Être une femme en 2015…

Brian Mann

Hier se déroulait l’annonce du nouveau Conseil des ministres qui se veut paritaire et diversifié, comme le qualifie Radio-Canada. J’ai lu beaucoup de commentaires sur le fait que certaines femmes semblent sorties de nulle part, qu’il y a des nominations surprenantes, que c’est audacieux et risqué…

Et je me suis dit : combien d’hommes au parcours atypique se sont retrouvés au fil des années dans des postes de ministre sans qu’on en fasse tout un plat? Et combien d’hommes chevronnés se sont royalement plantés dans leurs fonctions malgré ce qu’on avait prévu? Doit-on obligatoirement avoir un parcours sans faille et prévisible pour atterrir sur un siège de ministre?

Je ne suis pas particulièrement fan des libéraux mais hier, j’étais fière de voir que Justin Trudeau a pris des « risques » et a tenu sa promesse de parité. Parce qu’il est temps que quelqu’un mette la table à une représentation fidèle de notre société à la tête de notre pays. Parce qu’on va se le dire, 50% de la population est composée de femmes alors à mes yeux, c’est juste normal qu’on ait la même chose pour décider d’où ou s’en va. Et ce n’est pas une question, c’est une affirmation… Aucune hésitation, aucune tergiversation. C’est ça qui est ça comme on dit…

Ce qui m’attriste c’est qu’on va juger Justin Trudeau sur ces choix, qu’à chaque fois qu’une femme fera une mini erreur, on va la critiquer haut et fort alors que si un homme avait fait la même chose on aurait juste trouvé ça normal, que les faits et gestes de chacune seront scrutés à la loupe pour trouver les fêlures et surtout, qu’on analysera tellement leur image que ça en deviendra une obsession…

Car quand on regarde le traitement accordé à Mme Lise Thériault, on sait ce qui attend nos nouvelles ministres fédérales… Lisez les commentaires de mesdames Jérôme Forget, Normandeau, Courschene et même l’opinion de Jean Charest dans la Presse+ de ce matin. Ça va brasser pour elle et ça a toujours été comme ça. Parce que ça dérange, parce que c’est un monde d’hommes… Dès qu’une de celles-ci aurait les traits tirés, aurait l’air le moindrement fatiguée, on dira qu’elle n’est pas fait pour ça. Alors qu’un homme, on n’y penserait même pas…

On parle d’égalité homme-femme comme si c’était un dossier réglé mais il existe bel et bien encore un fossé, un plafond de verre ou appelez ça comme vous voulez mais il y a encore aujourd’hui quelque chose de pas réglé, quelque chose de vieux jeu, de poussiéreux, d’archaïque dans cette façon de voir les postes de décision. Il faut avoir un sacré caractère et une carapace très épaisse pour s’attaquer à ces positions stratégiques en tant que femme. Et ces nouvelles nommées ont toute ma reconnaissance, mon appui et ma compassion et chose certaine, je montrai au front pour défendre leur place tant que ce sera nécessaire. Je n’ai peut-être pas l’ambition de m’asseoir un jour sur un siège au à la Chambre des communes mais j’ai l’ambition et l’espoir de participer à la reconnaissance officielle de la place des femmes à la tête d’entreprises, sur les CA et au sein de notre équipes dirigeantes, provinciale et fédérale.

Mesdames : merci de tracer la voie!

 

Photo : Unsplash | Brian Mann

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