Posts published on "septembre 2015" — Page 3

Des fondations solides

Mathieu Turle

Ces derniers temps, j’ai l’impression d’avoir coulé mes fondations, d’avoir délaissé ma maison mobile et d’avoir enraciné ma structure, solidement et patiemment. D’avoir travaillé suffisamment fort sur moi pour que ma base soit en place pour un bout de temps, qu’elle résiste mieux aux tempêtes et me permette de construire ma vie, pièce après pièce, un étage à la fois.

J’ai longtemps sentie ma base « chambranlante », toujours à l’affût de la moindre tempête qui allait arracher des morceaux, laisser des traces de son passage sur mon être fragile, disloquer mon équilibre.

Mais heureusement, quand on travaille sur soi et qu’on avance, contre vents et marées, qu’on s’acharne à se comprendre et se connaître, qu’on donne le temps au temps… On finit par récolter le fruit de notre labeur et s’enraciner.

Connaître nos défauts, nos limites, nos qualités et nos atouts… Ces éléments essentiels à toute fondation durable. C’est comme le mortier, ça soude les éléments ensemble. Et ça sert de repère quand on se sent partir à la dérive, d’ancre pour nous garder attachée au port.

Pendant des années, l’anxiété m’a empêchée de me sentir moi-même, m’enfermait sous une carapace dure et inébranlable alors qu’à l’intérieur le séisme rugissait. Et quand je croyais avoir trouvé une bouée, elle me glissait des mains et je replongeais. Un perpétuel tourbillon que je ne comprenais pas et qui me remuais les « trippes », à m’en rendre malade parfois.

Et je ne comprenais pas que le réel sauvetage viendrait de l’intérieur. Je ne voyais pas qu’à force de semer petit à petit les graines de mon estime, un jour je me sentirais épanouie.

J’ai lu beaucoup, consulté une psy et même vu un voyant. Chaque rencontre, chaque lecture a laissé inconsciemment des traces, a ajouté sa part à ma fondation. Au fur et à mesure les morceaux ont fini par se souder ensemble et sans que je m’en aperçoive, la base était bien là, solide, définie et ancrée. C’est en levant la tête qu’on constate le chemin parcouru, en regardant derrière, devant et dedans…

Être capable d’écrire tout cela aujourd’hui est une étape, un accomplissement, un carrefour. La route continue et je sais pertinemment que certains bouts seront comme un chemin de terre mais j’ai appris que ces épisodes sont nécessaires et surviennent pour nous apprendre quelque chose. Si la route était tjrs belle, comment grandirions-nous? Je dis souvent que ça prend des moments plus durs pour apprécier les tendres. Si la route était toujours lisse et sans encombre, comment pourrais-je continuer d’évoluer, de me solidifier? C’est en se confrontant à des moments plus durs qu’on peut constater la beauté de notre force. Quand tout va bien, on a tendance à prendre pour acquis ce que l’on a, on a l’impression que rien ne peut nous atteindre. Puis un matin, une petite épreuve se met sur notre route pour nous rappeler que ce n’est jamais fini et qu’on doit perpétuellement tenter de s’améliorer.

Avant, quand ça n’allait pas, je bougeais, je déménageais littéralement… Comme si changer l’environnement extérieur allait balayer les soucis, comme si j’allais jouer un tour à la vie. Mais j’ai compris que c’est elle qui mène le bal et que de m’épuiser à tenter de lui jeter de la poudre aux yeux ne faisait que me drainer moi-même, m’anesthésier en quelque sorte au lieu de ressentir.

Alors aujourd’hui, je commence ma journée en écrivant sur ce blogue pour toujours ressentir, le bon comme le mauvais. Et ça me rappelle que j’ai parcouru un bon bout de chemin. Et que même quand ça va mal, quand je me sens dans le brouillard… Je sens. Et c’est beaucoup mieux que de fuir.

 

Photo : Unsplash | Mathieu Turle

Changer pour évoluer

Joe Beck

Le changement…

C’est quelque chose qui nous frappe de plein fouet ou qu’on planifie minutieusement… C’est un hasard de la vie ou une marche que l’on monte vers l’inconnu. C’est parfois une lumière au bout d’un tunnel sombre, parfois un petit vent de fraîcheur qui nous surprend agréablement…

Comme l’a si bien enseigné Bouddha :

Il n’existe rien de constant si ce n’est le changement.

