manque de temps. Et si on passait à côté de quelque chose en travaillant comme des fous, en mettant une grosse partie de nos économies dans les REER, pour espérer avoir une belle retraite en ne sachant même pas si nous allons pouvoir en profiter? Et si le monde qu’on s’est créé est finalement juste rempli de fausses urgences quotidiennes, qu’on se met une pression inutile pour atteindre telle position dans l’entreprise, tel statut social, pour acheter telle maison, avoir tel salaire… Et si tout cela était complètement faux?
Et si on revenait à la source, aux choses simples… Comme cette balançoire qui à sa manière nous procurait tant de plaisir et de sentiment de liberté quand nous étions petits…
Bonne journée et prenez soin de vous et de vos proches xx
Article du Journal Métro :
http://journalmetro.com/opinions/lydiane-st-onge/845522/le-moment-present
Article de Marie-Claude Lortie dans La Presse :
http://plus.lapresse.ca/screens/248e6862-b736-4364-bee3-d255d1deea49%7C_0.html
Photo : Unsplash | Aaron Burden