Certains en ont peur comme la peste, d’autres l’embrasse comme un cadeau de la vie.

À certains moments, le changement nous amène complètement ailleurs et d’autres fois il nous rapproche de ce que l’on est vraiment, de ce qui nous ressemble.

Le changement peut être salvateur, souffrant, libérateur, violent, doux, profond, superficiel… Il existe autant de type de changement que de type d’humain. Mais il survient souvent quand on ne s’y attend pas vraiment. On y pense, on en rêve, on le craint, on le fuit… Dans toute une vie il nous aura fait autant rire que pleurer…

S’il est une chose dont on soit sûr, c’est qu’il y en aura d’autres. Et c’est tant mieux! Si on contrôlait tout et pouvait décider de ne pas changer, je n’ose imaginer toutes les belles rencontres, les opportunités d’évoluer et les prises de conscience que j’aurais manqués. Grâce au changement, je suis qui je suis et c’est parfait ainsi!

Mais parfois je réfléchis à ma réaction à certains changements survenus dans le passé et je réalise que la peur a par moment, dominer ma prise de décision. Comme dans bien des sphères de la vie, plus on vieillit et gagne en maturité, plus on apprend de nos erreurs et plus les choses se font naturellement, ou du moins dans un état d’esprit moins tourmenté. Avec le temps, on apprend à se connaître, nos choix sont plus alignés avec notre essence et les changements perturbent moins notre vie. Ou peut-être être simplement que nous accueillons mieux ces perturbations? Qu’on en mesure mieux les impacts?

Et si finalement c’était qu’on attirait simplement de « meilleurs changements »? On dit souvent que quand on commence à changer nous-mêmes, tout autour de nous se met à changer aussi, à entrer dans la danse et à suivre notre rythme. Peut-être est-ce simplement que nous maîtrisons mieux les pas de cette valse? Que nous sommes plus connectés avec notre propre cadence?

Chose certaine, pour ma part, j’aime le changement. En fait, après quelques années de « stabilité », l’envie de bouger me prend. Et cela m’a pris des années à l’accepter et à arrêter de me sentir « anormale ». Je suis comme je suis… j’aime le changement, j’aime le risque, les sauts dans le vide, être déroutée, prise par surprise, me projeter en dehors de ma zone de confort.

Vous savez, c’est comme lorsque l’on est assis trop longtemps à la même place et qu’on a l’impression de ne plus avoir de position… Ma vie est parfois comme ça. Rien de maladif, on s’entend! J’ai parfois douté qu’il s’agissait d’une fuite quelconque. Mais finalement j’ai compris que c’est dans ma nature, tout simplement.

Des changements sont en branle, d’autres surviendront, encore et encore. Et c’est ce qui me nourrit et me fait grandir. Rencontrer de nouvelles personnes, voir de nouveaux lieux, découvrir de nouvelles façons de penser. N’est-ce pas stimulant tout ça?

Mais à travers tous ces changements, une des décisions que j’apprécie le plus, c’est ce blogue, qui me permet de m’exprimer et de partager mes humeurs et coups de cœur. Et si ça plaît, tant mieux! Moi, ça me fait du bien 🙂

Photo : Unsplash | Joe Beck

La reconnaissance au travail

Reconnaissance

Ces jours-ci, je réfléchis beaucoup sur la nature humaine, particulièrement dans un contexte de travail. Et j’ai la vague impression que les gens ont perdu un peu l’essence du travail d’équipe. Je vois de plus en plus de gens travailler pour leur propre égo, constamment à la recherche de la promotion qui le fera paraître plus important, du petit bonus qui leur vaudra le voyage tant désiré.

Mais à tant vouloir chercher plus, ces gens ne profitent plus de ce qu’ils ont et surtout, ne connaissent même plus leurs collègues et employés. Il me semble que la solidarité et la reconnaissance sont des valeurs qui manquent dans cette société axée sur la compétition et l’art de bien paraître. Pourtant, bien des études le démontrent, entre un meilleur salaire et une réelle reconnaissance de leur travail, bien des gens vont opter pour la valorisation de leur travail.

Je lisais dernièrement un petit livre sur l’art de la reconnaissance au travail par les gestionnaires et je constatais tristement que cette pratique ne trouve pas beaucoup d’adeptes. Pourtant, l’ayant moi-même expérimenté par le passé dans des rôles de gestion, s’intéresser à ses employés, prendre le temps de les comprendre et de les féliciter de leur travail crée une synergie inégalée et permet d’obtenir le plein rendement de ses ressources. Comment pensez-vous que vos employés agiront si vous ne prenez jamais le temps d’apprécier leurs efforts?

Il est bien dommage de constater cette pénurie d’intérêt car avec tout ce qui se passe dans le monde, une petite tape dans le dos au travail peut être le petit élément qui nous permet de supporter le reste. Et ce qui est paradoxal, c’est qu’on a tant parlé des enfants rois, ceux qu’on a trop valorisé et qui peinent à s’adapter au travail où justement ils sont si peu encouragés.

J’aimerais entendre plus souvent parler autour de moi d’histoire de gestionnaires qui réussissent à motiver leur équipe, à faire une différence dans l’entreprise avec une approche humaine et valorisante. Il n’est pas nécessaire d’aller dans l’excès mais reconnaître la contribution exceptionnelle d’une personne sur un projet ou dans son équipe illuminera son regard et incitera les autres à faire le petit effort supplémentaire. Affirmer devant les autres qu’une personne a contribué à améliorer un processus ou le rendement de l’entreprise ne créera pas une esprit de compétition comme certains peuvent le penser. Cela favorisera le respect et le désir de se dépasser, deux éléments très recherchés en entreprise.

Pensez aux entrepreneurs inspirants de notre époque. Qu’ont-ils en commun? Ils transpirent cette assurance mais surtout, ils reconnaissent le travail de leur équipe.

Alors pourquoi ne pas tendre l’oreille et ouvrir les yeux sur la qualité du travail autour de nous… Ça vaut beaucoup mieux que de chercher les bibittes selon moi…

 

Journée mondiale de la prévention du suicide

AQPS

Parfois, quand on pense à notre vie, on revoit des moments qui nous sont arrivés, et on se trouve privilégiés d’avoir été épargnés par certaines épreuves. En constatant ce matin que le 10 septembre est la Journée mondiale de la prévention du suicide, je me suis trouvée bien bénie de ne pas avoir été confronté à ce geste de détresse dans mon entourage. Je connais bien une ou 2 personnes qui ont atteint le bord du précipice mais personne qui a mis fin à ses jours. Ce doit être terriblement souffrant de constater qu’une personne que l’on aime n’a vu dans la vie aucune possibilité d’aller mieux, plus rien à quoi s’accrocher.

Je ne connais pas grand-chose sur le sujet et je n’émettrai pas d’opinion car il faut selon moi avoir étudié le dossier pour pouvoir se prononcer. Mais ce que je sais c’est qu’on doit y penser, ne pas se mettre la tête dans le sable et écouter ce qu’on à dire ceux qui travaillent d’arrache-pied pour comprendre cet état d’esprit et nous sensibiliser aux petits gestes. Car c’est parfois un petit geste je crois qui nous permet de changer le cours d’une vie. Il y a encore tant de tabous et de préjugés sur le sujet et je ne m’embarquerai pas dans un discours théorique mais j’aimerais plutôt que les gens ouvrent leur cœur quelques instants, et à 20 h ce soir, posent ce petit geste de solidarité en allumant une chandelle.

Car l’association québécoise de prévention du suicide nous invite à cet « événement » virtuel, sur Facebook : Le 10 septembre, allumez une chandelle pour la prévention du suicide. Une action simple pour démontrer votre appui à la cause, en souvenir d’un être cher et pour tous les endeuillés par suicide. Vous pouvez partager la photo de votre chandelle sur la page Facebook de l’événement.

En lisant le slogan de l’association, j’ai eu beaucoup de respect et d’empathie pour ces gens qui luttent chaque jour pour éviter de des gestes fatidiques soient posés.

Croire. S’engager. Changer.

3 mots si simples mais qui forment une combinaison d’espoir.

À l’échelle mondiale, on estime qu’un suicide a lieu toutes les quarante secondes et une tentative toutes les trois secondes, ce qui correspond à un million de suicides chaque année. C’est plus que l’ensemble des personnes tuées par les guerres et les catastrophes naturelles. À cela s’ajoute dix millions de nouveaux endeuillés. La Journée du 10 septembre vise donc à sensibiliser nos communautés à l’ampleur du problème et aux façons de le prévenir.

Je n’ai rien à vous apprendre sur le sujet ni d’histoire à raconter. J’ai seulement envie de chacun pense à sa vie, à ses proches, et pose ce petit geste qui peut faire une différence. Vous ne savez jamais quand la vie peut vous projeter dans un tourbillon négatif et c’est important d’appuyer les ressources présentes pour les gens en difficulté. Car un jour, ça peut aussi être nous.

Site de l’Association québécoise de prévention du suicide

Photo : page Facebook de l’Aqps

Accepter ses petits défauts

Être heureux

Quand on parle d’imperfections, on pense à prime abord à nos défauts physiques, à ces parties de nous que l’on préfère cacher. Ou encore à ces traits de notre caractère qui nous font parfois réagir plus qu’on ne le voudrait. Et on a parfois l’impression que nous sommes pires que les autres, qu’on a plus de petits travers, qu’on devrait tellement travailler sur nous pour s’améliorer… Mais ce qu’on ne réalise souvent pas c’est qu’on est tous ainsi, on croit tous être pire que les autres, que le jardin du voisin est tellement mieux. À force de se comparer on finit par ne plus être en mesure d’apprécier et de voir nos qualités. On n’est même plus au stade de voir le verre à moitié vide ou plein, on ne voit que les petits défauts du foutu verre!

À force de discuter avec les gens, je réalise à quel point on est exigeant avec soi-même. Oui, on se fait bombarder d’images de corps parfait, de famille parfaite, de maison parfaite… Mais on se laisse imprégner de tout cela, on se laisse influencer sans réfléchir. Et au fond de nous, on sait pertinemment que ce n’est pas tout cela qui nous rendra plus heureux. Il y aura toujours quelque chose qui viendra ternir le portrait parfait à nos yeux car on porte notre attention sur ce qui détonne de notre modèle. Mais c’est justement ce modèle qu’on nous à forcer d’adhérer qui fait défaut, qui jure avec la vie!

Il y a bien quelques exemples inspirants de gens qui ont pris la décision de sortir du modèle rigide pour s’accepter tel quel, pour vivre en marge de la société de consommation surfaite qui remplit nos marges de crédit. Mais ceux que je connais ont souvent l’impression d’avoir à se justifier constamment et je présume que cela peut devenir un peu pénible. Et encore là… A-t-on besoin d’aller dans les extrêmes? N’y aurait-il pas un juste milieu où des moments de folie viennent teinter une vie plus assumée?

Personnellement, je sais pertinemment que je ne serais pas plus heureuse après un lifting ou de faux seins… Mais je réalise que je suis entourée et bombardée d’image de corps parfait qui constamment me rappelle que Photoshop fait des miracles et que même si je travaillais dans un gym et faisais un bac en nutrition, je n’y arriverais probablement jamais. Car j’aime manger, boire et profiter de la vie. Et que vivre dans la privation extrême me donnerait peut-être un corps à rendre jalouse bien des femmes mais ma tête elle souffrirait d’un ennui mortel. Savourer un bon bordeaux, déguster une tarte à la lime et me prélasser au soleil font partie de mon équilibre. Je suis pleinement consciente que je devrai vivre avec les « conséquences » de ces écarts mais justement… on considère le tout comme des écarts car le « modèle » nous dicte de se nourrir de salade (bio) et de faire du sport dès que l’occasion se présente.

Si je devais arriver à 70 ans avec un corps impeccable en m’étant privée toute ma vie, je suis persuadée que je regretterais de ne pas avoir profité au maximum de ces belles années. Regarder au-delà des imperfections… Dans mon esprit, ça sonne comme un lâcher-prise, sain et senti. Et dans cette réflexion se greffe la connaissance de soi. Car quand on se connaît, on comprend mieux ce qui nous rend réellement heureux, ce qui résonne en soi et qui nous donne ce sourire contagieux. 🙂